Na Taous : un siècle d’histoire

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Na Taous Ath Abdeslam fait partie de cette génération de femmes qui ont sorti de l’anonymat le tapis et en ont fait ce qu’il est aujourd’hui.

Elle a de toute son âme contribué à développer et à pérenniser cet héritage dont l’origine remonterait à deux siècle avant notre ère.

Née en 1905 à Ath Hichem, dans la commune d’Ait Yahia, elle fait partie de la première génération à avoir fréquenté l’école française où elle obtint son certificat d’études primaires, en 1916. Elle devint alors enseignante jusqu’en 1924, année de son mariage. Elle exercera, alors au sein du centre artisanal, en qualité de maîtresse ouvrière.

Elle était chargée de superviser le travail des artisanes à qui on confiait les commandes des clients.

Médaillée à plusieurs reprises pour la qualité de son travail avant d’être nommée « ouvrière de France », sous l’ère coloniale. Nationaliste, elle participera, en 1954, à la guerre de Libération. En 1958, lorsque ses activités auprès des moudjahidine furent découvertes par l’armée française, elle fut jetée en prison où elle fut torturée, durant plusieurs jours.

La guerre terminée, elle fut chargée de reprendre son travail de formation des jeunes filles d’Ath Hichem puis d’autres qui venaient de tous les villages d’Ath Yahia. En 1965, elle fut envoyée à l’ex-ouvroir de Ouaghzen qui dépendait à l’époque, du ministère de l’Industrie et de l’Energie, pour y dispenser cet art qu’elle maîtrisait plus que toute autre. Son amour du métier la conduira à créer ce que nous appelons aujourd’hui « le motif de Ouaghzen » que l’on peut différencier de celui d’Ath Hichem.

Nommée directrice du Centre artisanal de Ouaghzen qui venait, alors, d’ouvrir ses portes, en 1974, elle y exerça et contribua à former de nombreuses tisseuses, jusqu’à son départ à la retraite en 1989 à … 84 ans. Entre-temps, elle participa à plusieurs expositions à l’intérieur du territoire national ou à l’étranger.

C’est elle que nous découvrirons, en 1965, derrière son métier à tisser, lors de la Foire internationale de Paris, Porte de Versailles, pour y représenter l’Algérie. Elle fut sollicitée par de nombreuses délégations étrangères et saluée par le général de Gaulle. Elle eut par ailleurs, l’occasion de rencontrer l’actuel président de la République, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères ainsi que Houari Boumediène, lors de l’inauguration de l’hôtel Djurdjura, de Ain El Hammam.

Lors de son enterrement un hommage digne de son rang lui a été rendu par toutes ces femmes et ces hommes venus des quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou et même d’ailleurs. Le centre artisanal de Oughzen où elle a passé les plus belles années de sa vie est tout indiqué pour être baptisé du nom de celle qui a consacré toute sa vie à l’artisanat.

Nacer B.

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