Les lycéens frustrés

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L’introduction de cette langue nationale comme le stipule l’article 3 bis de la Constitution piétine en dépit de l’engouement des apprenants. Dans la daïra de Draâ El Mizan, elle est enseignée actuellement dans Certains CEM de même qu’à Aïn Zaouia dans la commune d’Aït Yahia Moussa. Les résultats de l’an dernier (première dans l’examen du BEM), ont été excellents. A titre d’exemple au CEM Krim, Rabah, le taux a dépassé les 98%.

Malheureusement, tout comme les élèves de l’école fondamentale qui l’ont étudiée durant trois ans au collège, les élèves issus de la réforme sont frustrés. Arrivés au lycée, ils n’ont plus cette langue. “Vraiment, je suis déçue. Etant arabophone, j’ai obtenu 16/20 au BEM. Mon seul souhait est de continuer sur cette lancée. Mais, quand on nous a communiqué notre emploi du temps, il n’y avait plus de tamazight pour laquelle je me suis sacrifiée durant quatre longues années pour apprendre sa grammaire qui m’était difficile au début”, dit cette lycéenne frustrée. Comme notre interlocutrice, nombreux sont les lycéens qui n’ont guère apprécié cette décision. Les enseignants, qui ont pris à bras le corps l’enseignement de cette langue pour laquelle de nombreuses générations s’étaient sacrifiées, ne voient dans la manière de prendre en charge la langue tamazight qu’un bricolage.

“C’est un leurre que d’entendre parler de sa généralisation. C’est purement politique. Quand on a voulu arabiser, on avait fait appel même à des cordonniers égyptiens. Aujourd’hui, on nous dit que celui qui va enseigner tamazight doit être licencié. Il faut voir seulement comment sont traités les enseignants vacataires de Bouira. Et pourtant, ils ont enseigné durant cinq longues années dans des conditions difficiles”, dira cet enseignant solidaire avec ses camarades grévistes auxquels on ne veut pas accorder ce statut. Un autre enseignant au fait de toutes les circulaires émanant du ministère de l’Education nous a expliqué que des directives ont été données afin de favoriser l’enseignement de tamazight, mais concrètement rien n’est fait. “Au rythme où va son introduction, il faudrait peut-être des siècles pour couvrir une seule daïra de la wilaya de Tizi Ouzou.

Pour la généraliser au niveau national, il faudrait d’autres millénaires. Selon les chiffres donnés l’an dernier, seuls cent vingt mille élèves étaient concernés par cet enseignement sur les sept millions que compte l’Algérie du primaire au secondaire.

C’est une goutte d’eau dans un océan. C’est de la démagogie pure et simple”, s’indigne un troisième intervenant. Pour un autre, son enseignement est pris en charge par le mouvement associatif bien mieux que les institutions étatiques. “La façon avec laquelle elle est introduite dans le système éducatif est un frein pour son développement”, signale notre première interlocutrice.

D’ailleurs élèves seront pénalisés par cet enseignement puisque leurs prédécesseurs ne sont pas allés jusqu’au bout. “Combien va durer cette expérimentation ?”, s’interroge un autre. Les parents, eux, sont vraiment désemparés devant une telle situation qui ne favorise pas leur progéniture. “Si l’on compte seulement les prix des livres, de la 1ère AM à la 4e AM, on dépense pas moins de mille cinq cents dinars.

Une fois l’enfant admis au lycée c’est la fin pour tamazight. Nos enfants sont-ils des cobayes ?”, se demande ce parent qui attend des réponses depuis que son premier enfant l’a étudiée en 7e AF, il y a plus de six ans. En tout cas, selon les concernés, tamazight demeure le parent pauvre de toutes les autres matières car les responsables ne s’inquiètent même pas quand l’enseignant de tamazight n’est pas affecté. Il suffit de faire un décompte pour voir le nombre de postes qui sont restés vacants durant des années.

A. Mohamed

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