L’empreinte d’un géant

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Linguiste et dramaturge, Mouloud Mammeri est un immense romancier de la littérature algérienne et de la culture berbère d’expression française. Il a inscrit son nom avec les plus grands romanciers, tels Mouloud Feraoun ou Kateb Yacine. Romancier engagé, Mouloud Mammeri s’est imposé comme le maître de l’art et de la littérature en Algérie et à l’étranger et cela par sa noble vision de la littérature. Il disait en ce sens :  » La vocation de l’écrivain est justement de toujours rappeler les hommes à leur humanité, de toujours leur dire que l’humanité n’est jamais parfaite, jamais entière « . Il avait beaucoup contribué afin de propulser la littérature algérienne d’expression française vers la lumière. Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoune dans la commune d’Ath Yanni, il fait les premiers pas de son parcours éducatif dans son village natal, à l’âge de 11 ans, il se rend chez son oncle à Rabat au (Maroc) où il poursuit ses études secondaires au lycée Gouraud. Quatre ans plus tard, il est de retour au pays où il achève ses études secondaires au lycée Bugeaud, il se rend ensuite à Paris où il poursuit ses études au lycée Louis, afin de préparer l’Ecole normale supérieure. En 1938, il publie une série d’articles dans la revue Aguedal Rabat sur la société et la population berbère mobilisées pendant la Seconde guerre mondiale, il se consacre à l’écriture d’expression francaise. Il sera emprisonné un certain temps par l’armée coloniale. A sa libération, il intègre la faculté de lettres d’Algérie en 1947, suite à sa brillante réussite au concours de professorat de lettres de Paris, il exerce comme enseignant à Médéa puis à la faculté de Ben Aknoun d’Alger. L’année 1952 fut pour lui l’année de la consécration en publiant son premier roman la Colline oubliée, pour lequel il est récompensé par le prix Des quatre jurés ainsi que le Prix littéraire. Il disait « cette œuvre, c’est le tuf ancestral, celui sur lequel tout le reste allait pousser « , viennent ensuite trois grands succès qu’il résume ainsi Le sommeil du juste en 1955  » c’est le lieu des situations bloquées et qui appellent à en sortir « . Son plus grand succès reste le légendaire roman L’opium et le bâton en 1965 qu’il résume ainsi  » c’est l’épreuve de la libération  » et enfin La traversée en 1982 le roman sur lequel il disait « c’est les lendemains des fêtes. » Son parcours de militant prend acte au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération où il est connu sous le nom de guerre  » Si Mabrouk, » il participe activement et amplement à la cause nationale. Il était en effet l’auteur de plusieurs articles de presse, dont notamment la rédaction d’un texte capital qu’il déstine à l’ONU défendant ainsi la cause nationale et dénonçant les crimes commis par l’envahisseur ainsi que la torture. En 1957, ciblé par l’armée coloniale, il s’exile au Maroc où il réside jusqu’à l’Indépendance. De retour en Algérie, Mouloud Mammeri occupe plusieurs postes de responsabilité dont celui de professeur à l’université d’Alger où il préside l’Union des écrivains algériens. De 1969 et ce, jusqu’en 1980, il est à la tête du centre des recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnologiques (Carpe), il élabore un lexique en tamazight qui s’intitule (Amawal) et dirige la revue Lybica, un bulletin scientifique. En 1982, il fonde à Paris le Centre d’études et de recherches amazighes (Ceram) et fonde aussi la revue Awal juste avant sa disparition. En 1988, il reçoit le titre ô combien prestigieux de docteur honoris causa en France. Illustre écrivain, Mammeri a publié en 1976 la grammaire berbère Tazerumt n’tmazight et traduit des poèmes et des contes berbères tels que Machaho et Tellemachaho en 1980, et cela avant de signer son dernier ouvrage Cheikh mohand a dit. Il s’est également investi dans le théâtre pour lequel il a écrit Le Banquet ainsi que la La mort absurde des Aztèques et Le foehn ». Mouloud Mammeri décède le 25 février 1989, victime d’un accident de la circulation dans la région de Aïn-Defla sur le chemin du retour après avoir participé à un colloque sur la culture amazighe. Aujourd’hui Mouloud Mammeri est toujours présent dans les esprits de ceux qui l’ont connu mais aussi des plus jeunes, son œuvre a traversé les frontières et pour honorer sa mémoire, la Fédération amazighe des associations culturelles a institué en 1991 un prix portant son nom qui est distribué chaque année. L’université de Oued Aïssi ainsi que la Maison de la culture portent aussi son nom ainsi que plusieurs institutions en France qui lui ont rendu hommage en baptisant des édifices à son nom.

Mammeri Mouloud demeurera toujours l’immense dramaturge et romancier qui a contribué à la reconnaissance de l’œuvre romanesque et scientifique en Algérie ainsi que la culture berbère. « Hommage l’artiste. »

Merbouti Hacene

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