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Cure, évasion et baraka du cheikh

Bien que situé dans un massif montagneux à la topographie accidentée, le hammam de Sidi Yahia dans la commune de Bouhamza n’en continue pas moins de drainer à longueur d’année une foule de visiteurs qui viennent y faire trompette, en n’omettant pas au passage d’implorer la bénédiction de Sidi Yahia El Aidli, de lui témoigner leur déférence ou simplement d’étancher une soif d’évasion.

Mais abstraction faite de toute valeur spirituelle ou croyance, ce sont surtout les vertus thérapeutiques prêtées à son eau de source qui attire le plus les visiteurs. A ce titre, les cures thermales auraient des effets salutaires sur les pathologies rhumatismales, en particulier les rhumatismes dégénératifs (arthrose) tout comme elles seraient indiquées pour les séquelles de factures en facilitant la rééducation ainsi que le traitement de certaines dermatoses.

En s’engouffrant dans les vapeurs opaques du hammam, on astreint ses poumons à une véritable gymnastique respiratoire avec, au bout, une amélioration tangible des performances de cette fonction vitale.

Lieu de purification, de soins et de détente, Hammam Sidi Yahia est aussi un lieu social par excellence. On raconte que souvent, dans cet établissement, des amitiés se nouent, des négociations d’affaires sont menées, les conflits familiaux réglés, etc.

La femme ?, exclue de la promiscuité masculine, elle prend sa revanche en s’appropriant le hammam. Aller dans cet établissement est une sortie autorisée, bien vue du mari et parfois même préconisée par lui. Plus qu’une “ziara”, la journée au hammam Sidi Yahia est pour la femme un véritable divertissement. Son corps est massé et lavé à grande eau, ses parures étalées aux regards envieux des autres. Dans le hammam, son corps caché ne l’est plus. Toute pudeur est momentanément affranchie, tout tabou levé. Il n’y a de place que pour la détente, la santé et la beauté. Le fardeau de leurs frustrations mis de côté, les femmes se laissent aller, dansant et chantant à gorge déployée, oubliant l’espace d’une cure, le vide social qui fait leur quotidien. Les plus futées y emmènent leurs filles pour les présenter à telle autre femme susceptible de succomber à leur charme et, partant, les recommander pour un de leurs fils. C’est ainsi que, nous dit-on, de nombreux contrats de mariage sont conclus dans ces établissements.

N. Maouche

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