Un faux enclavement

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Après les dernières pluies de la première décade de mars, les ruisseaux et autres menus talwegs ont repris vie. L’oued Djenane qui sépare les deux communes de Dirah et Hadjra Zerga voit son lit majeur gonflé d’une eau limpide que l’on n’a pas vu depuis maintenant une année. Les bâtiments du centre-ville semblent bien lavés par les eaux de pluie après qu’ils eussent supporté les poussières de plusieurs mois. Cela se voit surtout au niveau des toitures, puisque, réalisation rare dans la wilaya de Bouira, ici les toits des bâtiments sont en tuiles de couleur rouge brique. Cette géniale touche fait épouser aux immeubles le décor agreste du reste de l’environnement. Le transport public se fait rare. À partir de Sour El Ghozlane ou de Bordj Okhriss, la chance de se rendre directement à Hadjra Zerga est très mince. C’est à partir de Sidi Aïssa que l’on peut s’y rendre plus facilement. Même si vous ratez les fourgons, les taxis clandestins sont là. Plusieurs d’entre eux sont tenus par des fonctionnaires qui ‘’volent’’ un peu de temps à l’Administration pour pouvoir joindre les deux bouts, ou par des retraités.

Au niveau du carrefour de la RN 8 où sont installés un café, un restaurant et une station-service, des citoyens font de l’auto-stop sous un vent très fort amenant un froid glacial inhabituel en cette période d’hiver.

Un mausolée domine la butte faisant face, de l’autre côté de la route, à la station-service ; il s’agit de Zaoui Lamouri, un lieu de culte connu sur un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres. Sa bénédiction est recherchée par les citoyens de Bouira, M’Sila, Bou Saâda, Alger, Tizi Ouzou et par des notabilités connues dans la région. À vocation exclusivement agropastorale, la commune de Hadjra Zerga enregistre l’un des taux de chômage les plus élevés de la wilaya. En 2004, il était de 57%. Actuellement, il tourne autour de quelque 30%. Une chose est sûre, cette vocation, assumée tant bien que mal, ne nourrit plus son homme. La céréaliculture qui n’a de moderne que l’usage de la moissonneuse-batteuse donne des rendements médiocres.

Les meilleurs rendements (de 25 à 30 qx/ha) sont plutôt une chose rare qui se produit une fois tous les six à sept ans. Les travaux d’engraissement du sol, d’épandage de fumure, de pesticides et de désherbants sont des exceptions qui confirment la règle du calendrier cultural. Quant aux travaux de défoncement, autrefois réalisés une fois par quatre ans, ils sont devenus un beau souvenir que n’ont pu raviver que les programmes de soutien de l’État dans le cadre des Concessions agricoles, du PER (Projet d’emploi rural) et les PPDR.

Cette phase de la préparation du sol constitue un handicap majeur dans la démarche générale des agriculteurs. Elle coûte trop cher. Les entreprises engagées par l’État pour cette action la réalisent pour des montants de 35 000 à 40 000 DA/ha.

A. N. M.

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