Début de la campagne de la tonte d’ovin

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Un par un, les éleveurs de la région de M’chedallah se lancent dans l’opération de la tonte du cheptel ovin. C’est l’une des plus pénible et plus délicate opération de l’élevage vu que ces éleveurs continuent à utiliser les ciseaux, tout comme leurs ancêtres. Un travail manuel qui demande beaucoup d’efforts, d’agilité et surtout de précision pour débarrasser une brebis un mouton de sa toison. Il faut donc faire très attention car il suffirait d’un seul faux geste et la pauvre bête se retrouverait avec une blessure parfois assez grave. Les propriétaires prudents entravent l’animal en lui ligotant les quatre pattes et l’allongent par terre pour travailler à l’aise. D’autres, plus agiles, se contentent de l’attacher étroitement par le cou à un pieu, gardant la bête en position debout, et tel des coiffeurs expérimentés leurs mains voltigent rapidement au son des ciseaux. Au bout de 20 minutes environ la bête est débarrassée de sa laine. C’est bizarre qu’aucun importateur n’ait pensé à amener un quota de « tondeuses électriques » dont l’utilisation est généralisée en Europe. Mais, hélas, “c’est une culture bien ancrée chez nous de laisser les autres avoir une bonne longueur d’avance sur nous”, même pour les choses les plus simples, et d’évoquer des ateliers de “transformation de laine” inexistants, du moins en Kabylie, pour exploiter toutes ces toisons dont les éleveurs ne savent quoi faire, mis à part la confection de matelas ou d’oreillers.

Le tissage de tapis pour lequel la laine sert de matière première étant en nette régression, déclassé par les couettes et autres couvertures en coton, il devient de plus en plus difficile de trouver preneur pour une grande quantité de laine. Même les collecteurs de laines des années 80, qui sillonnaient les campagnes, ont cessé leurs activités. La baisse de la demande en laine est due sans aucun doute à l’utilisation de fibres synthétiques tirées du pétrole tel le plastique, l’éponge et le coton artificiel par des ateliers de fabrication de matelas et couvertures. L’abondance de cette matière première et la concurrence ont fait qu’une literie complète en matière synthétique revient bien moins chère que celle confectionnée à base de laine dont les prix à l’heure actuelle ne sont plus à la portée des petites et moyennes bourses, d’où un recule net de son utilisation. Même les artisans “matelassiers” de jadis ont disparu et ceux travaillant sur commande et à domicile ont cessés d’être sollicités. Dans le cas où l’état n’interviendrait pas pour protéger ces éleveurs dans un pays qui prétend préparer l’après-pétrole en misant sur l’agriculture, n’y a-t-il pas comme un fantasme et un discours empreint de populisme qui risque de connaître le même sort que celui de la “Révolution agraire” ?

Omar Soualah

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