Aigle Azur, l’ami des Algériens d’Alsace

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De notre envoyé spécial à Mulhouse Djaffar Chilab

Devant le stand de la plus grande algérienne des compagnies aériennes françaises :0 Aigle Azur, l’ambiance est sereine. Face aux comptoirs d’enregistrement des voyageurs en partance sur Mulhouse, l’affluence est plutôt fluide. Pas beaucoup de monde, c’est aéré, les mines plutôt joviales, tout se passait bien… l’hôtesse d’accueil de la compagnie, le sourire aux lèvres, après vérification des passeports et billets, oriente tranquillement les voyageurs. Plus en avant, les agents de comptoirs les accueillent avec autant de courtoisie. Entre deux enregistrements, ces derniers expliquent les avantages du billet électronique auquel s’est mise la compagnie dernièrement. Maintenant même si par imprudence vous perdez votre billet, le jour du voyage il vous suffira de vous présenter à l’aéroport de votre départ muni de votre passeport et la carte d’accès vous sera délivré tout de suite puisque la réservation est sauvegardée. Dans la file qui avance, Nordine, un prénom qui sonne quelque peu bizarre pour ce vieux retraité au visage sillonné par les rides, dit dans un français « kabylisé », son sentiment sans invitation à cette bonne femme, qui lui emboitait le pas sur le tracé et dans l’âge : « Franchement depuis qu’il y a cette desserte directe sur Mulhouse on est vraiment gâtés. Avant, il fallait aller sur Marseille ou Lyon pour rallier ensuite l’Alsace par train. On en avait pour toute une nuit en locomotive pour enfin rallier Mulhouse le lendemain. Je me rappelle encore même des horaires. De préférence, il fallait prendre un vol d’après-midi à partir d’Alger pour ne pas trop attendre à Marseille, car le train démarre de la gare Saint-Charles à dix heures du soir. On arrivait à Mulhouse au petit matin, vers cinq heures. C’était à l’époque où je travaillait là-bas. Maintenant je suis à la retraite, on n’a plus les mêmes forces. On se fait vieux. D’ailleurs je ne prend plus de grands bagages avec moi, juste ce sac, j’y vais pour à peine trois, quatre jours, une fois tous les six mois pour ma carte de résidence ». Ah ! la fameuse résidence… La dame le suivra juste d’un hochement de tête comme pour lui expliquer qu’elle approuve. Et au vieux de revenir à la charge comme un adolescent qui tente sa chance d’enclencher une discussion de séduction : « Et vous faites quoi là-bas ? » insiste-t-il. « Jaya m’Chlef »(je viens de Chlef) se contentera-t-elle de lui répondre. Le vieux Nordine mettra du temps pour réaliser que la bonne femme était sourde… Le foulard lui cachait bien l’oreillette apparemment défectueuse qu’elle portait. Mais ça ne semblait pas déranger le vieux… Malheureusement pour lui, dans l’avion il se retrouvera à une dizaine de rangées de sa « conquête ».

Les hôtesses mannequins, le poulet Brazil et le ciel…azur de l’extérieur

L’appareil, un Airbus 320, est visiblement neuf : grand, spacieux, propre, très bien entretenu et, en prime, un personnel de bord très accueillant. Après un embarquement dans la tranquillité et les rituelles consignes de sécurité, le décollage a eu lieu pile à l’heure prévue, à midi tapante. Dans le ciel, des journaux, des magazines, un repas, et des boissons chaudes sont servis avec un radieux sourire des charmantes hôtesses qui vous font croire par moment que vous êtes à un défilé de mannequins avec leurs incessants va-et-vient. Elles sont aux petits soins avec tout le monde. Les stewards, aussi du reste. Au menu du repas chaud…«le poulet Brazil ». Pas facile à décrire. Bref, c’est du poulet, des pommes sautées et des tas d’ingrédients malaxés dans une sauce qui vire à de la confiture. Le tout avec une mention de garantie que le plat ne contient pas de porc. Il y a tout de même certains qui se diront dommage ! Des nouvelles de la presse sont aussi intéressantes à déguster… Aujourd’hui on rapporte que Kiefer Sutherland sortira de prison aujourd’hui, lundi, après quarante jours passés derrière les barreaux de la prison Glendale en Californie. Il avait été incarcéré pour conduite en état d’ivresse. Le nom ne vous dit peut-être rien ? Il s’agit du héros de la série « 24 ». La cellule antiterroristes, tous ces informaticiens toujours branchés sur leur écran, la fille du ministre de la Défense… D’un monde à un autre, dehors, la météo est très clémente et le ciel franchement…azur. La vue à travers les hublot est superbe. L’aigle survole tranquillement la Méditerranée, puis les plaines et les montagnes françaises enneigées. Ca fait penser à beaucoup de choses : A la fameuse chanson L’hirondelle de Slimane Azem, à Djurdjura, Nicholas Hulot, Ushuaïa TV… Par moment on avait l’impression que les cimes des montagnes chichement recouvertes de neige étaient à portée…des pieds. Le beau soleil en rajoutait à la vue, c’est sans doute ce qu’on appelle avoir plein la vue ! Des gouttes d’eau se détachaient inlassablement des larges ailes de l’avion toutes mouillées par le froid glacial du ciel… Un autre spectacle à lui seul. Il y avait de quoi cédé à la tentation qu’éveille le passage du chariot garni en différentes marque de whisky et d’autres présents proposés par le service commercial à bord. C’était juste avant que les hauts parleurs n’annoncent l’amorce de la descente sur l’aéroport de Mulhouse. Quelques minutes après, l’appareil atterrit en douceur sur le tarmac de Bâles. Une mention complète pour le commandant de bord. Les formalités d’usage auprès des services de police des douanes françaises se font avec beaucoup de correction. Deux sorties sont néanmoins distinguées pour quitter l’aéroport : Il y a la sortie Suisse d’un côté et la sortie France et Allemagne de l’autre. C’est que ici, on est à une frontière triple. Il suffit de tourner le regard : A droite la Suisse, à gauche Mulhouse de la France, et au Nord l’Allemagne. Une forte communauté algérienne y vit ici. La pluspart des émigrés anciens dont une bonne partie de Kabyles ont toujours travaillé dans le bâtiment, la manufacture, la grande société alsacienne d’antan de la fonderie, Peugeot, Renault, les mines… En somme, dans des secteurs pas tout à fait cléments… Avec le temps, certains ont fini par concrétiser leurs vœux de faire venir leurs familles, et d’autres à se faire une situation meilleure en lançant leurs propres affaires. Aigle Azur leur est venu comme un cadeau en bonus qui les accompagne et les soulage leur permettant de garder un lien constant, court et très proche avec leur pays d’origine. C’est à peine deux heures d’un vol agréable. Au fait, le vieux Nordine a quitté l’aéroport de Bâles en route pour Mulhouse, seul…

D. C.

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