92 milliards pour sortir la pêche de l’ornière

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L’activité s’articule autour de deux grands axes, à savoir la pêche des chalutiers destinée à la capture du poisson blanc (rouget, merlan…) et la pêche des sardiniers dédiée à la capture du poisson bleu (sardine, bonite…). Le poisson bleu représente 95% des prises, évaluées annuellement à 3 000 tonnes. Une capture très en deçà de la demande, d’où une disette poissonnière et une envolée des prix des fruits de la mer. “Nous comptons doubler la production pour satisfaire la demande et rendre le poisson accessible”, nous dira, ambitieux, Nadir Adouane, directeur de la pêche et des ressources halieutiques. Tout a commencé en 2005, avec la réalisation d’un terre-plein à la sortie du tunnel Sidi Abdelkader, histoire de désengorger le petit port de pêche arrivé à saturation et interdisant de ce fait, toute injection de nouvelles embarcations.

Les travaux d’extension qui ont coûté 50 milliards de centimes ont permis de disposer de trois nouveaux appointements. Il s’en est suivi le renforcement de la flotille de pêche qui atteint à présent 220 embarcations dont 33 sardiniers, 16 chalutiers et 171 petits métiers. Des travaux sont en cours pour doter le terre-plein d’infrastructures d’accompagnement telles qu’une halle amarrée, une fabrique de glace et un atelier de réparation navale. “Auparavant, les armateurs étaient contraints de se rendre jusqu’au port de Bouharoun pour faire réparer leurs embarcation ce qui leur occasionnnait un temps d’immobilisation excessivement long”, souligne notre interlocuteur.

Il est prévu aussi un port de pêche et de plaisance à Tala Guilef, sur la côte Ouest. Selon M. Adouane, ce projet dont l’étude est finalisée, est confié à un groupement de trois entreprises dont une turque (ASKA) et deux algériennes (Sotramest, et meditram) pour un délai de réalisation de 24 mois et une enveloppe budgétaire de 310 millions de dinars, allouée dans le cadre du Plan de soutien à la relance économique (PSRE).

Par ailleurs, deux plages d’échouage, l’une à Béni K’sila et l’autre à Melbou, réalisées récemment, sont déjà opérationnelles. A en croire le premier responsable du secteur, les projets d’extension de ces deux plages d’échouage, l’aménagement des accès et la réalisation de 10 cases-pêcheurs pour chaque point d’activité sont accordés par l’Etat. De même que l’injection pour chaque site de 20 embarcations, 2 camions-frigos, 1 fabrique de glace, 1 point de vente de matériel de pêche, une chambre froide et une poissonnerie pour un coût d’investissement prévisionnel de l’ordre de 54 millions de dinars, issu d’un financement jumelé : PPDRI – PCD. A terme, on compte aménager neuf plages d’échouage, le long des 100 km de côte bougiote. La réalisation de plages d’échouage à Oued Ass, Tichy et Aokas est d’ores et déjà acquise. Les projets seront financés dans le cadre du programme sectoriel de développement pour le premier et par le budget de wilaya pour les deux autres.

L’aquaculture est une autre direction vers laquelle l’investissement public a été polarisé. C’est ainsi qu’une ferme aquacole dédiée à l’élevage du loup de mer et de la dorade est en passe d’être réceptionnée, au même titre qu’une unité de transformation du thon implantée à Oued Ghir.

La clef de voûte de ces projets et incontestablement la formation aux métiers de la mer. Une formation qui faisait cruellement défaut, et dont les responsables en charge du secteur sont résolument engagés à rattraper le retard. Dans cette optique, un centre qui fait office à la fois de lieu de formation et de station de recherche dans le domaine halieutique a vu le jour ces dernières années à Tichy. Deux promotions de marins-pêcheurs et une promotion de capacitaires à la pêche (patrons de navires) y ont été déjà formées. Plus récemment, c’est pas moins de 27 jeunes du village Souk El Djemaâ dans la commune de Toudja qui ont bénéficié d’une formation intensive aux métiers de la pêche. Une première ! Ces jeunes vont ensuite bénéficier du soutien de l’Etat à l’investissement, notamment dans l’achat d’embarcation avec un apport personnel dérisoire (6 millions de centimes pour une embarcation qui en vaut 60). Au total, 49 projets d’investissement, dont 43 ont été déjà réceptionnés et 6 autres en cours de réalisation ont bénéficié d’un financement triangulaire (Subvention, crédit bancaire, apport personnel) d’un montant global de 92 milliards de centimes. “A l’avenir, on ambitionne de développer la pêche au large”, nous confie M. Adouane. Une activité qui requiert selon lui, des compétences et des moyens autrement plus performants que ceux utilisés par la pêche côtière, confinée au plateau continental.

Ainsi espère-t-on faire du littoral bougiote un pôle de vie halieutique animé et un creuset créateur d’emploi et pourvoyeur de valeur ajoutée. Une véritable mamelle nourricière en somme, d’autant plus attractive que quasi inépuisable.

Nacer Maouche

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