Le 11e congrès de l’Union générale des travailleurs algériens, UGTA, se tient, finalement à partir d’aujourd’hui à Alger. C’est un congrès qui se tient avec au moins trois années de retard. Le slogan choisi pour ce rendez-vous, qui verra la participation de quelque mille délégués, est “Stabilité, modernité et solidarité”. Selon les responsable de la Centrale, » ce congrès offrira de nouvelles opportunités syndicales pour les militants, afin de renforcer l’action syndicale au sein de l’Union « .
Ce 11e congrès intervient dans un contexte pour le moins particulier. Il est caractérisé par une fronde sociale dans tous les secteurs et qui s’étale dans le temps.
Depuis le début de l’année en cours, une dynamique syndicale des plus décidées est née au sein de la frange active de la société. Des dizaines de grèves mobilisant un tas de secteurs, des mouvements de protestation ont émaillé ce début de l’année. Tous ces mouvements sont nés en dehors de la chapelle de la Centrale syndicale. L’UGTA, unique interlocuteur des pouvoirs publics, aura-t-elle les moyens d’assumer cette tâche devant une adhésion massive des fonctionnaires aux mouvements initiés par les syndicats autonomes ? Les différentes prises de position de l’UGTA en accompagnant, à tout bout de champ, la politique du gouvernement ne sont pas sans conséquences sur l’image de la Centrale. Ainsi, les représentants des syndicats autonomes n’ont cessé de réclamer le statut de partenaire social, tel celui attribué à l’UGTA. Avec les différentes démonstrations de force faites par ces syndicats ces derniers mois, en acculant la Centrale, l’accusant à maintes reprises d’activisme à contresens des droits des travailleurs, l’UGTA perd au fil des jours de sa suprématie sur le monde du travail.
Au-delà des guerres de succession au sein de l’appareil UGTA entre les membres de la direction, camouflées pour des raisons internes, même celles entreprises par les deux partis de l’Alliance, à savoir le FLN et le RND, pour le contrôle de la Centrale, semblent trouver le consensus dans le soutien au troisième mandat pour le Président Bouteflika.
Outre cela, face aux problèmes socioéconomiques dans lequels pataugent les fonctionnaires algériens, marqués par une flambée insupportable des prix des produits de première nécessité et l’augmentation des salaires qui ne vient toujours pas, la mission principale de l’UGTA semble affectée. Avec tout ce brouhaha qui entoure l’organisation syndicale nationale, tout porte à croire que l’actuel secrétaire général restera à la tête de l’UGTA. Son rôle d’arbitre, sa gestion des conflits internes à l’organisation et la nécessité d’engager un combat au profit des travailleurs place Sidi Said dans une posture favorable pour sa réélection, notamment avec le soutien de la Centrale à un autre quinquennat pour le Président, unique source de survie pour l’organisation.
Mohamed Mouloudj