La Dépêche de Kabylie : Pouvez-vous nous dresser le bilan de ces trois ou quatre dernières années en matière de placement et de création d’emplois ?
Mohamed Djamel Aïssat : S’agissant de mes attributions en ma qualité de directeur de l’emploi de la wilaya de Tizi-Ouzou, j’ai eu à matérialiser trois dispositifs notamment celui pour lequel j’ai eu la charge de mettre en œuvre, jusqu’à mars dernier, les contrats de pré-emplois, entre autres, qui sont destinés aux jeunes diplômés de l’université et les sortants des centres de formation professionnelle titulaires du diplôme de techniciens supérieurs. Ce dispositif, à lui seul, a permis le placement pour près de 1 400 jeunes annuellement sur une période de deux ans, depuis 2004, dont une moyenne de 20% de ces jeunes embauchés a bénéficié de postes de permanents dans des administrations publiques. C’est-à-dire, ils ont bénéficié d’un placement permanent et définitif.
En dépit de la multiplication des dispositifs d’insertion à l’emploi, l’absorption du chômage demeure dérisoire. A quoi est due, selon vous, cette situation ?
Dire que le chômage est assez élevé : nous ne disposons pas de capacités, ni de moyens ni encore de statistiques pour le confirmer. Je peux même m’avancer pour dire qu’aucune institution ne possède de chiffres ni de statistique sur ce phénomène. Pour répondre à votre question, en somme directe, je vous invite à jeter un regard sur certaines structures telle l’Ansej, la Cnac, et à des dispositifs que nous avons eu à gérer en tant que Direction de l’emploi où vous découvrirez que pas moins de 5 000 postes d’emploi ont été créés dont la moitié sont des postes permanents dans le seul dispositif de l’Ansej. L’effort fourni est assez considérable, particulièrement envers les jeunes diplômés. Sans omettre le travail fait par l’Anem, l’Agence de l’emploi de Tizi-Ouzou qui, à elle seule, contribue au placement d’un grand nombre de demandeurs d’emploi, d’autant plus qu’elle touche touts types de chômeurs. Je peux également avancer le chiffre de 2 500 postes d’emploi qui sont créés annuellement au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou.
Pour dire que le chômage est élevé, il faudra d’abord, à mon sens, le définir à l’ombre de l’informel, car faut-il dire que l’informel est le terreau des chômeurs il contribue à la création d’emplois, quand bien même il reste un créneau illégale étant donné qu’il échappe au contrôle de l’Administration.
Doit-on considérer qu’il y a échec des anciens dispositifs de création d’emploi étant donné qu’une nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage vient d’être promulguée ?
La nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage ne traduit nullement l’échec des anciens dispositifs qui restent d’ailleurs en vigueur, elle est venue les compléter, pour témoigner d’un autre effort que consentent les pouvoirs publics à ce sujet. Les dispositifs de la nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage visent à toucher d’autres populations qui n’ont pas été concernées par les anciens, pour apporter des nouveautés et pour varier, modifier, apporter des correctifs à certains dispositifs et à certaines conditions d’éligibilité… ce sont des aménagement des conditions d’accès. De nouvelles mesures sont d’ailleurs prises dans cette nouvelle politique, particulièrement vis-à-vis du secteur économique en vue d’encourager les employeurs à recruter davantage, en leur octroyant des facilités, tels des avantages fiscaux, par exemple.
Avez-vous les moyens de la mettre en œuvre ?
Je ne dirais pas que nous avons tous les moyens de gérer cette politique mais je vous répondrais autrement : nous ne sommes pas seuls sur le terrain. Nous travaillons avec différents partenaires. Nous avons avec nous l’Anem, l’Ansej, l’Inspection du travail, la Cnac qui sont toutes des institutions publiques, comme nous d’ailleurs, nous sommes chargés de mettre en œuvre une politique pour lutter contre le chômage et promouvoir l’emploi dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Ceci dit, nous sommes une direction et notre mission est de coordonner les actions pour concrétiser cette nouvelle politique.
Pouvez-vous nous expliciter, un petit peu, cette nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage ?
La nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage, élaborée par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale promulguée par le gouvernement le mois dernier, définie l’aide à l’insertion professionnelle. Brièvement, ce nouveau dispositif s’adresse à trois catégories de demandeurs d’emploi. Le premier type du contrat, c’est le Contrat d’insertion des diplômés (CID) qui est destiné aux jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et les techniciens supérieurs issus des établissements de formation professionnelle. Le second dispositif est le Contrat d’insertion professionnelle (CIP), il est destiné aux jeunes sortants de l’enseignement secondaire, c’est-à-dire, ceux qui ont un niveau de 1ere, 2eme et 3eme années secondaires, sortant du système de l’éducation nationale et à ceux qui ont suivi une formation dans un centre de formation professionnelle, ainsi qu’à ceux qui ont suivi un stage d’apprentissage. Donc, ce dispositif s’adresse d’une manière générale à tous les sortants de la formation professionnelle. Quant au troisième dispositif, c’est le Contrat formation insertion (CFI), qui est destiné aux jeunes sans formation ni qualification. En un mot, tous les jeunes, sans aucune distinction, peuvent se retrouver dans la panoplie des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics. Ceci dit, ce nouveau dispositif est venu couvrir certains manques que la tutelle a constaté dans les anciens dispositifs pour pouvoir toucher tous les jeunes demandeurs d’emploi ayant l’âge maximal de 35 ans, diplômés ou pas, ayant une qualification ou pas.
Des instructions ont été données aux directeurs de l’Emploi des wilayas lors de la réunion du travail tenue sous l’égide de monsieur le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, pour que ce nouveau dispositif soit lancé à l’entame du deuxième semestre de l’année en cours..
Dès qu’un jeune demandeur d’emploi est inscrit dans une agence de l’emploi, celle-ci, en sa qualité d’institution est chargée de recueillir les demandes et besoins de toutes les institutions économiques, publiques et privées par le biais d’un fichier des entreprise mis à sa disposition par l’Inspection du travail. C’est à partir de la, que l’agence procédera au placement selon les besoins de l’entreprise et selon le profil souhaité.
Les démarches sont simplifiées aussi bien que ce pour les jeunes demandeurs d’emploi que pour les entreprises qui cherchent à recruter.
Pensez-vous que les employeurs seront honnêtes dans leur politique de recrutement et solliciteront-ils les agences de l’emploi ?
Il existe un décret qui régit le recrutement qui stipule nul ne peut effectuer un recrutement sans avoir déposer une offre d’emploi dans une agence locale de l’emploi. L’employeur qui ne respecte pas ce texte réglementaire est verbalisé par l’Inspection du travail. Je dois avouer quand même que les employeurs commencent à se familiariser avec cette réglementation.
Au cas où un jeune demandeur d’emploi refuse le poste vers lequel il est affecté par l’agence de l’emploi, quelle sera votre réaction ?
Je pense que nous n’avons jamais eu à faire à ce genre de situation et je crois fort que cela n’arrivera pas, parce que nous prenons le soin de placer un jeune dans un poste de travail qui correspond à son profil dans une unité économique ou dans une administration publique qui est proche de son lieu de résidence et nous prenons soin de lui garantir un minimum de condition.
Entretien réalisé par M.A.Temmar
