Les responsables de la discorde

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Effarant, le mot est lancé. En effet, le constat établi au sein de nos campus laisse perplexe et ce, vu la mauvaise gestion ainsi que l’esprit malsain qui règne dans ces structures où corruption et détournement de biens cohabitent. Dernière en date, l’affaire du directeur des œuvres universitaires de Tizi-Ouzou, qui a été pris en flagrant délit de corruption dans un hôtel de la capitale. Il est actuellement en détention. Un recteur d’université a été pris lui aussi en flagrant délit de corruption, mais surtout la grogne qu’a soulevée la mauvaise gestion des structures universitaires dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Pour comprendre l’étendue des dégâts, il faut se rendre au sein même de ces cités. Le constat est désolant et alarmant: juste pour pouvoir déjeuner l’étudiant doit patienter plusieurs heures pour à la fin se voir servir, dans un manque flagrant d’hygiène, un repas qui rebuterait même un sdf. Les étudiants se bousculaient pour nous livrer leurs sentiments: « On est entassé dans des chambres à six sans aucune hygiène,même les sanitaires sont dans un état affreux, et ce, sans parler des couloirs où cafards et autres parasites se côtoient. » En effet, nous constatons par nous-mêmes les dégâts occasionnés par la mauvaise gestion et la négligence du personnel de ces cités, et ce, en dépit du budget mis à la disposition des campus. Alors une question reste posée: où va tout cet argent ?

Tous les étudiants rencontrés réclament la démission de leurs directeurs, et ce dans plusieurs cités, en leur imputant la dégradation de leur cadre de vie à l’intérieur de ces cités. Et les premiers fustigés sont les économes car en dépit des moyens que leur donne l’Etat, la nourriture reste toujours déplorable et parfois infecte, alors comment ces responsables se débrouillent-ils ? Existe-il un réseau de détournement ? Un étudiant nous confie qu’ » au lieu d’acheter des produits de qualité, ils préfèrent nous empoisonner en achetant des produits bas de gamme pour ainsi détourner l’argent à leur compte. » Cette pratique existe bel et bien, en témoigne cet ancien employé qui s’est vu offrir un pot de vin pour, disait-il, effectuer des achats en dessous du budget accordé à cet effet  » je n’avais pas le choix j’ai des gosses à nourrir, » nous lance t-il. Pathétique réalité pour un système déjà fragilisé par une absence flagrante de gestion ainsi que d’infrastructures et de compétences.  » Comment voulez-vous qu’on étudie dans des conditions pareilles alors qu’on est entassé comme des sardines dans les chambres ? Ces énergumènes doivent être jetés en prison ils méritent les pires des chatiments pendant que eux mènent une vie paisible nous on souffre le martyre et ce, sans parler du mépris des agents de sécurité, c’est le monde à l’envers, » déplore un étudiant.

Une autre source nous révèle l’existence de personnes étrangères qui n’ont rien à voir avec les campus et qui payent des sommes d’argent clandestinement pour bénéficier d’une chambre: » Ce sont des employés qui viennent de loin et résident ici en bénéficiant de chambres individuelles clandestinement et ce pourvu qu’ils payent leur loyer tandis que nous on est entassé dans de minuscules chambres. » Ainsi nos campus se transforment en motels et les responsables ferment les yeux face à cet état de faits.

Sans pour autant jeter un pavé dans la mare, la complicité de tout une brochette de responsables des campus nous renseigne bien sur la fragilité de ces structures livrées à elles-mêmes sans que personne ne daigne lever le moindre doigt pour clamer haut et fort cette situation déplorable sans pour autant verser dans la fatalité de cette réalité persistante.

Qu’attend l’Etat pour réagir et mettre un terme à ces pratiques ainsi qu’à la mauvaise gestion et laisser place aux vraies compétences pour permettre ainsi aux étudiants et notre élite de demain de mener une vie digne afin de poursuivre leurs études dans de meilleures conditions ?. L’Etat qui ne cesse de critiquer la fuite de nos étudiants et universitaires semble ignorer les vraies raisons de cet exode massif. Un étudiant pour réussir doit avoir toutes les conditions lui permettant une bonne prise en charge comme cela se fait dans d’autres pays car l’université est le moteur et vecteur essentiels du développement de chaque nation.

En somme, la vie de l’étudiant dans les campus est lamentable, aucune condition de dignité humaine pour des jeunes en quête de savoir n’existe, alors s’il vous plait cessez le bricolage et arrêtez le massacre !

Hacène Merbouti

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