Quelles que soient les précautions prises, l’arrivée de la neige entraîne à chaque fois, la paralysie de toute la région, mettant ainsi à nu les carences de la plupart des services. Une journée de neige, mercredi dernier, a suffi pour que Aïn El Hammam vive l’isolement le plus total. Du jour au lendemain, la population, sans eau, sans électricité, ni portable, est revenue, cinquante ans en arrière. Le nerf de la guerre ici ce n’est pas l’argent mais la route. Sans voies de communication, tout reste figé. Ni l’entreprise Sonelgaz, ni l’ADE ni même la Protection civile ne peuvent intervenir convenablement sans le dégagement correct de la route. On ne peut incriminer personne lorsqu’on constate qu’à tous les niveaux, les services se sont mobilisés et sont intervenus autant que le leur ont permis les accès et leurs maigres moyens. Toute la journée, deux chasse-neige et deux “pelles” ont sillonné les routes sans parvenir à domestiquer ces montagnes de neige. Toute la journée les agents de Sonelgaz se sont escrimés à réparer les dégâts causés par le vent et le poids de la neige, pour qu’enfin le courant revienne le soir. L’ex-Michelet a vécu, un blocus forcé, deux jours, durant. Personne ne peut y accéder ni en sortir. Les administrations ont fonctionné au service minimum, l’image de l’état civil où peu de citoyens se sont présentés, ce jeudi. Les écoles ont, toutes, renvoyé les enfants. La ville, après une effervescence matinale, s’est, brusquement, vidée, dans l’après-midi, entraînant la fermeture de la quasi totalité des commerces. Il faut noter que l’absence totale de moyens de transport et le froid glacial n’encourageaient pas les sorties. Même les véhicules, tout terrain, ont limité leurs déplacements au strict nécessaire. Habitués à ce genre de situation, les habitants, bien que surpris par tant de neige, en cette période, y ont fait face comme s’il s’agissait d’une fatalité qui, inévitablement reviendra, chaque année. Livrés à eux-mêmes, ils se demandent si un jour ils accueilleront la neige, non pas avec l’angoisse de l’isolement mais plutôt, avec l’enthousiasme et la bonne humeur que le manteau blanc, seul, peut créer chez ceux qui n’ont d’autre soucis que d’en profiter. Malgré tout, les paysans se consolent de ce que “ce don divin” permettra à la nappe phréatique de se régénérer et d’éloigner le spectre de la sécheresse qui planait quelques jours auparavant.
Nacer B.