“40% du marché de l’informel relève du blanchiment d’argent”

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“Quarante pour cent du marché de l’informel relève du blanchiment d’argent sans pour autant pouvoir le quantifier du point de vue financier, et ce, dans l’absence de données chiffrées », a déclaré hier Abdelmadjid Amghar, président de la cellule de traitement du renseignement financier sur la Radio nationale. Pourtant des mécanismes sont mis en place pour lutter contre le blanchiment d’argent, et d’ailleurs ces mécanismes ne sont pas algériens, mais internationaux.

« Seulement ces mécanismes ne fonctionnent pas à 100%, comme on l’aurai voulu parce qu’il n’y a pas de traçabilité sur les transactions commerciales et c’est pour cela que je dis que l’informel freine un peu le travail de la cellule du renseignement financier même si les mécanismes existent » dira M. Amghar. Dans le même sillage et puisque les mécanismes ne sont pas fiables à 100%, il faut donc y remédier. D’un ton assuré, le président du renseignement déclare que »l’un des mécanismes qu’il faut mettre en place est le fameux décret exécutif obligeant les opérateurs économiques à passer par les circuits bancaires et financiers pour toute opération commerciale, et nous sommes en train de travailler dans ce cadre, on prépare un décret qui remplacera celui de 2005 et apportera plus de clarté aux opérateurs économiques pour le sensibiliser sur la question de la lutte contre les blanchiment d’argent, et aussi afin de les informer de ce qui peut leur arriver si jamais ils ne passent pas par les circuits bancaire et financier » et d’ajouter que « la cellule peut avoir une traçabilité dans les opérations et les transactions commerciales et suivre à la trace le blanchiment d’argent ».

Sur la question du laisser-aller des pouvoirs publics quant à la propagation du marché de l’informel, qui se traduit par l’absorption du taux de chômage, M.Amghar est catégorique : « Il est inacceptable de dire que les pouvoirs publics se penchent sur l’informel pour faire baisser le taux de chômage, ce marché reste illégal et irrégulier, les pouvoirs publics ne réfléchissent pas comme cela, seulement ils n’ont pas encore trouvé la solution adéquate pour juguler le chômage et en même temps éviter de recourir à l’informel pour occuper les jeunes sans emploi ».

Concernant le décret de 2005 dépassé aujourd’hui, le président dira  » le nouveau décret recèle une sorte de pédagogie dans la mise en place du mécanisme, d’abord on s’est dit que le paiement cash est presque une tradition en Algérie, et cela est vrai car après les déboires de certaines banques privées, les populations et les opérateurs économiques manquent un peu de confiance dans les banques. Donc il est un peu légitime de leur part de préfère ne pas déposer leur argent ou ouvrir des comptes au niveau des banques ». Sur ce point précis, M. Amghar assure et rassure que « le nouveau texte va tenter de prendre en charge cet aspect-là, de manière aussi à rattraper le temps perdu. Il faudrait aussi que les opérateurs économiques puissent trouver sur le terrain des agences bancaires pour y ouvrir des comptes, c’est ce que nous avons demander aux différents organismes financiers, car nous comptons également faciliter la tâche des opérateurs pour l’encaissement des chèque dans les meilleurs délais ».

De ce fait, l’opérateur algérien peut se mettre à l’abri et aider à sauver ainsi l’économie nationale. Pour les délais de l’entrée en vigueur de cette loi, Abdelmadjid Amghar précise ceci : »Nous voulons d’abord écouter les différents avis émanant des secteurs concernés, mais je suis optimiste, la loi sera appliquée fin 2008 ou au plus tard début 2009″. M.Amghar renchérira ainsi « les lacunes seront corrigées progressivement jusqu’à l’atteinte des normes internationales ».

Abordant le foncier et l’immobilier, Amghar promet des enquêtes approfondies des sanctions sévères à l’encontre des contrevenants « dans notre démarche, tous les secteurs sont concernés, il y aura des enquêtes sur le foncier, mais il sera surtout fait obligation aux agences immobilières de devoir faire le travail que nous attendons d’elles, et pouvoir aussi intégrer le volet blanchiment d’argent dans le texte initié par le ministère de l’Habitat. »

A travers le monde on parle de 800 milliards de dollars blanchis annuellement notamment dans le financement du terrorisme, en Algérie, le président de la cellule du renseignement fait état de « 157 déclarations de blanchiment qui émanent selon le responsable pour la plupart des banques et d’établissements financiers, à noter aussi que les notaires et les avocats ne jouent pas le jeu, ce qui nous amène à sensibiliser davantage ces professions ». Enfin, le président de la cellule du renseignement financier salue l’initiative prise par les Douanes et la Gendarmerie nationale dans la lutte contre ces phénomènes « il faut lutter contre les passeurs de fonds au niveau des frontières », conclut-il.

Lounis Melbouci

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