…L’heure est grave à Ait R’gad. Tayazid n at Belqasem, celle qui a quasiment élu domicile à Tajmayt, est mal en point. Tous l’ont constaté. Le volatile titube gar ablad d wayed. Sadiya n l’euro jure l’avoir vu éternuer. Une chose est sûre : son bec coule. Le lien est tout de suite fait avec la grippe aviaire. C’est la panique, Kulec est relégué au second plan. Toutes les turpitudes électorales sont rangées de côté. Enfin, presque toutes, puisque le candidat du grand Akabar yeffures tagnitt pour promettre : «Une fois élu, j’éradiquerai la grippe n tyuzad et même, pourquoi pas, le virus n Sida.». Yehma lkundida, ikemmel-as remdan : «La crise n’ le Moyen Orient ad tt-rigligh. L’Irak d’ la Birmanie aussi…»
Deg wemrah, Cabha n at Belqasem essaie de calmer timghrarin : «Aheq sidi ccix que tayazit-nnegh n’est pas en danger. Je vous le dis : d buchid i tehlek!»
La jeune fille des At Chalal, elle, n’est pas d’accord. Son point de vue est alarmiste : «Ala, macci d buchid, d SIDA n tyuzad !»
Le neveu du vieux Dezdeg qui vit di taddart trouvait que peut-être d sseh, que peut-être les mœurs légères n tiyuzad n At R’gad xelqent-d le H5N1. D’ailleurs, l’autre jour, il avait surpris tayazit n at belqasem en train de copuler avec un coq S.D.F. Maintenant qu’il y pense, il se souvient l’avoir vue, achal n tikkal, aile dessus elle dessous avec iyuzad n tuddar-nniden. Ils ne se contentaient sûrement pas de déambuler à travers lexlawi. En plus, iyuzad ur ttaran ara iqaciran mara mmihnacen avec les poules… Pour le neveu, dayen c’est l’apocalypse.
Ccix Mohand, le responsable du comité du village s’est sérieusement documenté sur le sujet et est franchement inquiet par le H5N1. Il convoque taddart à un conclave extraordinaire pour étudier la possibilité d’acquérir un vaccin. Un télégramme est sur le champ envoyé au grand-père Dezdeg et autres notables d’Ait R’gad résidant de l’autre côté de la Kabylie.
T.Ould Amar
t.ouldamar@yahoo.fr
*chronique publiée (ramadan 2005)
