Le torchon brûle entre maire et wali

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Le bras de fer engagé entre le premier magistrat de la wilaya, Horine Ouadah, et le maire de Tizi Ouzou Chérif Aït Ahmed, risque de durer et de se pérenniser, au vu des griefs retenus par le wali contre le P/APC et que celui-ci récuse. Lors de la dernière conférence de presse, programmée in extremis par le wali, une batterie de reproches a été faite à la municipalité de Tizi Ouzou avec parfois utilisation d’un ton sévère et des propos acerbes de la part du wali, qui qualifie de folie la gestion des affaires de l’APC.La goutte qui a fait déborder le vase a été la tenue de la conférence de presse, un jour avant celle du wali, par le chargé de la communication du maire de Tizi Ouzou, à travers laquelle la gabegie de la mairie est imputée au wali et à l’administration de façon générale.Selon des sources concordantes, le courant ne s’est jamais bien établi entre le wali et Chérif Aït Ahmed, élu FFS.Les deux hommes arrivent quand même à passer des saluts protocolaires lors des séances de travail les regroupant.Le maire de Tizi Ouzou, contacté maintes fois et intervenu à plusieurs reprises dans nos colonnes, s’est toujours insurgé contre la gestion par le moyen de fiches techniques établies par l’administration, comme il refuse d’obéir aux injonctions quand cela contrarie le programme de travail arrêté au niveau de l’assemblée. C’est en ce sens qu’il réitère toujours l’urgence de la révision des codes communal et wilayal, pour mieux doter les élus de plus de prérogatives. Le wali de Tizi Ouzou dont le droit de regard sur la gestion des APC est incontestable légalement, est très mal perçu par les élus toutes tendances confondues aux yeux desquels cela est handicapant dans l’excercice de leur mandat. De plus, les récurrentes interventions du wali, ou du chef de daïra, selon des élus de l’APC de Tizi Ouzou, relèvent d’une politique de harcèlement administratif monnayant chantage et rétention.Ceci est illustré par la dernière crise qui s’est installée entre les patrons de ces deux institutions.Le wali aurait ordonné une résiliation de contrat à près de 600 employées, qui perçoivent un salaire qualifié de “salaire de cosmétiques”, sans que celles-ci ne soient en poste à la mairie.Chérif Aït Ahmed, installé à la mairie de Tizi Ouzou depuis octobre 2004, ne se sent nullement concerné par les griefs dès lors que les points reprochés sont antérieurs à sa prise de fonction en qualité de maire.Passée à exécution, la décision de résiliation des contrats de près de 150 femmes. Le budget primitif promis par le wali pour le samedi passé n’est pas débloqué. La situation s’est envenimée, l’APC déstabilisée et les relations wali-maire de Tizi Ouzou détériorées.La position à laquelle on s’attend, maintenant qu’il y a définitivement rupture entre les deux hommes, est que le maire cherche à réintégrer les contractuels pour gagner plus la sympathie de ses employés et celle de la population afin de sauver politiquement l’image de marque de sa structure, en se solidarisant avec son personnel contre les mesures impopulaires de l’administration à qui on demande pourquoi cette sortie est faite maintenant et à quel dessein obéit.Inévitablement, le maire de Tizi Ouzou, invité aujourd’hui du forum de la Dépêche de Kabylie saisira cette aubaine pour donner des réponses à l’ensemble des fléchettes adressées par le wali ; cela donnera bon goût aux débats qui auront lieu.Ce bras de fer engagé doit connaître une issue car seul le citoyen serait pris en otage sans pouvoir se défendre. Elus et administration sont dans l’impératif de transcender les calculs bassement politiciens et n’avoir comme leitmotiv que l’intérêt du citoyen, a fortiori dans une ville qui a amorcé une mutation et réapprend à vivre après des années de disette politique, sociale et d’exclusion.

Khaled Zahem

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