La violence conjugale et celle contre les mineurs a été le thème de la table ronde organisée, hier, au centre de presse d’El Moudjahid à Alger. Un panel d’invités était présent pour la circonstance. Des spécialistes et représentants du mouvement associatif étaient aussi conviés à la table ronde, et ce, afin de débattre le thème de la violence.
«Depuis l’année 1966, le Code pénal a changé dans le but d’être conforme avec les événements actuels dans la société algérienne », dira maître Merouane Azi, responsable de la cellule de réconciliation nationale. Il a également signalé que « le divorce est la première cause de la délinquance des enfants, lesquels se retrouvent dans la rue avec leurs mères ».
De ce fait, le Code de la famille considère les enfants comme étant les seules victimes exposées à de diverses agressions. Pour lutter contre ce phénoméne, une loi a été promulguée afin d’obliger le mari à mettre à la disposition des enfants un toitw ainsi qu’à leur mère, même si cette dernière est la cause du divorce. Par ailleurs, si le mari n’a pas les moyens de lui procurer un logement, il doit lui payer un loyer. A cet effet, Me Merouane estime que « le Code pénal et le Code de la famille ne suffisent pas pour mettre fin à ce phénomène ».
Dans son intervention, Mme Khaira Imessaoudane, commissaire principale à la Direction de la police judiciaire, s’est dit « mécontente » de ce phénomène qui prend de l’ampleur dans la société algérienne, en estimant que « la violence conjugale augmente en allant vers le Nord, à savoir, Alger, Oran et Annaba, alors qu’on se dirigeant vers le Sud, le taux de la violence diminue».
En ce qui concerne le taux de la violence contre les femmes, il a atteint 8 277 femmes ayant déposé plainte à l’échelle nationale, dont 5 316 ont subi des sévices corporels. En outre, sur 2 511 cas de maltraitance, 174 ont subi des harcèlements sexuels alors que 20 femmes ont été assassinées en 2007. S’agissant de la violence contre les mineurs qualifiée d’ «acte terroriste», la commissaire principale a révélé que le taux de violence a atteint 4 875 enfants en 2007 contre 5 760 en 2006, en indiquant que « cette diminution est due à la conscience des Algériens ». En effet, 2 803 enfants ont subi des sévices corporels, 1 546 cas de harcèlements sexuels, ainsi que 146 cas d’enlèvements dont 25 enfants ont trouvé la mort. Devant ce chiffre effarant, Mme Imessaoudane a tenu à appeler les parents à veiller sur leurs enfants, et ce, dans le but d’épargner ces actes criminels aux enfants, en estimant qu’« il faut qu’il y ait une responsabilité des parents », ainsi, a-t-elle ajouté, « il faut également qu’ils apprennent à s’inquiéter ». Pour sa part,
M. Abdelhak Meki, directeur exécutif à la Forem, a souligné que « la violence contre les enfants est beaucoup plus complexe que celle contre les femmes ». Et d’ajouter que « c’est pour cela qu’il faut porter des éléments de sensibilisation à la société ». Il a aussi précisé que le taux de violence est de 51% dans les lieux publics, outre 2% de femmes violées dans les lieux de travail. M. Meki a signalé que la femme algérienne a cassé le tabou, car 10 000 femmes ont protesté auprès du secteur sanitaire et de la Police judiciaire contre cet état de fait.
Lemya Ouchenir