Pendant que les ados des Ath R’gad structurent leur protesta acnéique et que Kaci l’angoisse, lmir n taddart, les aide du mieux que ses prérogatives d’officiel le permettent, à Alger, le vieux Dezdeg attend devant le centre d’examen du baccalauréat sa petite fille Mina. En attendant qu’elle sorte, le vieux discute avec quelques candidats pour qui le sujet de l’épreuve de français était trop facile ou trop compliqué pour quitter le pupitre une demi-heure après la remise des copies
– Alors, ça n’a pas été trop dur l’épreuve de français ?
– Quoi, c’était du français ?, répond par une interrogation l’un d’eux
– Je t’avais pourtant averti à l’avance que l’épreuve de l’anglais est pour demain, lui reproche son copain.
– Bof ! de toute façon l’anglais ou le français c’est du pareil au kif kif, tous koufar
Dezdeg est sidéré devant cette proportion d’analphabétisme bilingue. « D acu lqum-agi qui ne distingue pas un texte écrit en anglais d’un texte écrit en français ! », yewhem le vieux en tirant de sa poche la boite n cemma n nghid. Din din, les yeux du candidat analphabète quittent leurs orbitent et demande :
– Ya lhadj, 3tili n chème !
– N’har djib lbak, mon fils, je t’achèterai une boite !
A 17 heures et quelques poussières, teffegh-d Mina. Elle cherche des yeux son grand-père. Elle le voit. Un grand sourire illumine son visage. Elle se détache du groupe de jeunes filles et va faire une bise au vieux.
– Alors ma fille, pas trop compliqué le sujet?
– Atan, vérifie toi-même !
Il prend le sujet, y jette un coup d’œil et fronce les sourcils en lisant « trouvez le contraire du mot “animal’’ et mettez-le au féminin pluriel ». Dezdeg n’en croit pas ses yeux. Il lit et relit la question.
– D acu-tt trumit-agi ?
– Que se passe-t-il grand-père ?
– Je ne connais pas le féminin de ‘’animal’’
– C’est ‘’homme’’
– Yaaaah !
– Et son féminin pluriel ?
– Les femmes, bien sûr !
– Tout cela me dépasse Mina. Le français a évolué et moi mazal-iyi kan deg les fables De la Fontaine
T. Ould Amar
t.ouldamar@yahoo.fr
