Site icon La Dépêche de Kabylie

Est-ce la dernière ?

Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. D’abord et surtout parce qu’entre la majorité parlementaire et le président de la République, l’osmose n’a jamais été aussi évidente. Ensuite parce qu’il faut bien que l’ampleur du score de Abdelaziz Bouteflika aux présidentielles d’avril 2004 déborde une coalition un peu trop étroite et surtout fasse le ménage dans un FLN encore dans les jupes d’Ali Benflis en dépit des virtualités – culturelles – qui le donnent encore inséparable des équipes aux affaires. Le FLN a pourtant donné la preuve de ses dogmes à un moment où il était convaincu qu’il était incontournable. Déserté par un Benflis au combat spectaculaire, mais pourtant dramatiquement contenu dans la cooptation, orphelin d’un président élu dans un élan populaire qui le dépasse assez largement, l’ex-parti unique a mis quelque temps à sortir d’une rare zone de turbulences. Surtout que Abdelaziz Bouteflika ne s’est à aucun moment aligné dans des déchirements internes trop étroits pour son envergure. C’est sans doute aussi ce qui a inspiré de déroutants coups de gueule. La loi de finances a été bloquée dans ses segments les plus significatifs, et les islamistes radicaux, représentés par El-Islah, ont poussé des ailes en voyant leurs propositions passer comme une lettre à la poste. Entre temps, le président de la République repose sur ses prérogatives légales. Sans trop bousculer l’équilibre politique, convaincu d’un rapport de force terriblement précaire du fait de la désertion des démocrates. Le débat sur la révision du code de la famille et du code de la nationalité donnera la mesure des forces en présence. Cet état de fait a sûrement pesé aussi dans l’extrême courtoisie de Bouteflika à accepter la présidence du FLN. Mais, politiquement, le président de la République n’est pas rassuré pour autant. Il compte ainsi plus sur ses pouvoirs constitutionnels que sur une majorité théoriquement acquise, mais pratiquement incertaine. Il est fort probable que le FLN use de son nouveau statut plus pour bloquer les réformes de son bénédicteur que pour les mener à terme. Il est évident que la rentrée parlementaire d’aujourd’hui esquissera quelque réalisme au sein de la majorité. Ce n’est pas pour avoir révisé ses positions politiques, mais plutôt pour avoir apprécié son poids réel. Dans la foulée, il sera question de choses beaucoup plus terre à terre, comme un mandat qui ne parvient pas à son terme ou un nouveau gouvernement imminent. Dans l’un comme dans l’autre, il n’est pas évident que le FLN en sorte renforcé, même s’il fait semblant de montrer des crocs.

Slimane Laouari

Quitter la version mobile