Les maillots de la JSK ressemblent à des murs tagués où tout le monde a fini par mettre son graffiti et avec ça, le club n’en finit pas avec les difficultés financières. C’est en apparence paradoxal, surtout si on y ajoute le fait que ces difficultés n’ont aucune mesure avec les crises chroniques d’autres formations sportives dont les dirigeants doivent rire sous cape à chaque fois que le président de la JSK se plaint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts. Manquer d’argent, la JSK ? Voyons ! C’est pourtant vrai que ce club manque de moyens, si bien sûr on en arrive à cesser définitivement de le comparer à des équipes tout à fait respectables par ailleurs, mais qui n’ont ni sa spécificité, ni son ancrage populaire, ni son palmarès. La JSK n’est pauvre que si on la situe dans des ambitions autrement plus grandes que celles dans lesquelles elle semble paresseusement et confortablement s’installer depuis une vingtaine d’années. Elle est par contre riche, même très riche s’il s’agit pour ses dirigeants de » jouer les premiers rôles « , d’être tous les cinq ans première d’une compétition pour handicapés qu’est devenu le championnat algérien et d’inviter les Kabyles à la liesse populaire à chaque fois que leur club » atteint la phase des poules » après avoir battu une équipe de Mauritanie et réussi le nul avec une autre du Tchad. Alors, c’est en affichant clairement l’envie et la volonté de » passer à autre chose « , en responsabilisant des compétences susceptibles de porter un grand projet sportif et en rassurant sur les retombées promotionnelles de ses partenaires –économiques- que la JSK peut attirer des sponsors majeurs qui, non seulement vont contribuer à redonner à la région de leur cœur le club qu’elle mérite, mais aussi trouveront leur compte dans son rayonnement et sa prospérité. Qu’on arrête d’appeler à » l’aide des industriels » et qu’on se mette à » intéresser » des partenaires, et le maillot de la JSK deviendra un luxe inaccessible aux petits propriétaires de supérettes qui ont miraculeusement vu leur nom associé à un symbole trop grand pour être livré au premier venu. Ce ne sont pourtant pas les disponibilités sérieuses qui manquent pour investir dans un » créneau » pratiquement sans risque. Or, tous ces concepts de gestion sont-ils en voie d’être intégrés dans l’environnement managérial de la JSK ? Non. Si on sait la difficulté, sinon l’hésitation à dépasser le sombre statut d’ » association à caractère sportif et culturel » qui régit les clubs algériens à celui d’entreprise moderne qui a ses actionnaires et son conseil d’administration, on reste par contre perplexe devant le manque d’audace de ceux qui président aux destinées d’un club qui a tout pour une vocation de pionnier. Alors, quand on entend pour la énième fois Moh Chérif Hannachi, dont personne ne doute de son amour et sa passion pour la JSK, lancer cet appel pathétique à » l’aide des industriels dela région », on est en droit de poser la seule question qui mérite d’être posée : pour quoi faire ? Pour investir dans une entreprise- dans le sens le plus noble du terme- susceptible de booster le développement et le prestige de la région ou seulement » contribuer » par le sachet noir qui nourrirait le statu quo d’un » club algérien comme les autres » ?
S.L.
Du coq à l’âne : Belkhadem s’est encore » énervé » hier et c’est toujours pour dire ce que tout le monde sait toujours : » Oui, nous sommes des conservateurs ! « , a-t-il fulminé dans un meeting électoral.