Le marché hebdomadaire de la coquette station balnéaire de l’antique Chobae Minicipum (Ziama Mansouriah), tenu tous les dimanches, continue de révéler des traditions ancestrales pérennisées à l’instar de ces soukières du troisième âge qui ont pris le pli de hanter les parages. Elle sont là, en été comme en hiver, assises à même le sol et proposant aux habitués des lieux des vêtements par-ci, des bijoux par là, généralement des objets d’occasion qu’elles revendent pour se faire quelques sous et subsister à la misère qui les frappent de plein fouet dans une région qui n’a pas encore fini de panser ses blessures des années de braises où le terrorisme à réduit la vie en pur enfer. Ces marchandes ambulantes, dont le “job” coule dans le sang, qui exercent pour leur propre compte ou bossent pour autrui, perpétuent une tradition plus que séculaire, disent avoir choisi ce métier plutôt que de vivre aux crochets des leurs au moment ou l’exode rural affiche “sauve qui peut”.
Elles exercent aux côtés des hommes, sans complexe ni gêne et forcent leur destin avec leur propre gré et des fois, selon les témoignages des riverains, elles n’hésitent pas à faire du porte-à-porte chargées de couffins emplis d’articles pour les écouler avec le même plaisir et le même entrain tout en maintenant l’espoir intact de voir prospérer ce négoce. Et comme il s’agit d’une belle tradition à maintenir vivace, personne ne considère l’activité de ces femmes comme dévalorisante. Au contraire, il y a des femmes qui, malgré leur âge avancé, font preuve d’un dynamisme à toute épreuve, ne comptant que sur elles-mêmes. Une façon de dire : “Nous existons et nous sommes encore utiles pour notre société”… Même si le baril de pétrole est à 120 dollars.
Rabah Zerrouk
