En effet, c’est à travers ce reportage que cet habitant va transmettre le message des habitants de la localité d’Ikhedachen aux pouvoirs publics. “Faut-il croire qu’en Algérie, il existe encore, et à l’heure de la mondialisation une population qui vit comme au Moyen Age ?
Vous allez le découvrir de vos propre yeux” insiste notre guide. Ikhedachen est un village perché sur les hauteurs de la commune d’Ath Laâziz, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu communal, le village demeure à l’instar de tous les villages et hameaux de la commune d’Ath Laâziz, un coin enclavé.
Le village est composé de Ibahrithen Ouffella et Ibahrithen Bwada et Ikachout. Durant notre virée au village, notre interlocuteur nous a narré que les problèmes sont le lot quotidien de nombreuses familles qui souffrent le martyre depuis l’indépendance. Ce village a participé à la guerre de Libération pour que ses générations vivent en paix. Alors que quelque 700 habitants vivent dans des conditions précaires.
Le constat est amer et nous renseigne sur l’état pitoyable dans lequel vivent les populations d’Ikhedachen depuis des années. A commencer par l’entrée du village, laquelle demeure toujours privée d’une route bitumée. Et notre attention fut attirée par quelques véhicules alignés sur le chemin reliant la localité d’Iaâlwachen vers le village Ibourassen.
Un citoyen a déclaré : “c’est impossible d’accéder au village, cette piste d’un rayon d’un kilomètre 500 mètres est impraticable et les automobilistes courent un risque en laissant leurs automobiles ici, puisque les conditions de sécurité n’existent pas ; ajoutons à cela, l’absence de l’éclairage public”. Il convient de noter que la seule piste existante était ouverte en 1992 et cela grâce aux efforts consentis par l’ensemble des habitants, mais depuis cette date, le chemin est devenu inaccessible pour les automobilistes, puisqu’il est entouré de figuiers de barbarie qui gênent la circulation des passants.
Par ailleurs, la population d’Ikhedachen n’a bénéficié d’aucun projet de désenclavement depuis l’indépendance sauf ce groupe scolaire et quelques opérations jugées de bricolage.
A commencer par celui d’un puits réalisé juste pour être abandonné par la suite. Pour preuve, notre guide a affirmé : “Ce puits a coûté la bagatelle de plus d’un million de dinars”, mais finit par être abandonné. En fait, cette opération inscrite en 2003 n’est pas concrétisée sur le terrain. Selon notre information, le projet a été réalisé sans aucune étude.
Les ex-autorités locales et pour atténuer la pénurie d’eau au village, ont inscrit un autre projet de réalisation d’un réservoir d’eau avec une autre enveloppe de 150 millions de centimes mais les travaux ne sont pas encore entamés.
Et comme le projet est implanté sur un terrain d’un citoyen, ce dernier a demandé seulement l’indemnisation, les responsables locaux ont opté au dépôt de plainte contre cet habitant. Il convient de souligner que la localité d’Ikhedachen a été doté d’un château d’eau réalisé en 2001 mais la crise d’eau potable persiste toujours. Par ailleurs, le réseau d’assainissement est inexistant.
Le constat est amer, et nos interlocuteurs de s’interroger sur le fait que les demandes déposées dans le cadre de l’habitat rural demeurent sans suite. “Nous demandons d’annuler l’obligation d’un livret foncier dans le dossier, il y a des terrains non cadastrés, ici, seuls deux bénéficiaires de l’habitat rural en ont profité”, confirme un jeune. Ils nous dévoilent les difficultés rencontrées pour la construction d’une habitation au village. A ce titre, un habitant a témoigné : “Pour moi, les matériaux de construction, je les ai payés en trois fois, puisque j’ai dû louer des camions à trois reprises pour y arriver”.
“C’est dur ici, la vie est intenable et les habitants sont livrés à eux-mêmes”. “C’est comme si nous n’étions pas des Algériens et que nous n’avions pas droit au développement”, déplore un citoyen.
Nous avons constaté qu’un chemin mène vers la localité d’Ihamdiwen relevant de la daïra de Draâ El Mizan ; cette route est stratégique, puisque ceux qui désirent se rendre à la daïra de Draâ El Mizan, sont contraints de faire un détour de plusieurs kilomètres via le chef-lieu de la wilaya de Bouira ; tout comme l’implantation d’une agence postale pour éviter aux paisibles retraités un véritable parcours du combattant. “S’ils aménagent cette route nous pouvons rallier cette daïra en quelques minutes au lieu de faire le tour de monde”. Notre guide a soulevé la question du transport.
A ce titre, ce problème se pose avec acuité. Les villageois se trouvent dans l’obligation de louer des clandestins à partir de la gare routière de Bouira à raison de 600 DA la place, ou de prendre les bus assurant la desserte Bouira–Iaâlwachen à raison de 20 DA la place, mais ces transporteurs exigent aux Ikhedachens et même aux Ibourassen, un village voisin de payer 200 DA pour une distance qui ne dépasse les 500 mètres, du village Iaâlwachen vers Ikhedachen, et cela à cause de l’impraticabilité des pistes et des chemins. Selon notre information, un projet a été octroyé aux responsables locaux: bitumer ce tronçon mais depuis 2005 rien n’a été réalisé. En somme, la population d’Ikhedachen est enclavéee et ils sollicitent l’intervention des pouvoirs publics afin de leur venir en aide.
Amar Fedjkhi
