La Dépêche de Kabylie : Vous êtes sociologue de formation et membre actif de l’association Project’heurts. Comment se sont faits vos premiers pas dans le monde du cinéma ?Houchiche Nouredine : Tout a commencé vers la fin des années 1980, alors que j’étais encore lycéen, j’ai adhéré au ciné-club du lycée et ce fut la rencontre avec le cinéma. Aujourd’hui, en plus de mon engagement pour le 7e art, c’est une véritable passion. Ceci m’a permis de réaliser, en tant que co-scénariste, un court métrage “El Sebat”, de Lakhdar Tati.
En tant qu’organisateur de la troisième édition des “Rencontres cinématographiques”, dans quelle situation se trouve le cinéma algérien aujourd’hui ?Contrairement à ceux qui pensent que le cinéma algérien est mort, je dirais qu’il est dans un état comateux et nous pouvons le sauver si des décisions politiques fortes sont prises pour que cet art retrouve sa place. A titre d’exemple, en 1975, les 400 salles de cinéma dont disposait le pays recevaient 42 millions d’Algériens, à l’heure actuelle nous sommes très très loin de ce nombre. Même nos salles de cinéma subissent le poids de la déchéance. Je vous cite le cas de la cinémathèque où nous sommes. Cette salle est l’une des plus belles du monde, et plusieurs délégations étrangères nous l’on fait savoir, mais dans cet état et sans sa rénovation, nous risquons de la perdre.
Qu’entendez-vous par des décisions politiques fortes ?Il est grand temps de créer au moins une école du cinéma, d’encourager la création des ciné-clubs dans les établissements scolaires, d’accorder des aides financières conséquentes pour les jeunes réalisateurs et des actions fortes pour le développement du cinéma algérien.
Ce type de manifestation nécessite un financement considérable. Est-ce les collectivités locales ont contribué au financement de cet important événement ?Absolument pas. L’APC et l’APW que nous avons sollicités n’ont donné aucune suite à notre demande et ce, même si nous avons prouvé qu’il y a réellement un travail qui se fait et que nous sommes à la troisième édition. Pis encore, on parle d’un jumelage entre les villes de Béjaïa et Brest et plusieurs délégations de cette région sont aujourd’hui parmi nous, mais il se trouve que concrètement il n’en est rien de ce jumelage qui semble être une simple affaire d’élus loin de toute les actions que mènent les associations et les citoyens.
Cette situation est-elle due à l’indifférence des élus, au refus de certaines associations d’être sous la coupe d’un parti politique ou d’un quelconque élu ou bien, c’est purement et simplement une affaire d’inculture ?Je refuse de penser que c’est cela exactement car pour moi c’est vraiment très grave. Et je préfère dire que cela ne fait pas honneur à notre pays et à notre ville. Toutefois, cela n’a pas empêché les 3 rencontres de cinématographie de se tenir et je remercie au passage, l’ambassade de France qui n’a pas hésité à apporter son aide ainsi que tous les partenaires de cette manifestation qui ont compris l’importance de notre activité. Et rendez-vous est pris pour la quatrième édition, l’année prochaine.
Entretien réalisé par : Yacine Boudraâ
