Nous apprenons de source bien informée qu’un groupe d’une vingtaine de harragas de la région de Tigzirt aurait réussi à faire la traversé entre la ville de Tigzirt et l’île de Palma de Majorque en Espagne.
Selon nos sources, le plan des jeunes en quête d’évasion aurait été exécuté dans la nuit de mardi à mercredi aux environs de minuit à partir du port de pêche et de plaisance de la ville de Tigzirt, qui se situe à une quarantaine de km au nord de la ville de Tizi-Ouzou. Les “évadés” seraient tous des jeunes de la région. L’opération est le sujet de discussion des citoyens de la région. Pour le moment, plusieurs versions des faits nous parviennent ça et là.
Selon des sources proches des services de sécurité, il y avait uniquement une dizaine de harragas qui auraient pris le large. Parmi ce groupe, trois jeunes ont embarqué à partir de Tigzirt et le reste à partir d’Alger. Nous avons pris contact immédiatement avec Kamel, un jeune suffisamment introduit dans le milieu des harragas, lequel nous a démenti l’information que nous avons recueillie de sources proches des services de sécurité. “ C’est faux, jusqu’à maintenant, il y a eu plus de 5 jeunes que je connaissais qui résident dans des villages de la région, ces derniers ont pris le départ à partir de Tigzirt”.
Parmi ces jeunes, deux sont du village même de Kamel. Notre interlocuteur nous a parlé de l’inquiétude et de l’angoisse qui se sont emparées des familles de ces harragas.
Certains d’entre eux ont annoncé leur absence à leur parents sous le motif qu’ils vont rechercher du travail dans d’autres villes du pays. L’information de cette évasion spectaculaire a été dévoilée depuis que plusieurs harragas ont donné des appels téléphoniques aux membres de leurs familles leur annonçant qu’ils ont réussi à rejoindre l’île de Palma de Majorque en Espagne sains et saufs. Et Kamel de nous donner d’autres détails sur cette opération harragas : “ J’ai remarqué, ces derniers jours, un petit bateau étranger, un hors bord, qui rôdait près de nos côtes. C’était ce même petit bateau qui aurait été loué par le groupe pour effectuer la traversée”. Selon d’autres sources, l’embarcation appartenait à un pêcheur de la région. Kamel nous donne une autre précision : “ C’était la deuxiéme tentative de ce groupe de rejoindre l’Europe. Il y a quelques semaines, le groupe a rebroussé chemin au large suite à un problème mécanique qu’ils ont rencontré”. Cette évasion confirme les informations que nous avons rapportées dans notre journal, à travers un reportage consacré aux harragas à Tigzirt il y a quelques mois. Quelques jours après la parution dudit reportage, nous avons reçu des appels anonymes provenant de jeunes qui se plaignaient, à travers des menaces à peine voilées, d’avoir saboté leur plan d’évasion.
Dans ce reportage, nous avons parlé d’un voyage qui se préparait à partir de Tigzirt, jusqu’en Espagne pour un prix de 16 millions de centimes la place. Qu’importe les détails de l’opération, l’inquiétude est que le phénomène des harragas est une réalité à Tigzirt, à l’instar des autres villes du pays. A défaut de perspectives d’avenir, les jeunes livrés à eux-mêmes face à la misère, ne trouvent de solutions que dans ces aventures au péril de leurs vies.
Mourad Hammami