Les ailes brisées
Vois ce que les jours nous ont réservé !
Si je m’étais bien conduit à ton égard,
Aujourd’hui, je ne serais pas resté seul.
Mon cœur par le péché est aveuglé
Et par les peines démembré.
Dans le désert, je me suis brisé les ailes.
Les vautours se sont attaqués à ton sort ;
Personne ne les en a délogés ;
Ils l’ont dépecé en plein jour.
Si tu avais heureuse fortune,
Tu ressemblerais à tes congénères :
Tes ramures porteraient ombrage.
Mieux eut valu ne pas te rencontrer.
Si l’on ne s’était pas donné parole,
Je me serais bien résigné.
Ton ciel se charge de gros nuages,
Et un fleuve de soucis
Te lapide par le souvenir.
Moi, je suis de fer et ton péché est l’aimant.
La fougue hante tout mon être ;
Elle ne cherche que moi.
Aujourd’hui, tu as un enfant ; grand bien te fasse !
Moi, comme un oiseau,
Partout on m’a tendu des pièges.
Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;
Présentez vos condoléances :
il est mort.
J’ai laissé mon cœur livré aux algues qui le rongent
Et me disais que la jeunesse est encore à vivre.
Or, qu’il est pour moi trop tard,
Traîné dans les crues !
Mes flancs copieusement souillés,
Je plonge dans le giron de la tourmente.
Fut-ce en payant forte rançon,
Je ne saurais sauver mon âme.
Aveuglément, j’ai suivi les conseil des ennemis ;
Mes problèmes s’en sont enchevêtrés,
Et ma voix s’est perdue dans un puits.
Ma voix s’est perdue dans un puits,
Personne ne pourra m’entendre si je crie.
Sur mon cœur j’ai placé une pierre ;
Présentez vos condoléances :
il est mort.
Traduction :
Amar Naït Messaoud
