Le printemps de l’espoir

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Ensuite, il a remis en cause les différents monopoles érigés en règles de gestion par les dignitaires du régime. Ainsi, le mythe culturel arabo-islamiste a été foulé aux pieds des manifestants qui revendiquaient à gorges déployées le pluralisme culturel et l’intégration de la composante amazighe dans l’identité du peuple algérien.

Dans la foulée, le vaste mouvement a brisé aussi le monopole idéologique, véritable fonds de commerce politique des opportunistes, qui renie les vraies valeurs du pays, ses origines,son histoire… en adoptant l’arabo-bâathisme négateur comme valeur unique.

A ces choix stratégiques des décideurs, plus soucieux de sauvegarder leurs privilèges que de sauver le pays, s’ajoutent les multiples exactions et répressions commises sciemment à l’encontre de toute opposition notamment démocratique génératrice d’espoir et d’équité.

En plus d’une bureautique omniprésente et oppressante, l’autoritarisme, les abus de diverses natures, les passe-droit les tabous de toutes formes sont autant de facteurs bloquant toute initiative que d’ingrédients adéquats à une explosion populaire future.

Dans leur élan de répression et leur logique aveuglante, les décideurs on entrepris une arabisation forcée et forcenée de l’Algérie avec les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui. L’enseignement de tamazight assuré jusqu’alors par feu Mammeri à l’université d’Alger en a fait malheureusement les frais.

Face à ce climat de répression et d’exclusion, la Kabylie s’organise peu à peu et tant bien que mal. L’apport des militants établis notamment en France a été déterminant surtout dans l’éveil des conscience des jeunes. La création de l’Académie berbère à Paris par feu Bessaoud Mohand Arab en 1967 a joué un rôle crucial et a fait avancer inéluctablement la revendication amazighe qui datait, pour rappel, depuis les années 1920. A cela s’ajoute l’activisme politique clandestin et celui des étudiants dans les cités universitaires à Alger notamment.

Avec l’ouverture de l’université de Tizi-Ouzou, le pouvoir de l’époque s’est donné le coup de l’estocade; quand il s’est rendu compte, c’est déjà trop tard. C’est le sort, le lot des régimes totalitaires. La déferlante des étudiants kabyles plus que jamais détermines à briser le joug de la dictature à l’instar de leur aînés qui sont venus à bout des colonisations successives depuis la nuit des temps, emporte tout sur son passage y compris les illusions du régime. Le Printemps berbère s’inscrit dans la droite ligne des combats pour le recouvrement des libertés collectives et individuelles qui constituent l’essence même de l’individu, de l’être Amazigh.

Depuis, la chaîne de la peur est définitivement brisée, les langues sont déliées.

Comme à l’accoutumée, la Kabylie, fidèle à sa ligne de combat, demeure à l’avant-garde des revendications démocratiques. Et comme un combat en cache un autre, un combat en génère un autre, celui du Printemps amazigh a ouvert la voie au pluralisme politique reconnu au forceps après les émeutes du 5 Octobre 1988 et autres évènements de revendication démocratique pour aboutir à celui du Printemps noir en 2001.

Achiou Lahlou

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