M. Djemâa nous a transmis cette contribution en marge des deux journées-débats consacrées à la profession qui se tiennent aujourd’hui et demain à l’hôtel Royal de Béjaïa
“Dans ce qui s’apparente à une véritable dynamique de mobilisation nationale pour un développement tous azimuts, l’Algérie vit sans aucun doute l’une des périodes les plus effervescentes en matière de réalisation de programmes d’habitat et de constructions diverses, tous secteurs confondus, jamais connue auparavant.
Plus qu’à n’importe quelle autre phase de son histoire poste-indépendance en quête de son développement, l’Algérie d’a eu à faire face à tant de sollicitudes et préoccupations socioéconomiques, culturelles, éducationnelles…situation qui dira-t-on, “condamne” à relever le double défi de prise en charge de ces multiples besoins en infrastructures diverses et de réponses à la fois diligentes et massives sur le terrain de la concrétisation.
Jamais de ce fait et autant qu’aujourd’hui ne se sont tant exprimés les besoins en moyens d’études, de réalisation, de maîtrises d’ouvrage et de gestion de projets…
C’est dans ce contexte tumultueux, d’urgence et de pressions multiples et plus que pour n’importe quelle autre discipline, que le recours aux architectes devient systématique et multi-quotidien.
Cette situation, fallait-il s’y attendre, à d’abord suscité intérêt, espoir et promptitude au sein des architectes à pouvoir ou plutôt devoir contribuer au nouvel essor édificateur déclamé comme leitmotiv, expresse et inconditionnel, qui vise en ultime finalité à un mieux-être social….Cependant, faudrait-il encore le signaler aujourd’hui, elle est vite accompagnée d’inquiétude pour certains, de désillusion pour beaucoup d’autres puis carrément de désespoir pour nombreux d’entre ceux qui, en regard des responsabilités dont ils ont la charge et poussés à l’extrême de leur réaction, songent déjà à…”changer de métier”.
Quoi de plus paradoxalement et d’anachronique quand on sait que ces architectes, ce que rappellent souvent même les plus hautes autorités de l’Etat, se révèlent être les acteurs incontournables de cette quête vers le progrès social et les vecteurs indispensables d’une économie algériennes en plein boom.
Il y a certainement intérêt à revisiter les conditions globales, légales et pratiques, qui disent ce que ces architectes sont, doivent ou ne doivent pas être pour qu’en dernière instance ou renforce leur rôle dans les cas qui font d’eux des “faiseurs d’espaces”…
Il méritaient alors certainement plus d’attention et de considération qu’ils n’en ont aujourd’hui, eux qui se trouvent être au carrefour de toutes les procédures entrant dans le processus de production du cadre bâti et en tant que coordinateurs de travaux, interolcuteurs inévitables de tous les autres intervenants dans le cycle des études, suivi, financement et réalisations d’ouvrages.
Ne sont-ils pas, ne devraient-ils pas être du moins, les garants de la qualité architecturale de nos bâtiments, de leur fonctionnement et de leur insertion dans les tissus environnants et qui, apparaissent aujourd’hui, comme lieux de renvendications autant des pouvoirs publics que de n’importe quel quidam en droit d’aspirer à un meilleur cadre de vie?…
Mais notons seulement que c’est aussi et avant tout à ne s’y méprendre la revendication première des architectes eux-mêmes…
Et malgré les différentes déclaration officielles de l’autorité politique et administrative de ne plus transiger sur la qualité architectural, l’inquiétude pour le devenir de nos villes et villages, hélas, persiste ta,t l’état des lieux n’est pas toujours réjouissant et révèle même nombreuses ambilguïtés et incohérences qu’il serait urgent de lever, corriger et donner ainsi tout le sens aux textes qui consacrent l’architecture comme étant d’intérêt public, replacer à un meilleurs, investissement en lui assurant de bien meilleures conditions dans l’accomplissement de ses missions pour enfin de compte mieux le responsabiliser. Etat des lieux allant de la mise en compétition des architectes et l’accès à la commande architecturale en passant par la pratique de la “maîtrise” publique et privée, puis, dans un second temps des conditions tant abjectives que subjectives de conception et d’étude à la réalisation d’ouvrages jusqu’à leurs achèvement et réception.
C’est de la prospection de tout cet environnement et à la lumière des textes et pratiques dont il s’agira précisément pendant deux journées de débats et à l’issu desquels nous souhaitons sinon des recommandations à suggérer, du moins des pistes de réflexions pour amorcer ce nécessaire recentrage des missions de l’architecte et de son rôle dans la production de l’espace bâti et non bâti et espérer enfin l’amélioration de l’aspect architecturale de nos villes et villages”
D. Djemâa
Président de l’Ordre des architectes de la wilaya de Béjaïa