L’enseignement ou l’amour du métier

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Souvent, l’enseignant vit une déplorable déchirure mais reprend très vite, car l’enfant ou l’élève dispose de cette innocence, voire de virginité intellectuelle qui préoccupe et occupe l’enseignant. C’est du moins ce que l’on a remarqué, il y a de cela quelques jours à notre visite dans un lycée à Tizi Ouzou.L’exemple de M. Bouzefrane que des générations de lycéens ont eu à pomper le maximum de connaissances en langue française, cette langue de Voltaire, M. Bouzefrane la dispense avec beaucoup de conviction et d’abnégation, depuis 34 années d’activité.Son parcours est jalonné de succès mais surtout de ce pouvoir de pénétrer les consciences des jeunes élèves, tous cycles confondus, puisque ses débuts de service remontent aux années soixante-dix.D’abord instituteur pendant sept ans, à travers presque la totalité des écoles de la ville des Genêts (Gambetta, Carrière…), pour enfin s’installer comme directeur dans un sympathique village de la Kabylie maritime à Azeffoun.D’ambitions en ambitions, M. Bouzefrane réussit une ascension des plus honorables, dans ce dur métier d’enseignant. Passé PEM après des stages itératifs, major de promotion, il réussit une promotion pour faire l’ENS à Alger pour décrocher une licence en langue française.Depuis septembre 1982, il assurait sans cesse ses cours au nouveau lycée de Tizi Ouzou qu’il n’a jamais quitté par fidélité à la ville, aux élèves et à tous ses collègues.Toutefois, M. Bouzefrane nous révèle la régression du niveau des élèves d’année en année, mais rassure que des enseignants s’évertuent à maintenir le cap quelles qu’en soient les conditions. Il cite pour illustrer, deux élèves Hanoun et Iddir qu’il a encadrées et proposées à un concours national, organisé par le ministère de l’Education, sur la maîtrise de la langue française.Ces deux élèves ont réussi aux épreuves wilayales et régionales, en attendant l’étape finale dont les résultats ne sont pas encore rendus. Quoiqu’on dise, nous avons subi une politique mais sans trop de dégâts, dès lors, que le niveau de ces deux filles de Tizi Ouzou peut être compétitif même en France.M.Bouzefrane, avec ses 34 ans de mission dans ce secteur névralgique, d’où il a tiré beaucoup de choses et planté d’autres, se dit optimiste quant à la mise en branle d’une réforme constructive et rationnelle, pourvoyeuse de savoir et de progrès. Loin s’en faut, d’esprit libre, ouvert et communicatif, M. Bouzefrane propose des changements de fonds et étaye sa vision sur Diderot qui disait se conformer à la nature, car cette dernière exécute des mutations sans interruption et que les changements doivent être soumis seulement à la raison.M. Bouzefrane, la soixantaine atteinte, est en passe de tirer sa révérence, si bien que c’est à cet âge que les meilleurs services sont possibles.Dans une chaleur très conviviale, deux réceptions de fin d’année avec ses élèves sont organisées. L’une s’est tenue au lycée, l’autre, à son tour, a invité les 28 élèves à son domicile. Ce type de tradition doivent se réinstaurer pour apprendre à vivre dans une sociabilité humaine dans la famille de l’éducation.Ce sera des atouts en amont qu’il faudra maîtriser pour que l’école mène à bien ses missions de développement intellectuel et éducationnel. En un mot, pour qu’elle soit la digne matrice de l’essor du pays.

B. S.

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