Ces salles des fêtes qui nous embêtent

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Nos fêtes sont tristes à mourir, mais les  » salles des fêtes  » n’en finissent pas de pousser. Elles sont un créneau d’investissement  » tendance  » au même titre que les  » rôtisseries  » qui enfument jusqu’à la nausée quelques nouveaux quartiers d’une capitale pieds et poings lié livrée au bazar, au mauvais goût et au gain sans effort. Comme  » la poule qui veut imiter la perdrix « , les Algériens renoncent de plus en plus au bonheur simple qu’ils ont toujours trouvé dans la chaleur de leur espace naturel et la décontraction conviviale des fêtes sans calcul. Ils ont abandonné les retrouvailles gaies et généreuses pour découvrir les célébrations froides et guindées dans de lugubres garages pompeusement appelés  » salles des fêtes « . Pour la frime, ils s’en vont payer au mètre carré des soirées où seul l’horrible bruit des talk- box suggère qu’on s’amuse. Aux alentours, et souvent plus loin, de braves citoyens malades, attendus par de rudes journées de travail ou simplement pas obligés de partager le tapage, n’ont aucun moyen de prémunir leurs tympans de l’horreur. A l’intérieur, une foule d’invités pressés d’en finir fait quand même semblant d’être heureuse. Un parterre masculin ou féminin pluriel, rarement les deux ensemble, esquissent des sourires figés dans l’hypocrisie et des pas de danse manquant mortellement de conviction. Nos mariages, fiançailles et circoncisions deviennent de plus en plus orphelins du couscous savoureux et du chant spontané, des cours intérieures et des terrasses aménagées, troqués contre des flonflons de pacotille exhibés dans des décors de bordèle. Les invités et ceux qui les invitent peuvent souffrir, mais ils sont libres d’être masochistes. Ils doivent même payer pour ça. Mais les habitants du quartiers qui souffrent le martyre doivent-ils se résigner à être invités malgré eux à ces impitoyables cacophonies qui envahissent leur espace vital et violent leur tranquillité ? Doivent-ils se soumettre au diktat de propriétaires sans foi ni loi, dont l’exploitation de bâtisses qui ne répondent à aucun cahier des charges, aucune norme technique à respecter et aucune étude de faisabilité, empoisonnent la vie de paisibles citoyens qui n’ont pas besoin de ça ? Il y a quelque temps, des salles ont été fermées après des enquêtes commodo et incommodo. Et qu’est-ce qui a changé depuis pour qu’elles puissent reprendre leur activité à l’instar de la salle  » Prestige  » de Ain Bénian dont le propriétaire fait valoir depuis quelques jours une sombre autorisation qu’il n’a jamais montrée par ailleurs ? Et la police qui ne vient jamais quand les riverains l’appellent pour constater leur calvaire et l’illégalité de l’activité de la reprise ? En attendant quelque réponse à ces questions que les citoyens se posent, à Ain Bénian comme hier, la  » fête  » va apparemment reprendre. Avec ses décors, ses hypocrisies et ses flonflons.

S.L.

Du coq à l’âne : Messieurs les réalisateurs et commentateurs sportifs de l’ENTV, quand est-ce que vous allez apprendre que dans un match de foot, les replays (répétitions) pour déterminer une position de hors jeu doivent commencer avant le départ du ballon et pas à son arrivée ?

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