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Belkhadem et Soltani ministres d’Etat… partisans

Les débats à l’assemblée nationale autour de la déclaration de politique générale du gouvernement qu’on croyait superficiels se sont avérés apparemment réels au vu des dernières sorties publiques de deux chefs de partis de l’Alliance présidentielle, à savoir Abdelaziz Belkhadem et Aboudjerra Soltani qui, loin d’assumer publiquement les options prises par Ahmed Ouyahia et son Exécutif, s’attaquent systématiquement à toute entreprise du gouvernement. Loin de constituer une surprise, le chef du MSP est revenu, encore une fois, à la charge pour critiquer le gouvernement où siègent 5 de ses militants sur des questions relevant notamment de l’éducation et même du domaine social, puisque Soltani et ses députés crient sur tous les toits que « le programme du gouvernement ne s’est pas concrétisé sur le terrain de la réalité ». Pis, Aboudjerra Soltani, devenu ministre d’Etat par la « grâce de l’Alliance présidentielle », comme il l’a dit lui-même lors d’une récente conférence de presse, veut déverser sa colère « sur les institutions qui ont fait le choix de supprimer la charia de l’enseignement secondaire ». Ce sont donc là des paroles d’un ministre d’Etat qui sont adressées à des institutions de l’Etat, à commencer par le président de la République qui a initié ce changement.Les réactions les plus contradictoires et qui ont, cependant, choqué l’opinion publique sont celles de Abdelaziz Belkhadem et de ses secrétaires nationaux qui n’ont aménagé, durant le week-end dernier, ni Ahmed Ouyahia, ni Abdelaziz Bouteflika, qu’ils n’ont pas cité nommément pour laisser penser à d’autres boucs émissaires. Le sujet est bien choisi pour ne pas froisser les plus redoutables. Le secrétaire général du FLN a défendu ses élus locaux qui ont été cités dans des affaires de corruption en clamant que « c’est une chasse aux sorcières ». Pour lui et le troisième homme de l’Etat, Amar Saïdani, l’actuel président de l’APN, il s’agit d’une « campagne électorale anticipée » que le RND serait en train de préparer en « discréditant les élus et les maires du FLN ». C’est une réponse claire aux récentes arrestations opérées, notamment dans la wilaya de Blida, dans plusieurs milieux d’affaires accusés de corruption. Au moins six maires FLN sont suspendus dans ces affaires par le ministère de l’Intérieur. Il est cependant utile de rappeler que le récent réveil de la justice a été ordonné par le président Bouteflika au cours d’un Conseil des ministres où il a donné des instructions fermes au ministre de la Justice d’accélérer le traitement des affaires liées à la corruption. Mais à quoi jouent justement Belkhadem et ses compagnons ? Quel est le sort de l’Alliance présidentielle après toutes ces critiques adressées au chef de l’Exécutif et, partant, au président de la République qui lui a renouvelé sa confiance ? Ce sont là, en fait, les prémices d’une dislocation, ou du moins, de la fragilisation de l’Alliance présidentielle qui, au lieu de renforcer l’assise du gouvernement la fragilise de l’intérieur.Sans réserve aucune, les deux ministres d’Etat s’adonnent à des critiques publiques acerbes contre le gouvernement auquel ils siègent. Ils font publiquement ce qu’ils ne peuvent faire en Conseil des ministres, comme l’a laissé entendre Ahmed Ouyahia devant le Parlement lorsqu’il a invité ces partis à « parler en Conseil des ministres s’ils ont des choses à dire ». Mais dans tout cela, c’est l’action de l’équipe gouvernementale qui est bloquée même si beaucoup de chantiers attendent la réalisation.

Ali Boukhlef

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