Pourquoi le 29 novembre est un échec annoncé pour le FFS

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En premier lieu, la situation organique du plus vieux parti d’opposition à atteint un niveau de déliquescence inquiétant.

Processus amorcé en 1998 au lendemain de la première participation du parti à la gestion des assemblées (APC, APW, APN) en cela que les sections, à quelques exceptions près, sont réduites à des simulacres d’organes, des coquilles vides, squattés par des groupuscules d’individus dont la seule activité politique se résume à quelques rituels observables lors des différentes échéances électorales dont la seule preuve probante de l’appartenance à une entité politique est un ridicule alibi, la fameuse carte de militant dont la délivrance est soumise au bon vouloir du chef local, le premier secrétaire, qui en use à bon escient pour éliminer de la course aux postes et aux promotions tous ceux qu’il estime à même de lui faire de l’ombre. Quant aux idéaux, aux 400 martyrs de 63, aux convictions politiques aux droits de l’homme, aux traditionnelles luttes de gauche, vous pouvez repasser…

L’état alarmant des représentations locales n’est pas une vue de l’esprit, une interprétation fantaisiste de la réalité, mais un fait patent qui crève les yeux. En témoigne la profusion d’articles rendant compte du ras-le-bol de la base rapportés par la presse écrite-quoi qu’en pensent les responsables du parti prompts à déceler, derrière tout écrit laissant entend un autre son de cloche que le leur, “des manipulations orchestrées par les mentors d’une presse aux ordres” ou “la main du DRS” épisode ayant connu son point culminant lors de la confection des listes de candidatures électorales où les quotidiens nationaux ont ouvert leurs colonnes à des contestataires se trouvant aux quatre coins de Kabylie dont la qualité de militants ne peut être sujette à caution-dénonçant des pratiques indignes d’une formation politique née dans les larmes et le sang : verrouillage stalinien des appareils du parti, bricolages de listes, cooptations, tractations honteuses, parachutages de têtes de listes, évictions et déclassements de candidatures, etc.

Cette situation, somme toute prévisible, devrait-elle pour autant nous surprendre ? A moins d’être sot, hypocrite ou aveugle, il faut se rendre à l’évidence que c’est un aboutissement logique à une longue période marquée par de graves errements.

En effet, l’accumulation de graves erreurs, l’adoption de réflexes étrangers à la démocratie et au FFS, le maintien en l’état d’une situation de pourrissement et déliquescence organiques allant grandissants, ayant trouvé en le règne de l’impunité un terreau fertile ont insidieusement préparé le terrain à tous les reniements.

A cet égard, notre modeste expérience en tant que militants du parti, qui a commencé avec l’ouverture démocratique de 1990 est édifiante en cela que nous avons été les témoins privilégiés d’une descente aux enfers programmée, sinon encouragée ayant atteint son apogée avec “la déviation de la ligne politique du parti” dénoncée par beaucoup de cadre du parti.

Ainsi, à notre niveau, en qualité de militants de la section d’Aokas, nous avons eu à alerter les responsables du parti à tout les échelons-local, fédéral, national sur les premières dérives constatées.

Et c’est à ce titre que nous considérons que notre témoignage s’appuyant sur l’échantillon que représente l’organe local peut aider à comprendre ce qui s’apparente à un véritable naufrage.

C’était déjà en 1998 ! Dans une pétition signée par la majorité des membres du conseil communal de la section et destinée au secrétariat national, nous dénoncions des pratiques d’un autre âge et dont les plus importantes étaient : Monopole et exclusivité de la décision orchestrés par un cercle de personnes-Inféodation du parti à de groupes occultes-violation répétée et quasi-systématique des statuts et adoption de réflexes du parti unique. Certes, la missive est parvenue à qui de droit, mais à tous les échelons du parti, on n’en avait cure et la messe est dite : Nous étions des agitateurs !.

Devant le constat que l’APC à majorité FFS et le parti à tous les niveaux demeuraient sourds à nos doléances, cet acte inaugural de contestation allait être le prélude à une suite de dénonciations de plus en plus virulentes faites à l’occasion des évènements ayant jalonné la vie politique locale et nationale (Présidentielle 99, émeutes de 2001, locale de 2002, locales de 2005, etc.).

Cela a donné, s’agissant de la section locale, un répertoire de griefs pouvant se résumer à ceci :

– Le parjure des élus de 1997 (1997/2002), dont bon nombre se sont servis à satiété, et qui refusent jusqu’au jour d’aujourd’hui de rendre des comptes (pas de bilans de gestion) l’allégeance des élus locaux (APC) aux exécutifs (2002/2005, 2005/2007) ne leur affichant ni soutien franc ni opposition.

– La mainmise d’une dizaine d’individus sur la structure locale du parti, devenue de facto une propriété privée.

Pour les échelons supérieurs du parti, les pratiques mises à l’index peuvent être énumérées ainsi : Structures moribondes éternellement squattées par les professionnels de “la carrière politique” Violation quasi-systématique des dispositions statuaires et des règles disciplinaires.

– Monopole de décision détenu par des groupes restreint de responsables

– Des élus locaux et nationaux ne rendant compte à personne “ à aucun niveau-monopole sur l’information par l’empêchement de la communication prévue “interactive” Non respect de la légitimité et de la représentativité au sein des instances élues du parti, valeurs supplantées par la cooptation et les rapports de force imposés par les jeux de clans “autorité statutaire et réglementaire des instances et des responsables” bafouée.

A propos, où sont passées les résolutions du 3 em congrès ? Et les recommandations du “programme du secrétariat national 2001” quand le parti a prétendu opérer “des révisions déchirantes” ? Et les doléances des militants présentées lors des fameuses CPE (conférences politiques d’évaluations) Et le “Congrès du millénaire” ça veut dire quoi ?

Devant l’ampleur des dégâts, ce sont les questions qui nous taraudent l’esprit, réduits que nous sommes à nous interroger sur l’utilité d’un appareil dont l’ambition de ses fondateurs est l’instauration d’un Etat de droit, mais lequel a la force de fustiger les pratiques du pouvoir, a fini par en devenir une pâle copie. Que peut-ont attendre de cette formation politique, en qui nous avons placé tant d’espoir, quand elle produit les mêmes tares qu’elle est censée combattre, quand elle abandonne le combat identitaire et notre langue maternelle, quand elle tourne le dos à la population ravagée par la misère, quand elle laisse seul l’ouvrier licencié en proie aux affres du chômage ?

Aujourd’hui, nous partons aux élections locales du 29 novembre en rang dispersés. Sans même saisir le bien-fondé d’une telle participation. Avec des effectifs réduits à la portion congrue, nous voulons livrer bataille sur un terrain miné après avoir abandonné nos bastions à Kherrata, à Aokas, à Akbou…

Le réveil sera brutal au lendemain du 29 novembre, avec une Kabylie où le FFS sera détrôné de son rang de première force politique ou, tout au plus, une victoire à la Pyrrhus. Mais ne perdons pas espoir, peut-être que tout n’est pas perdu, car comme dirait l’autre “A quelque chose malheur est bon”

MM. Haddad Abdelmalek

Mouzaoui Abdelkader

Aokas

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