Site icon La Dépêche de Kabylie

Il ressuscite un crime commis il y a dix ans !

C’est cette affaire atypique que le tribunal criminel près la Cour de Bgayet a eu à examiner durant toute la journée du jeudi dernier. Le représentant du ministère public a requis la peine de réclusion à perpétuité pour les deux accusé. Le verdict prononcé par le président du tribunal après délibération est de 20 ans de prison pour B. M. reconnu coupable de meurtre et de 10 pour H. S., auteur des aveux tardifs.

Les faits, qui ont eu pour cadre la cité des 504-Logements à Akbou, remontent à un après-midi de printemps de l’année 1997 lorsque les voisins de paliers de la victime sentent une forte odeur de “Bouzelouf” brûlé qui sort de l’appartement de cette dernière. Ils rentrent chez elle pour l’alerter que sa cuisine carbonisait et éventuellement la réveiller au cas où elle serait en train de dormir. Ils la trouvent sans vie et l’appartement dans un désordre total. Ils préviennent la police et sa fille qui habite Alger. Dès son arrivée celle-ci pointe un doigt accusateur sur B qui, selon ses déclarations, aurait auparavant commis un crime dont la vieille femme l’avait vu à l’œuvre. Il avait peur qu’elle le dénonce. La vieille femme aurait déclaré à sa fille que si la famille de la victime déposait plainte, elle irait volontiers témoigner contre lui. Et comme B. n’a pas d’alibi pour l’heure de l’assassinat de la vieille dame, il a été arrêté et accusé de meurtre.

En effet, son employé qui dans un premier temps a soutenu que son patron B. n’a pas quitté le magasin toute la journée, s’est rétracté pour déclarer qu’il s’est absenté du magasin aux environs d’une heure de l’après-midi et le taxieur clandestin qui l’a déposé au domicile de la vieille femme, affirme à la police qu’il n’avait pas attendu son retour et qu’il s’était même sauvé parce qu’il aurait entendu des cris bizarres venant de l’appartement du rez-de-chaussée où son client et deux autres personnes étaient entrées. B est, pour ces motifs, reconnu coupable et condamné à 20 ans de prison. Dix ans plus tard, coup de théâtre, H. S, apporte une toute autre version des faits. H. S. soutient en effet que deux jours après la fête de l’Aïd, B. M., père de sept enfants et co-auteur présumé du crime serait venu à sa rencontre pour lui demander de l’accompagner chez la vieille dame connue pour sa générosité, afin de se procurer de quoi nourrir sa famille. H. S. précise que B. M., qui est peintre en bâtiment, ne le connaît que depuis un mois environ mais que de temps à autre, il n’hésite pas à se saouler avec lui.

Il explique au juge que c’était lui-même qui avait frappé à la porte et que lorsque la vieille femme avait demandé “qui c’était”, ils avaient répondu “c’est nous le service des eaux de l’APC”. Et il ajoute que “dès que la vieille dame nous a ouvert la porte, il m’a poussé à l’intérieur de l’appartement et il lui a assené un violent coup de poing à la mâchoire. La vieille femme s’est évanouie. Puis on lui a attaché les mains et on l’a baillonnée avec un chiffon. Puis il l’a traînée dans une autre chambre où il l’a étranglée. Mais on n’a touché à rien. Il a voulu prendre une tronçonneuse mais je lui ai dit de ne toucher à rien”.

Toujours à la barre, il souligne que depuis ce jour, B.M n’arrête pas de le poursuivre avec l’odeur de “bouzelouf”. Mais B.M nie tous les faits qui lui sont reprochés. Les témoins appelés à la barre ne se rappellent de rien. Quant à l’avocat de B. M. pour qui toute cette histoire a été inventée de bout en bout par H. S., qui serait atteint de schizophrénie, il a plaidé l’innocence pure et simple de son client.

B. Mouhoub

Quitter la version mobile