La mort lente d’un écosystème

Partager

Ceux qui ont souvenance du passé de cet écosystème, véritable éden, n’en reviennent pas tellement le contraste fouette l’imagination. L’un des principaux affluants de l’oued Soummam nous offre présentement une triste figure d’amont en aval. Réduit à sa portion congrue suite à une disette prolongée des précipitations atmosphériques, le cours d’eau ne coule plus que quelques mois par an.

Drainant un chapelet de collines boisées, le ruisseau a tracé son lit au fond d’une dépression, point de toutes les convergences. En amont, le long travail érosif a creusé une profonde échancrure où pousse à profusion un florilège de formations végétales. D’abord, étriqué, le bassin de l’oued s’est de plus en plus évasé, jusqu’à former une large vallée alluviable qui fait jonction avec l’oued Soummam. A un étiage de plus en plus marqué viennent se greffer l’insouciance et la légèreté de certains riverains qui ont fait du bassin du ruisseau le réceptable de tous leurs immondices. Les eaux ménagères qu’on y rejette ont achevé de stériliser le milieu aquatique autrefois foisonnant de vie.

Lamentablement souillé par des déchets de toutes provenances, les berges de l’oued prennent des allures de décharges. Ici, une construction en dur est érigée, en dépit du bon sens, sur le champ d’inondation même de l’oued. Là, une aire de stationnement pour véhicules est aménagée sur ce qui constituait il n’y a pas si longtemps le lit majeur du cours d’eau.

Dans cet élan de mépris de la nature, des riverains ont annexé des pans de l’oued pour en faire des vergers matérialisés par des palissades de fortune.

Le barrage longeant la rive droite de l’oued et dont l’érection remonte à la première moitié du siècle dernier, est dégradé en plusieurs endroits. Dans l’indifférence générale, d’énormes quantités de pierres destinées à la construction sont extraites chaque année du lit.

Privé d’eau par la pénurie des précipitations, agressé par l’homme qui l’a spolié de ses matériaux et pollué, l’oued Ighzer-Amokrane sombre dans une profonde agonie.

Nacer Maouche

Partager