Strasbourg à la mine grise, et aux vraies blondes…

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De notre envoyé spécial à Strasbourg Djaffar Chilab

Pas de retard de trains, pas d’encombrement, pas de grève, pas d’imprévus… Au contraire, tout est prévu. Midi moins quart, c’est juste ça. Impossible que ça soit midi et quart. Chez les gens d’ici, le temps a une grande signification. On ne connaît pas encore « chaque retard a son bienfait…», c’est pas arrivé ici ! Finalement voyager en train est vraiment un plaisir. C’est beau, c’est bien, pas d’ennuis, pas de risques d’agressions, rien ! En plus on se retrouve, sans rien demander, souvent bien accompagné… Tenez juste votre place et gardez-en une de libre à côté, et le Bon Dieu vous enverra une… Mardi matin, l’ambiance était franchement conviviale, et agréable dans cette quatrième voiture (On appelle ainsi les wagons en Alsace). Plein de jeunes filles, quelques vieilles dames, mais aussi des moustachus, et sans… Ça papotait en groupes, entre collègues, camarades, copains copines.

D’autres, seuls préfèrent restés connectés à leurs portables. Au fait, ici le portable ce n’est pas fait pour biper, on regarde la télé avec. Et c’est courant ! Le MP3 passe déjà pour une vieille casserole ! Le voyage a mis du temps mais comme les heures restent bien ordonnées, on ne sent pas le temps passer. La gare centrale de Strasbourg. Le train qui démarrait de Bâle(Suisse) s’est arrêté juste à l’heure prévue avant de reprendre les rails sur Nancy. Sur place, la première chose qui vous frappe à mettre pied à terre c’est le froid. La région est habituée à ce climat. Pas besoin de consulter Larousse pour bien comprendre le sens d’avoir froid dans le dos. La signification la plus juste est à Strasbourg. Ici, le froid on le sent, on le ressent, il fait mal, il agresse, il pique… Dehors, tout le monde sort avec son cache-nez, son manteau. Mais ce n’est pas exclu de croiser des bras en demi-manches sous les toits.

Strasboug, une ville très “cousine” de l’Allemagne

Dans l’enceinte de la gare c’est bien chauffé. Très bien chauffé même. Elle est haute, immense et très originale. Surtout ce hall d’entrée fait telle une grande bulle en verre. C’est transparent, c’est beau, très esthétique, en plus vous avez la température d’un appartement bien chauffé, c’est original. Avec toutes les commodités. Vous avez à manger, à boire, à retirer de l’argent, à lire, à vous soigner, à pisser, à chier… Tout à portée de main ya boreb ! Et on se sent plus sécurisé que chez soi.

Un peu trop même. La police des frontières est omniprésente. C’est une élite “combinée” en bleu, police, et en vert polized qui veille. Aucune chance de passer inaperçu si vous n’êtes pas du coin. Ici n’est pas brun qui le veut. Dit moins gentiment, les gueules du Sud sont vites repérées. Alors là, les Chinois… Mais ils sont uniques ceux-là. Très uniques même. A Strasbourg, la blonde aux yeux bleus n’a aucun effet sur le reste. Il y en a tellement. Elles le sont presque toutes. Et tous d’ailleurs. Et puis y a rien à expliquer, c’est une affaire…d’ADN. C’est clair, quand le teint n’est pas net, y a du louche…à l’origine. Les agents de police sont toutefois d’une correction exemplaire ! Sympa aussi. Dehors, devant la big gare centrale, une étendue de belles choses : Une vaste esplanade verte très entretenue, simple et agréable architecture, des fresques artistiques, des feux multicolores, tous les dix mètres, régulent la circulation très fluide et illuminent la place assimilée à celle du centre de l’Europe avec cette multitudes de drapeaux des Etats Schengen s’élevant vers le ciel.

L’œil ne s’en lasse pas malgré la grise mine de la ville. Des petites pluies “se lâchent” par intermittence. On ne voit pas grand-chose en haut avec le brouillard qui enveloppe la cité. C’est comme si le ciel brouillant est descendu d’un cran. Peut-être que réellement ici on est plus près du dieu. Ils ont tellement tout… Le gazon, les fleurs, les routes et les femmes bien faites, la gentillesse, la bière à gogo, un président amoureux de sa compagne, la propreté, le savoir-vivre, le respect de l’autre, la confiance en leur femme… Tout, même l’eau à plein temps en été ! A Strasbourg, comme partout ailleurs en France leurs soucis sont d’un autre genre. Vu de chez nous, ils paraîtraient du luxe. Tout court.

La France a été par exemple condamnée avant-hier par la Cour européenne des droits de l’homme à payer 10 000 euros de dédommagement pour avoir refusé l’adoption d’un enfant à un couple homosexuel… Ça ne changera pas grand-chose puisque les Etats restent souverains dans l’application de sa législation mais la condamnation a sa portée symbolique sur la place européenne. Le président de l’Association des gays et des lesbiennes crie victoire… Ceux qui n’ont pas de problèmes de…sexe, évoquent plus la « saloperie » Nokia en Allemagne. Le fabriquant a décidé la fermeture de son usine pour la délocaliser en Roumanie. Du coup c’est plusieurs centaines d’employés qui se muent en chomeurs. Des officiels allemands ont réagi en rendant leurs appareils à la marque, et des syndicats ont carrément appelé à boycotter les produits Nokia. C’est une grande première en terre germanique. Dans une autre catégorie, les lycéens français ne font pas grève. Mais ils font l’actualité aussi. Paraît-il, ils se…soûlent de bon matin avant d’aller à l’école. Va savoir ce qui les prend ! Pas tous heureusement. Ils appellent ça le « binge drinking », boire rapidement jusqu’à l’ivresse, un phénomène nouveau à la mode chez les adolescents. Ça inquiète sérieusement l’opinion. Un numéro spécial « Ecoute Alcool » a été d’ailleurs mis en place. Voilà qui cadre bien avec le temps éméché de Strasbourg. Le brouillard descendant sur la ville confirme la météo familière à l’Allemagne. «Pour aller à Stuttgart, il faut juste traverser le pont, là-bas, et prendre à droite». La ville s’anime quelque peu malgré la grisaille. Sous un temps pareil, difficile de faire la différence entre le matin et le soir. Sans une montre, il n’y a que la tombée de la nuit pour vous fixer. Dans les navettes couvrant l’espace urbain, le vert domine… Les belles blondes rivalisent bien !

Dans le bureau du consul général d’Algérie…

Direction le consulat général d’Algérie implanté en dehors du centre-ville. Plus exactement sur la route de Shirmeck. Une villa qui ressemble aux autres dans le voisinage.

Le drapeau national flottant sur la bâtisse la singularise toutefois. Une fois le portail franchi, une grande cour vous accueille avec au bout les locaux administratifs. Pas vraiment beaucoup de monde dans la salle d’attente. Il faut dire que le service est rapide et de qualité témoignent plusieurs voix. «Depuis qu’il y a eu l’ouverture de ce consulat, on a été vraiment soulagé. Avant, on devait aller jusqu’à Nancy pour un simple papier. Maintenant, vous voyez, vous avez votre passeport, votre carte d’immatriculation en un quart d’heure. Même si vous avez oublié quoi que ce soit les agents sont très à l’écoute. Vous pouvez même faire des photos, des photocopies sur place, c’est bien !» «On sent vraiment qu’on a envie de nous faciliter la tâche, pas de bureaucratie. Pour refaire votre passeport, plus besoin de vous faire un tas de papiers au bled qui vous parviennent dix voire vingt jours après. Maintenant, il suffit de remettre votre ancien document, des justificatifs de revenu, de résidence, deux photos, et les taxes à payer. Quelques minutes, et on vous appelle pour signer.» C’est là les dividendes du nouveau consul général Rabah Larbi, très à cheval dans sa mission. Il est en poste depuis deux ans. Il semble bien s’en sortir pour sa première expérience en tant que consul. Dans son bureau, il nous recevait avec beaucoup de courtoisie en compagnie de son assistant, le consul général adjoint, Lounis Boubeker, originaire de la petite Kabylie. Décidément ils sont partout ces Kabyles… Il n’avait pas beaucoup de temps mais il s’est prêté avec suffisamment de disponibilité. «En plus du quotidien, on est un peu pris par la préparation de la visite de notre président de l’assemblée qu’on attend pour demain», s’expliquait-il. Ziari devait débarquer hier à Strasbourg. Il était prévu qu’il intervienne à la plénière du conseil de l’Europe prévue dans la journée. Le représentant de Bouteflika devait faire une communication plaidoirie pour le renforcement de la coopération entre l’Europe et les pays du Maghreb. “Mais sinon «tout va pour le mieux pour notre communauté ici. On est là à les servir dans le cadre de la loi. C’est notre mission et Dieu merci tout se passe bien.» Les derniers chiffres officiels situent le nombre des nationaux immatriculés au consulat général de Strasbourg à quelque 35 450 sujets. Ils sont répartis sur les trois départements que couvre la représentation à savoir celui du Haut Rhin (68) avec 19 594 immatriculés, le Bas Rhin (67) avec 13 545, et le Les Vosges avec 2 311. L’évolution des nouvelles inscriptions est par ailleurs à la baisse puisque seuls 799 nouveaux dossiers ont été enregistrés en 2007 contre 1 050 en 2006. C’est des données sérieuses. Tout comme l’information des blondes qui courent les rues à Strasbourg. En plus, elles sont vraies…

D.C

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