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Larab casse un tabou

l Son récent ouvrage est consacré à un poète… spolié de ses œuvres.

Ce que d’aucuns ont préféré taire, soit pour faire perdurer la confusion ou même pour mettre en complices à cette manœuvre consistant à déshabiller X pour vêtir Y, Mohand Ouramdane Larab dans son récent ouvrage publié par l’édition Le Savoir, n’a pas voulu rester indifférent ou muet devant ce qu’il considère d’injuste et de démarche avilissante.

Aussi, il a usé d’un langage éminemment clair pour dire haut et fort qu’il y a eu spoliation.

Par ce procédé qui, indéniablement “honore” l’homme, il a fait d’une seule pierre plusieurs coups : primo, il s’est démarqué des acteurs et autres observateurs ayant opté pour le silence, secundo, il a réhabilité le poète, disparu depuis quatre-vingt ans, L’hadj Arezki Ouhaouch en l’occurrence, tertio, son acte jouera un rôle de sensibilisation et fera de sorte que de pareils outrages ne se reproduisent plus, afin qu’il soit donné du crédit à notre littérature et, par là, à notre culture avec toutes ses diversités.

En effet, cet ouvrage portant sur la vie et l’œuvre du poète, l’hadj Arezki Ouhaouch, casse bel et bien un tabou. Cet Amedyaz d’Ath Fraoussen, né à Djemaâ-Saharidj à la fin du 19e siècle est mort en 1972, à l’âge de 89 ans. Ce poète est non seulement dépossédé d’une grande partie de ses œuvres mais aussi marginalisé voire ignoré par les écrivains et même par les animateurs de la radio, et seule la chaîne satelitaire de télévision, BRTV, a sauvé la face en faisant allusion à maintes reprises aux œuvres de ce poète. Concernant la phase de préparation de cet ouvrage, l’auteur a dû se rabattre sur des recherches effectuées dans beaucoup de livres, revues et autres écrits. Il est allé chercher l’information là où elle est convaincante ne souffre d’aucune contestation. D’abord il écoutait son père, Tahar, qui est aussi le fils unique de l’hadj Arezki, à juste titre, que la préface de l’ouvrage en question est réalisée par Mouloud Haouche, ce petit-fils benjamin de l’Amedyaz.

Dans un passage dans la première partie du livre on peut lire : “Le poète L’hadj Arezki Ouhaouch ne voudra pas qu’on parle de lui.

Par là, il n’aimerait guère que son nom soit cité sur des pages de journaux ou de livres : question de nif en ces temps là”. Plus loin, Mouloud Haouche écrit : “En conséquence, une délégation d’intellectuels, conduite par Saïd Boulifa, le sollicitant un jour par le biais du Caïd, sera refusée catégoriquement. L’administrateur embarrassé, sera alors contraint de faire intervenir un parent éloigné de L’hadj Arezki pour qu’il tente de faire changer d’avis le poète”.

Dans les lignes qui suivent, il ajoute “L’hadj Arezki est enfin rassuré par le fait que selon son choix, son anonymat sera respecté et sauvegardé en dehors du cercle restreint de ses auditeurs, déclamera l’un après l’autre ses poèmes jusqu’au moment où la mission littéraire et scientifique qui transcrivait au fur et à mesure, ressente l’épuisement et décide de prendre congé du poète…”.

Un autre paragraphe tout à fait éloquent sera retrouvé à la fin de la préface et dont l’auteur écrit : “Selon Tahar, ces destinataires d’œuvres, pour leur part, saisiront l’occasion de la brèche ouverte (compromis d’anonymat) pour qu’ils opèrent des transvasements octroyant par là, toute la latitude de faire paraître sous d’autres noms Si Moh ou M’hand, dans la plupart des cas- un nombre élevé de poèmes recueillis auprès de son géniteur…” sans commentaire !

Concernant le contenu proprement dit de l’ouvrage, celui-ci s’ouvre sur une introduction de l’auteur ou entre autre, il fait déjà allusion à la spoliation visée plus haut.Vient en suite la biographie du natif de l’antique Bidda Municipium où dans un passage lié aux poésies, l’auteur revient sur ledit détournement d’œuvres, en s’appuyant sur des références.

Dans le chapitre suivant, Larab fait ressortir des scènes de vie de l’artiste en n’arrêtant guère d’inclure les poèmes composés pour la circonstance par l’amedyaz.

Le troisième chapitre renferme des poésies diverses et notamment des œuvres de neuf vers pour la plupart. Viennent ensuite les Tiqsidin, ces longues poésies, portant toutes sur la colonisation française et les conséquences de cette occupation.

Après les Iserfra d’El-Henni, on trouve aux dernières pages les œuvres d’autres poètes de la localité dont deux en hommage à L’hadj Arezki Ouhaouch, leur confrère disparu.

Notons, que le bouquin comporte des photographies dont la plupart remontent à l’orée de 20e siècle.

Une vente-dédicace de cet ouvrage aux 110 pages a été organisée par l’auteur, Mohand Ouremdane Larab jeudi dernier à la maison des jeunes de Mékla, et ce en parallèle des festivités commémoratives de la célébration de l’anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération.

M. M.

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