Parler aujourd’hui d’Avril 80 ou d’anniversaire du Printemps berbère c’est forcément marquer une halte et dresser un constat qui n’est malheureusement pas des plus reluisants. Plus que la démobilisation, la contrite a fait des ravages.
De l’union fédérée par ces deux dates repères ne reste que la symbolique et un sentiment d’amertume de cette union plus que fragilisée.
A présent, chacun est sommé de choisir son camp, son clan, sa secte et parfois même sa famille. On nous propose un silence absolu sous peine de disparaître ou de hurler avec la meute sinon on devient suspect et pour l’habillage chacun se réclame plus amazigh que l’autre.
Dans les années 70, les militants berbères étaient combattus par le pouvoir et incompris de leur société. Une situation paradoxale, le pouvoir maintenant n’a plus besoin de le faire. Le combat se livre entre nous.
Dans l’ordre des priorités, il faut avant tout réunir les foules dispersées et faire comprendre aux militants zélés qu’ils ne détiennent pas le monopole de la cause dont ils font encore un fond de commerce. Par ailleurs, convaincre ceux plus nombreux qui redoutent que cette identité ne révèle ses failblesses, ceux qui craignent une dévalorisation voire une honte. Tout ces comportements et bien d’autres sont à prendre en considération car ils dictent les actes individuels et collectifs.
Eviter les confrontations, chercher ce qui nous unit, ce que nous avons de commun et rejeter ce qui nous partage.
Si le repli, le retrait et même la fuite en avant ne sont qu’une manière d’étouffer un combat ; la diatribe, elle, est une thérapie anesthésiant tout effort de résistance.
Arezki Hamoudi, ancien détenu.
