Le directeur de l’Agence foncière et deux autres cadres ont acquis des terrains à un prix supérieur à 170 DA le mètre carré. Cela s’est passé du temps où celui-ci était directeur d’agence intercommunale, ce qui disculpe le wali. Ce dernier étant président du conseil d’administration de l’actuelle agence et pas de l’ancienne.
Telle est la substance d’un droit de réponse que nous a adressé le directeur de l’Agence foncière de la wilaya de Béjaïa (lire ci-contre).
A quel prix? M. Amar Krim Adjadj ne donne aucune précision sur ce point. Auteur d’une “mise au point” particulièrement injurieuse et outrancière, le sieur Hakim Semmar, ancien architecte de l’agence, ne livre non plus aucune précision sur le montant de la transaction.
C’est pourtant véritablement le nœud gordien de toute l’affaire. On passe sur les attendus réglementaires dans lesquels semble s’inscrire cette opération. Si celle-ci peut se parer des oripeaux de la légalité, elle semble très loin de satisfaire les règles de l’éthique et de la déontologie. Le niveau de ce prix est seul à même de renseigner sur la qualité éthique de ces acquisitions. D’autant que ces parcelles, situées à Quartier-Sghir pour deux d’entre-elles, c’est-à-dire en plein cœur de Béjaïa, ont fait par la suite l’objet de transactions juteuses. Deux ont été, selon le président de l’APW, revendues moyennant d’importantes plus-values. Celle de M. Adjadj aurait été, selon la même source, intégrée à un projet de promotion immobilière privée. Ce sur quoi la réponse de M. Adjadj reste encore une fois muette. Loin d’être un aspect accessoire, ce point se raproche d’une certaine façon du délit d’initié. Est-il concevable que le gérant du portefeuille foncier de la wilaya soit, dans le même temps, un acteur de l’initiative immobilière privée? Les informations révélées par le P/APW sur la prédation foncière ont été accueillies par l’opinion locale avec beaucoup d’indignation (voir notre édition du jeudi). Le téléphone de notre bureau de Béjaïa n‘a pas cessé de sonner. Des lecteurs demandent plus de précisions sur ce qui s’apparente à un grave scandale dans lequel a eu à souffrir la morale d’Etat.
Profitant de leur position, des cadres de l’agence foncière se sont attribué des parcelles de terrain de rêve à des prix dépassant tout entendement : 170 DA/m2 au Quartier-Sghir.
Enfonçant le clou, Hamid Ferhat nous a adressé, hier à l’heure où nous metions sous presse, un nouveau document portant sur les acquisitions foncières du même directeur de l’agence foncière. Il s’agit, pour cette fois-ci, d’un lot de terrain de 300m2 situé à Béni Ksila (70km à l’ouest de Béjaïa) acquis auprès de l’agence foncière intercommunale qu’il présidait dans le temps. Ce nouveau pavé dans la mare pestilentielle de la captation rentière et de l’usage privatif des fonctions publiques survient à moins de 24 heures de l’installation officielle du nouveau wali de Béjaïa.
M. Bessa