»L’ouverture audiovisuelle est plus que nécessaire »

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Cela va de soi ; Le film retraçant le parcours de la diva de la chanson kabyle a subjugué le public.

Résumé : Le film retrace la vie de la défunte,depuis sa naissance en 1924, jusqu’à sa mort, en 1981.C’est le vécu de la chanteuse qui est porté à l’écran pour dire le  » destin tragique et romanesque,souvent comparé à celui d’Edith Piaf « .

Cette dame,dont le nom figure en bonne place dans le répertoire culturel et artistique contemporain de l’Algérie, devient célèbre grâce à sa voix particulière qui oxygène la radio dans les années 50, mais aussi, grâce au ton et au thèmes qu’elle interprète. Au cours de notre rencontre, Sami Allal nous parle de cinéma avec passion et dévouement. Dans l’entretien qui suit, il répond aimablement à nos questions.

Biographie express :

Né le 26 mai 1975 à H. Dey (Alger). Avant de terminer ses études de BTS en commerce international, il se lance dans des études d’arts dramatiques au Conservatoire central d’Alger en 1999.Il commença avec Si Muh U Mhend de R. Benallal et de Y. Khodja, avec lesquels le coréalisateur avoue qu’il a appris beaucoup de choses, en tant qu’acteur et assistant monteur.

Acteur dans les feuilletons consacrés à Iguerbouchéne et Ksentini et avec Le regard d’enfant de Lamine Merbah. Il participe à la préparation du film Arezki, l’indigène de Djamel Bendeddouche.

L’aventure continue avec la série TV May ! ya May !il enchaîne par une activité théâtrale, dont plusieurs de Muhya, avec une pièce intitulée : tel est maître,tel est chien.Puis,il réalise trois clips avec Hassen Abani dans la chanson Dayen.

Le couronnement est venu avec le court métrage le curieux récompensé par le prix d’encouragement du jury en 2007,au cours de la septième édition du Festival du film amazigh,à Tlemcen.

DDK : L’aventure de Sétif s’est avérée fructueuse, vous attendiez-vous à cette récompense ?

On a eu l’Olivier d’or, malgré la mauvaise diffusion du film. Cinq à dix minutes étaient de qualité mauvaise, mais l’important c’est que, selon les échos, le public a apprécié le documentaire. Le documentaire a été fait avec beaucoup de cœur ; on a veillé à ce que le montage soit fait dans le cadre du respect des techniques cinématographiques : Montage, mixage, réalisation …Et puis, le texte original sur lequel on a travaillé, de R. Hamoudi, est profond et de qualité. On y trouve tout ce qui est relatif à la vie de H’nifa, de son vrai nom Ighil L’ârbaa Zoubida. Quoi qu’il était destiné à un livre, on a procédé à la sélection des paragraphes tout en gardant l’axe principal. Le produit est au cinéma Alegria, en avant-première, le 23 de ce mois….

Le film est-il inscrit à d’autres manifestations ?

Le film est inscrit au Festival de Tetouan (fin mars 2008), au Maroc, la commercialisation du produit est la plus importante. Il y’aura un DVD en trois versions ; en arabe, en tamazight, et en français, qui sera accompagné d’un roman sur la vie de H’Nifa. On est inscrit à d’autres festivals, celui d’Agadir (Maroc), en Egypte, au Canada, et en France. Les contacts sont entrepris, on attend les réponses pour envoyer les copies. Certains festivals sont exigeants …le sous titrage en anglais, accompagnement de DVD…etc.

On a eu des échos que vous seriez sur un projet…Q’en est-il ?

La même équipe : Rachid Hamoudi, Ramdane Iftini et moi-même, préparons un film documentaire (fiction) sur l’opération L’oiseau bleu : Vers 1956 une opération d’espionnage guidée par Krim Belkacem, Ahmed Zaidat et de leurs compagnons se faisant passer pour des harkasse proposant de mener une guérilla du côté des Français, alors que ce n’est qu’un subterfuge et une machination pour soutirer des armes à l’armée française. Je suis aussi dans le rôle de Krim Belkacem dans le film de Ben Boulaid de A. Rachedi. Aussi, je travaille sur un texte de Muhya dans un monologue Urgwa-gh Mmuta-gh qui sera fin prêt cette année…Vous savez, Muhya mérite tant !  » Tamacahutt N’Dda Muh « , un autre de ses textes, sera adapté au cinéma, en film fiction de 1h30mn.Le projet est en phase d’écriture. Outre, un court métrage. Sans commentaire (ça parle de fugue) que je ferai en collaboration avec ma femme qui est scripte de profession.

Parlez-nous du personnage (H’nifa) et du décor du film,… son choix par rapport aux différentes périodes vécues par la chanteuse.

Cela porte essentiellement sur la vie de H’Nifa.On retrouve les grands événements historiques de 1924 à1981. On a replacé l’artiste dans le contexte de son temps, dans ses différentes phases, tout en faisant référence aux autres événements de l’époque. La diffusion de l’émission radiophonique en kabyle en 1924, la création de la Radio en 1948, la guerre de Libération, l’Indépendance, les années 70 (pop music) …A travers son histoire on parle de l’évolution de la musique en Algérie : andalou, chaâbi, kabyle,…Des figures de proues de la chanson kabyle : Cix Noureddine et les autres. S’agissant des décors, cela s’est passé à La Casbah, dans son village natal, en Kabylie et en France.

Un aperçu sur le statut de la femme… ?

H’Nifa est une révoltée, voire une insoumise. Elle s’est mariée quatre fois. Ce qui explique ses échecs répétitifs, c’est son mécontentement, son refus du statut et de la condition de la femme de l’époque. C’est elle qui quitte, avant d’être répudiée. La première fois,- en 1942- à 18 ans, elle a carrément fugué de son domicile conjugal, quelques mois après son premier mariage.

Au fait, pourquoi son assimilation à Edith Piaf ?

C’est les gens qui le disent. D’après ce que raconte Rachid Hamoudi ; en 1993, lors d’un hommage qui lui était rendu, les gens étaient allés se recueillir sur sa tombe à El Alia. Une fois la foule sur les lieux, personne ne se souvenait vraiment de sa tombe. Cherif Kheddam dira que c’est véritablement une Edith Piaf kabyle ! Ce qui a donné à réfléchir à R. Hamoudi puis, il s’est interrogé: Pourquoi sur E. Piaf il y a tant d’ouvrages, alors que sur H’Nifa il n’y a aucun écrit ? C’était le début d’un long travail de recherche qui a abouti à l’actuel fruit, le film et le roman.

Que diriez-vous aux jeunes,…aux passionnés de cinéma ?

Dès le début, c’était une formidable aventure, sachant que j’ai fait de l’assistanat, du montage et de la réalisation. Je découvre le personnage de H’nifa sous toute ses facettes. Je suis né au moment où elle a commencé son déclin, le début des pires moments de sa vie hélas ! Nous qui étions portés sur Idir, Matoub et Ait-Menguellet, Takfarinas…..Je conseille aux jeunes de voir des films, des documentaires pour découvrir tant de choses et surtout lire car, à travers la lecture, on nourrit l’esprit et on étend son imaginaire.

Comment évaluez- vous le cinéma dans notre pays ?

En gros, après une longue période de léthargie, cette année il y a eu des productions en arabe, en tamazight mais à mon avis, selon les films que j’ai pu voir, il y’a lacune quant au travail de finalisation des œuvres. La majorité des cinéastes parlent du manque de moyens, ce qui est vrai ; mais les lacunes portent sur d’autres volets. N’oublions pas la rigueur ; Mon souhait est que tous les cinéastes se consacrent pleinement à leurs œuvres pour rentabiliser et utiliser à bon escient les budgets alloués, tout en évitant le bricolage. Il vaut mieux éliminer une scène qui revient chère que de la bâcler.

Selon vous, que faut-il faire pour relancer le cinéma ?

Encore et encore, il faut de l’argent pour tenir des manifestations cycliques. Et bien sûr, un suivi régulier pour produire chaque année. Il ne faut pas oublier le volet formation qui est un chapitre essentiel. Nous les jeunes, au début, on s’est formé sur le tas.

Maintenant il faut des instituts, des conservatoires pour former des spécialistes. N’oublions pas la réglementation qu’il faudrait revoir et améliorer. Aussi, il faut faciliter l’aboutissement des scénarios au niveau de la Télévision et du ministère. L’ouverture audiovisuelle s’avère plus que nécessaire ; l’existence de plusieurs chaînes favoriserait la concurrence loyale. Cela, en passant par la réhabilitation des salles de cinéma et des ciné-clubs.

Propos recueillis par Ahmed Kessi

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