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Le fil de la Dépêche

Dans un pays qui donne l’impression de faire du surplace, l’accélération des événements donne fréquemment du tournis aux rédacteurs et mettent dans l’embarras bien des commentateurs. Pendant des semaines, les manchettes de journaux et les déclarations des officiels prennent en charge un thème ou un problème-dans le cas où il n’est pas crée de toutes pièces- et, subitement, la fièvre retombe au bout de quelques jours pour s’emparer d’une autre proie qui paraît plus porteuse.

De l’ ‘’élagage’’ de l’hymne national Kassaman dans les manuels scolaires jusqu’au contrôle technique automobile pour lequel on a fixé une date-butoir qui risque d’exposer les retardataires à des amendes ou des poursuites judiciaires, en passant par les attentats kamikazes, l’augmentation du prix des produits alimentaires et le banditisme qui ose franchir de nouvelles frontières un peu plus chaque jour, toute une palette de questions semblent se soustraire à une analyse rationnelle du simple fait qu’elles se sont un peu éloignées dans le temps, bousculées par une autre actualité plus immédiate, le temps de rebondir et de nous exploser derechef à la figure avec, souvent, plus de violence et moins d’espoir de résorption. Certains sinistrés lors du séisme de Boumerdès dont les maisons ont été classées ‘’rouge’’ n’ont reçu jusqu’à ce jour aucune forme d’aide pour restaurer ou reconstruire leurs demeures. Et comme un malheur vient presque toujours faire oublier la tragédie précédente, on ne saurait trop s’appesantir sur les inondations et éboulements qui ont affecté plusieurs wilayas au début de l’automne ou la pénurie d’eau- pourtant toujours à ‘’l’œuvre’’- dans certains villages de la campagne.

Les thèmes d’actualité qui pouvaient servir comme source de nuisance contre des ennemis politiques ont perdu de leur acuité ; ceux qui semaient embarras et inquiétude dans la sphère dirigeante- en raison du terrain fertile des soulèvements de populations entières pour couper les routes et fermer les mairies- sont mis en veilleuse suite à d’alléchantes et vaines promesses ; les autres problèmes, toujours aussi sérieux et peut-être plus complexes, n’ont pas pu trouver le prolongement voulu dans la presse et au sein de l’opinion en raison d’un verrouillage réussi du système qui, pour régler un problème, compte sur le travail d’usure et…le temps. Oui, le temps ! Le temps nous offre une configuration si métamorphosée du problème qu’il donne l’impression d’y avoir apporté la solution.

On ne saura faire l’inventaire exhaustif des questions épineuses qui ne manqueront pas de rebondir- avec plus d’aplomb et moins de pitié- dans un avenir proche. Différées, renvoyées aux calendes grecques, leurs solutions seront d’autant plus tortueuses qu’elles ont accumulé de lourds passifs et de sourds malentendus.

L’actualité de l’année 2007 a été vécue avec un tel rythme qu’il n’est pas aisé de reconstituer les événements dans une perspective de synthèse suffisamment exploitable. Un digest ne saurait situer les enjeux des faits politiques, économiques, sociaux, scientifiques et culturels ayant eu lieu au cours de la septième année d’un nouveau siècle, mieux ou pire, d’un nouveau millénaire qui s’annonce plein d’interrogations, de remises en cause et de recherches de nouveaux repères.

Depuis la chute du mur de Berlin et la fin de la bipolarisation du monde- née à la suite de la Seconde guerre mondiale-, les tendances générales qui se dessinent sur le plan de la géostratégie du monde est la suprématie des Etats-Unis d’Amérique, la recherche effrénée de nouveaux horizons dans le domaine des matières premières, la montée des périls terroristes, alimentés par le désenchantement des peuples anciennement colonisés et opprimés, après l’euphorie des choix socialistes des années 70, les difficultés des choix environnementaux susceptibles d’offrir des alternatives viables pour un développement durable, le flou qui se dessine pour les énergies dont aura besoin l’humanité dans quelques décennies sachant que l’énergie fossile- outre le fait qu’elle soit limitée dans le temps- pose des problèmes de production, de commercialisation et de transformation si bien que certaines convoitises qui lui sont liées ont fini par créer le chaos et l’instabilité dans certaines zones du monde.

Ce que les spécialistes de la géostratégie appelaient naguère les ‘’conflits de moindre intensité’’ et qui permettaient de neutraliser les deux grands blocs en servant de zones tampons (Angola, Cuba, Timor Oriental, Afghanistan, Cachemire, Proche-Orient,…) ont, depuis quelques années, pris l’allure de véritables conflits nationalistes, ethniques, religieux ou frontaliers. Le dernier attentat par lequel le Pakistan clôt l’année 2007 et qui a coûté la vie à madame Bénazir Bhutto, opposante au régime de Musharaf et ancien Premier ministre, montre une fois de plus la fragilité du processus de démocratisation des pays du Sud et les aléas internes et externes qui font exposer ces pays aux convoitises et calculs de grandes puissances du monde.

En se penchant sur les questions culturelles et sociologiques travaillant le milieu du 20e siècle, André Malraux disait que “le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas”. Le triomphe du capital, l’inexorable loi des échanges et du commerce mondial et le progrès, insoupçonnable il y a quelques années, de la technologie de l’information et de la communication, ont annihilé une bonne partie des rêves socialistes d’autant plus que les régimes qui s’en réclamaient usaient et abusaient des pouvoirs dont ils disposaient au point de se transformer en monstres et en bourreaux de leurs peuples (Ceausescu, Jaruzelski, Saddam Hocine,…). Les replis identitaires, ethniques et religieux qui s’en suivirent sont considérés comme une réaction à la faillite d’un modèle qui a toujours prôné la justice, l’égalité et l’élévation de l’homme au rang de premier objectif du progrès. Les désillusions ont été à la mesure des espoirs et des rêves qui ont nourri de telles idéologies au point d’installer une instabilité chronique dans certains pays au nom de la religion ou d’une ethnie.

L’Algérie a eu à vivre le purgatoire du terrorisme islamiste pendant plus de dix ans. Issu d’un pluralisme politique frelaté à la naissance, le courant politique islamiste prétendait réparer les injustices, les humiliations et les brimades endurées par les Algériens sous les régimes successifs depuis l’indépendance. Pour cela, ce courant- favorisé par une conjoncture internationale où certaines puissances espéraient voir s’installer un pouvoir à leur solde et favorisé aussi par la déliquescence des valeurs culturelles et la décrépitude des structures de l’État rongées par la rente- allait se servir du messianisme classique qui consister à vouloir instaurer la ‘’république idéale’’. Crue par une frange de la population soumise à un énorme matraquage mystico-religieux, cette idéologie allait plonger l’Algérie dans les abysses de l’histoire. Plus d’une dizaine d’années d’assassinats, de troubles, de larmes et d’incertitudes seront amplifiées par une transition économique trop longue qui sécrétera des contingents de chômeurs, des comportements asociaux mêlant banditisme, drogue, suicide, éclatement de la cellule familiale,…

Les douze mois de l’année 2007 ont été suivis par les organes de la presse nationale écrite d’une manière ‘’pluraliste’’, c’est-à-dire, qu’au-delà des faits et des événements, ces titres font des choix- aussi respectables les uns que les autres- dans la manière de traiter l’actualité, de fixer les priorités, de hiérarchiser l’information et d’émettre des opinions.

Politique : les plateaux de la balance en chiens de faïence

Qu’est-ce qui ne s’est pas passé en 2007 ? L’on a toutes la raisons du monde d’entamer le chapitre politique par les rendez-vous manqués. C’est en quelque sorte l’actualité en creux, révélatrice d’un manque de cohérence et d’esprit de continuité de certaines institutions du pays et d’un certain personnel qui se complait, in fine, dans un plaidoyer pro domo.

Le rendez-vous du gouvernement avec les walis n’a pas eu lieu. Supposée être au moins semestrielle, la dernière réunion s’est tenue les 10 et 11 décembre 2006.

En tenant à rencontrer les walis, le président de la République a sans doute voulu mettre en exergue la place centrale qu’occupent ces grands commis de l’État aussi bien dans la pyramide institutionnelle du pays que dans les rouages et les mécanismes de la dynamique de développement des territoires qu’ils administrent. Il est évident que le test de ce face-à-face vaut aussi bien par les charges qui pèsent sur les représentants locaux que par les canaux par lesquels passent les actions de développement.

Considérer le wali comme premier agent de développement- outre ses missions classiques de représentant de l’État et de responsable de l’ordre public- est un choix dont les limites sont celles des besoins pressants en matière de décentralisation, besoins que la société a plusieurs fois exprimés par le biais de partis politiques, personnalités intellectuelles et des associations qui croient fortement à cette idée, comme elle a eu à l’exprimer par les barricades et les pneus brûlés lorsque toutes les portes de dialogue viennent à être cadenassées.

Face à une situation où les institutions intermédiaires deviennent des goulots d’étranglement pour tout ce qui a trait au développement local et à l’émancipation citoyenne de la société, la seule solution- du moins la plus sage et la moins coûteuse- est une décentralisation à la mesure des dimensions du pays et des frétillements de la société, quitte, à terme, à ce qu’elle prenne les contours d’une régionalisation en bonne et due forme.

Pendant cette séance qui ne s’est malheureusement pas renouvelée, tout le monde se souvient du grand cinéma où Bouguerra Soltani fut traîné publiquement dans la boue par le président de la République pour avoir déclaré qu’il détient des noms de hauts fonctionnaires corrompus mais dont il n’a pas pu décliner les identités. Bouteflika a même menacé Soltani de poursuites judiciaires s’il ne passe pas à l’acte, c’est-à-dire donner les noms. Par une maladroite anticipation sur la campagne électorale qu’il comptait baser sur la ‘’moralisation’’ de la vie publique- et là où il compte donner, sans coup férir, un coup de pied dans la fourmilière-, il a ‘’pris sur lui’’ de donner un coup de pied dans… la tourbière. Pris dans le piège d’une vase qu’il a malaxée de ses propres pieds, Soltani avait ébauché ainsi le processus de dissipation du peu d’apparences qui ont sauvé jusque-là la pyramide de l’Alliance de s’écrouler et, du même coup, il a suscité le courroux et même le reniement de celui que cette structure est supposée soutenir, à savoir le président de la République.

L’autre pièce du puzzle politique algérien de ce nouveau siècle qui s’est presque effacé de la scène est bien évidemment le Mouvement citoyen des aârchs. Attendu par les observateurs lors des deux scrutins qui ont eu lieu en 2007, ce mouvement a brillé par son mutisme hormis quelques velléités tentées par une participation aux élections (contre l’esprit même du code d’honneur reliant ses membres). Pourtant, après les élections partielles en Kabylie de novembre 2005 –arrachées en grande partie par l’action des Aârchs ayant jugé les élus locaux de 2002 comme des ‘’indus-élus’’- des perspectives de la poursuite de l’action citoyenne apparaissaient à l’horizon. Mais, les remous et les arcanes de la vie politique algérienne ont fait que les Aârchs sont neutralisés au profit d’une terne reconfiguration qui reproduit grosso modo les schémas classiques de gestion.

Sur le plan de la vie institutionnelle, l’Algérie a connu deux élections en 2007 : les législatives du 17 mai et les locales du 29 novembre. Le pays apprend l’abstention. Seul, en moyenne et en éliminant les bulletins nuls qui frisent le million, un tiers du corps électoral a voté. Que n’a-t-on pas épilogué sur les raisons de cette désaffection ? Le ministre de l’Intérieur a presque versé dans la magie et la ‘’recherche opérationnelle’’ pour découvrir les secrets de l’abstention. Les courriers qu’il a adressé aux ‘’rebelles’’ juste après les législatives pour leur demander pourquoi ils n’ont pas voté (officiellement, il leur est demandé de dire s’ils ‘’habitent toujours à l’adresse portée sur le registre électoral’’) a soulevé, ironie du sort, plus d’ironie que de peur, bien que le procédé ait pris un tour comminatoire. On a poussé le raffinement de l’analyse jusqu’à ‘’incriminer’’ les programmes de distributions de logements effectués par l’État et qui auraient fait perdre les repères géographiques aux locataires-électeurs. Ce qu’il faudrait peut-être retenir des élections de 2007, c’est cette tentative faite par des républicains démocrates de se positionner sur l’échiquier national. À la veille des législatives, les partis UDR, l’ANR et une aile du MDS-auxquels se sont jointes des personnalités politiques, historiques et culturelles de premier ordre- se sont regroupés dans une alliance pour faire entendre la voix des démocrates se prévalant d’un esprit pragmatique et constructif qui refuse le conservatisme du FLN et le crypto-intégrisme des islamistes admis dans les institutions de l’État. Malgré la faiblesse numérique du résultat, ce bloc a le mérite d’exister et de se détacher des blocs classiques formés du pouvoir FLN et des satellites happés par la rente au point de tomber dans l’ ‘’apolitisme’’.

En 2007, les partis politiques ont continué à subir des guerres intestines qui les ont fait éclater en mille morceaux. Un seul exemple. Avant et après son 4e congrès, le FFS a dû faire face à de véritables ‘’jacqueries’’ venant de ses propres militants. Ce qui, indubitablement, a fortement déteint sur ses résultats électoraux aux locales et qui sont des plus médiocres.

N’est-ce pas que la politique de ‘’redressement’’ est devenue une véritable pandémie au sein de ces organisations que les pouvoirs publics appelaient naguère avec un mépris fort révélateur ‘’associations à caractère politique’’ ? C’est, en quelque sorte, l’illustration de la pulvérisation et de l’atomisation continuelles du tissu associatif (culturel, professionnel et social) et des organisations politiques.

Parallèlement à une ‘’industrie électorale’’ que nous envieraient sans doute certaines vielles démocraties, le terrorisme islamiste a continué son ignoble entreprise par des attentats kamikazes. Le président de la République lui-même a été visé dans un attentat à Batna.

Ces actions militaires se sont souvent déroulées dans une atmosphère de confusion et de ‘’flou artistique’’ au niveau des institutions de la Républiques.

Depuis les premières procédures d’établissement des listes des candidats aux élections législatives du 17 mai, des manœuvres de tous genres, faisant impliquer même des responsables de l’Exécutif, ont été menées pour faire accepter l’idée de la possibilité de la participation des responsables islamistes que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale exclut d’office de toute activité politique. Presque à la même période, Rabah Kébir, un des hauts responsables de l’ex-Fis exilé en Allemagne, regagne Alger, se fait recevoir par des personnalités du sérail et d’anciens compagnons du parti dissous. Rapidement, l’idée de la formation d’un parti islamiste sur les ruines du FIS a fait son chemin. Kébir a été rassuré (par quelle partie ?) que le projet peut tenir la route. Il n’a pas fallu plus de quelques semaines pour l’ancien exilé pour s’apercevoir de ses propres yeux que, quelque part, il a été ‘’mené en bateau’’ du fait que, quelles que soient les difficultés et les tares du système politique algérien en cette année 2007, un saut qualitatif a été fait par le pays-dans les larmes et la douleur- pour tourner la page des promoteurs de la théocratie dont les errements et les aventures ont valu à l’Algérie d’être presque renvoyée au rang de souvenir dans cette terre historique de l’Afrique du Nord. Instruit de la nouvelle réalité des choses, Kébir rejoint sans crier gare sa terre d’élection, l’Allemagne.

La page des élections législatives étant tournée- malgré les grosses déceptions des démocrates et républicains et malgré l’amertume de toute la société quant à la victoire de l’abstention-, le secret désir des islamistes, appartenant aux anciens groupes armés, de se constituer en parti fait encore son chemin par le truchement de Madani Mezreg qui a eu à exposer sur une chaîne de télévision du Golfe son plan, ses moyens et ses objectifs. Ces derniers, Mezreg ne s’en cache pas, sont toujours le ‘’djihad et la daâwa’’ (lutte et prédication). À la mi-décembre, c’est l’ancien émir Benaïcha qui a voulu ‘’rappeler à son devoir’’ le gouvernement pour une amnistie générale et une réhabilitation de l’ancien FIS.

Du dossier des faux moudjahidine-pour lequel certains acteurs ont remué ciel et terre puis se sont subitement rétractés- l’on ne connaît d’évolution que le harcèlement judiciaire contre Benyoucef Mellouk, l’ancien fonctionnaire du ministère de la Justice qui a porté sur la place publique en 1992 le dossier des ‘’magistrats faussaires’’ (se prévalant de qualité d’anciens moudjahids). Son prochain passage devant le tribunal est prévu au cours de janvier 2008.

La maladie du président de la République et les limites de la Constitution algérienne n’ont pas découragé les partisans du 3e mandat de Bouteflika pour lancer une campagne de ‘’sollicitations’’. Si, pour cet objectif, on peut amender le texte fondamental du pays, on ne peut, par contre, que prier pour atténuer la pathologie.

L’activité diplomatique a été dominée par la visite de Nicolas Sarkozy au début de décembre. La visite du secrétaire général de l’ONU, quelques jours plus tard, pour constater les dégâts de l’attentat kamikaze qui a ciblé le siège du HCR et du PNUD à Alger, paraît comme un ‘’épiphénomène’’ en comparaison avec la visite du président français. En plus des 5 milliards d’euros de contrats arrachés par les entreprises françaises, la visite de Sarkozy et l’ambiance médiatico-politique dans laquelle elle a eu lieu confirment une nouvelle fois la relation ‘’très spéciale’’, sentimentale (voire même de ‘’dépit amoureux’’ comme l’a suggéré Bouteflika au début de son premier mandat) qui lie l’Algérie à la France.

Économie : un géant au pieds d’argile

L’Accord d’association avec l’Union européenne est entré en vigueur depuis plus de deux ans (exactement le 1e septembre 2005). Des dizaines de produits ont fait l’objet de franchises douanières à partir de cette date. Mais, les effets à moyen terme attendus de ces entrées libres de marchandises de l’Union européenne sont le ‘’réveil’’ des secteurs algériens touchés par une concurrence féroce et une mise à niveau susceptible de contrebalancer les effets pervers d’une ouverture somme toute dictée par une mondialisation irrésistible des économies. D’autres ‘’secousses’’ sont aussi prévues dans le cas où notre pays accède à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce genre de difficultés n’a pas échappé aux décideurs algériens qui sont en train de négocier, au mieux des intérêts du pays, les étapes et les procédures inhérentes à cette accession. De même, le Plan de soutien à la croissance économique doté de 150 milliards de dollars et initié par le président de la République porte en lui les objectifs d’améliorer les conditions de l’investissement privé par l’installation des projets structurants de l’économie à l’exemple de l’autoroute, de l’électrification, du chemin de fer, du développement des équipements publics et des soutiens aux secteurs en difficulté comme l’agriculture.

Plus florissant que jamais, le marché pétrolier assure des recettes exceptionnelles pour le pays. À 93 dollars le baril en cette fin d’année, ce prix donne du tournis même à nos décideurs. Et pourtant, la loi de finances base les recettes de l’État sur un prix de référence de 19 dollars ! Les partis politiques trouvent ainsi, dans leur offensive anti-gouvernementale, du ‘’grain à moudre’’. Les griefs adressés à l’Algérie par les organismes financiers internationaux dans le domaine de l’action économique sont relatifs à la lenteur dans le processus de privatisation, l’immobilisme des établissements bancaires au sein desquels des surliquidités inquiétantes ont été enregistrées (elles viennent d’atteindre en cette dernière semaine de décembre 1 400 milliards de DA) et certaines procédures bureaucratiques liées à la gestion du foncier industriel.

Les spécialistes des questions financières pensent que les derniers scandales qui ont éclaboussé certains établissements bancaires publics (détournements, crédits douteux,…) et d’autres établissements privés sont la preuve que les règles administratives et managériales régissant ces institutions sont faussées à la base. Les règles prudentielles- qui ne doivent pas signifier réticence des banques à financer l’économie- doivent être accompagnées d’ingénierie financière et de procédures d’audits réguliers. Les prises de participation ou la privatisation partielle de certains établissements sont une partie de la solution pour leur mise à niveau. Mais, la remise en cause de la privatisation du CPA-opération engagée pourtant depuis 2005-, constitue assurément un handicap pour la crédibilité des autorités financières du pays.

Malgré les efforts engagés et les résultats obtenus dans le secteur hydraulique- des réalisations historiques ont été enregistrées au cours des deux dernières années-, le secteur de l’agriculture ne semble pas suivre. Les tares de la gestion rentière de l’activité censée être la première vocation du pays sont aujourd’hui incommensurables. C’est de la sécurité alimentaires des Algériens qu’il est question. La crise du lait, l’envolée des prix de la semoule, de l’huile de tournesol et des autres denrées alimentaires constituent le miroir qui rappellent la mauvaise gestion de ce secteur depuis le handicap et la rigidité liés au foncier jusqu’aux soutiens à l’importation, phénomène qui ont cassé les ressorts de l’agriculture algérienne.

Certains indices de l’économie algérienne poussent à un optimisme qu’il convient de relativiser par le contexte de leur réalisation. Il en est ainsi des chiffres fluctuants, parfois insaisissables, de l’emploi, selon qu’ils sont présentés par le gouvernement, maniés par le CNES ou triturés par l’ONS. Actuellement, le taux de chômage serait réduit à moins de 13% de la population active. L’utilisateur de ce chiffre voudrait savoir si les emplois saisonniers crées par les chantiers du bâtiment, de l’agriculture, des TUP-HIMO, ainsi que les universitaires pré-emploi …sont comptabilisés dans ce pourcentage.

Amar Naït Messaoud

A suivre

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