“J’ai été salué par De Gaulle”

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Notre dernière rencontre s’est déroulée à l’école d’Aït Hichem où se tenait la fête du tapis vers la fin du mois d’ août 2005. Parée de ses beaux atours, elle venait chaque matin recevoir les nombreux visiteurs de la fête qui venaient voir cette femme presque légendaire qui se tenait là, habillée, comme pour un mariage, de sa belle robe kabyle qui lui sied à merveille. Elle racontait volontiers sa vie de petite fille, écolière, avant d’arriver au certificat d’études primaire, le plus haut diplôme de l’époque.

Elle qui a traversé le siècle parsemé d’embûches de joies et de peines a gardé, à plus de cent ans, toute sa lucidité, relatant les faits dans leur contexte sans jamais se tromper d’époque. Son récit était entrecoupé de parenthèses où elle mettait en évidence ces hommes et ces femmes qui ont marqué sa vie et celle de tout le ârch d’Ath Yahia. Cette petite femme, toute de modestie, faisait l’éloge des autres au moment où l’on s’attendait qu’elle fasse le sien, alors qu’elle répondait à nos questions lors d’une interview qui devait la faire connaître du public. Nous reproduisons, ci-dessous, le texte de notre entretien réalisé le 22 août 2005. Elle était âgée de 100 ans.

D.D.K. : Comment avez-vous été initiée au tapis ?

Na Taous : j’ai commencé “azetta” très jeune, à l’école du village. En ce temps-là, on dispensait l’enseignement général le matin et le tissage l’après-midi.

Après les études, avez-vous continué à exercer le métier que vous veniez d’apprendre ?

J’ai d’abord obtenu mon certificat d’études primaires, puis j’ai travaillé comme aide ouvrière, avant de me marier en 1924, ce qui ne m’a pas empêchée de continuer à travailler en tant que guide maîtresse.

La guerre de Libération a perturbé quelque peu votre carrière puisque l’école était fermée. Quand avez-vous repris le travail ?

Durant la guerre j’ai connu la prison où j’ai subi la torture de l’armée française. Après la guerre, j’ai débuté une carrière d’enseignante à l’ouvroir de Ouaghzen en 1965, en tant que monitrice et ce, jusqu’en 1974. Je fus, alors, promue directrice du centre artisanal de Ouaghzen jusqu’à 1989, date de mon départ à la retraite.

En tant que gardienne des valeurs de notre patrimoine culturel, vous avez certainement eu à rencontrer des personnalités de haut rang.

Je citerai l’actuel président de la République alors qu’il était ministre des Affaires étrangères.

J’ai été aussi marquée par ma rencontre avec feu Houari Boumediène lors de l’inauguration de l’hôtel « le Djurdjura » de Aïn El Hammam. En 1965, j’ai été saluée par le général De Gaulle, président français de l’époque, alors que je représentais l’artisanat algérien à la Foire internationale de Paris, Porte de Versailles.

Un dernier mot…

Dieu Fasse que tu vives aussi longtemps que moi, mon fils.

Nacer B.

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