Triste situation, mais bien réelle. Le Samu de Béjaïa est au bord du précipice. Il en est à sa sixième année d’existence. Et pourtant, à son actif de nombreuses vies sauvées, malgré le peu de moyens dont il dispose. De pire en pis, au jour d’aujourd’hui le Samu de Béjaïa meurt à petit feu et est acculé à l’abandon sans qu’on daigne, toutefois, intervenir pour l’introduire dans une salle de réanimation. “C’est un programme de mise à mort du Samu de Béjaïa,” déclare-t-on. Au total, vingt-deux personnes, entre médecins généralistes, infirmiers et ambulanciers — c’est le personnel du Samu de Béjaïa — tentent de sauver “la maisonnée” Samu de Béjaïa. Ils n’ont que leur savoir-faire pour maintenir le cap et redynamiser le service.
Du tableau brossé par le personnel du Samu de Béjaïa, il est fait état que : le service est resté pendant des années inopérant pour des raisons inexplicables et le déménagement a été effectué sans les préparatifs d’usage, notamment souligne-t-on, le nettoyage et la désinfection des espaces. Absence de moyens d’aération hormis une petite lucarne qui s’ouvre, regrette-t-on, sur un couloir d’aération des sanitaires de tout l’hôpital. Lesquels sanitaires sont dans un état lamentable. Sur les lieux, outre l’odeur pestilentielle, les infiltrations des eaux usées dans les couloirs et les chambres constituent un danger de plus sur la santé du personnel. Cela va sans dire que l’image de la structure se détériore.
Absence de réserve d’eau qui se fait notamment sentir, précise-t-on, lors de coupures prolongées d’eau courante et entrave sérieusement le respect des normes d’hygiène au sein de la structure. La cuisine est dépourvue du strict minimum et constitue un lieu de dépôt de literies sales et usées, où l’équipe de garde se résigne à cet état de fait. La structure elle-même se trouve dans un état lamentable, la literie date du temps de la création du Samu. Celle-ci est mélangée à celle des malades et n’a jamais été renouvelée, nonobstant les maintes réclamations et l’intervention même du directeur de l’hôpital Khellil-Amrane, témoigne-t-on, pour avoir quatre paires de draps, soit le minimum dont le service a besoin. Pire encore, les chambres et sanitaires sont dépourvus des conditions de discrétion à même de préserver la pudeur et l’intimité du personnel. En plus des symptômes gênants et inquiétants pour la santé des membres de l’équipe apparaissent au grand jour. Et l’on cite, à titre d’exemple, la céphalée atroce, nausée, douleurs thoraciques, picotements des yeux, urticaire, malaise et étouffement. Le travail des ambulanciers ne repose sur aucune base. En effet, les lieux de stationnement, fait-on remarquer, n’obéissent pas aux normes qui conviennent aux véhicules d’urgence ; blocages fréquents des ambulances et exiguïté des espaces. Cela, note-t-on, retarde souvent les interventions et demeure un facteur induisant le mécontentement des usagers qui estiment que les vies de leurs proches attendant les secours les plus rapides, sont davantage mises maladroitement en danger.
Sur le plan matériel et logistique, le Samu de Béjaïa est sous perfusion : inexistence d’appareils indispensables, manque de médicaments à la pharmacie, le personnel est du reste obligé de se procurer la tenue de travail par ses propres moyens, ambulances usées et tant d’autres insuffisances. S’agissant des ressources humaines du Samu de Béjaïa, il est constaté un manque flagrant du personnel médical, paramédical et ambulanciers.
D’ailleurs, ces derniers ne bénéficient d’aucune formation spécifique et, l’admet-on, exercent dans le désordre. Advienne que pourra. Le personnel du Samu de Béjaïa, tient également à signaler qu’il est exposé au quotidien à des agressions physiques et à des insultes. Il se déclare non disponible à intervenir et à apporter une assistance médicale à des cas d’urgence, faute de moyens et d’un climat propice. Cela induit, raconte-t-on, automatiquement des vagues de mécontentement de toutes parts dont seul le personnel du Samu endosse la responsabilité.
“Après six années d’activité et de nombreuses vies sauvées, l’état des lieux est assez alarmant puisqu’au lieu d’améliorer l’efficacité et la rentabilité du service les nombreux problèmes que nous rencontrons dans l’exercice de notre fonction font que la situation est de plus en plus critique” écrit le personnel du Samu de Béjaïa au directeur de la santé et de la population de la wilaya.
La même direction a été déjà, rappelons-le, saisie en 2006 et le rapport qui lui a été transmis est, grosso modo, similaire au présent rapport. C’est dire donc, qu’aucune volonté d’en finir avec le mal qui ronge le Samu de Béjaïa, n’aurait été envisagée. Il s’agirait a contrario, d’un autre dessein, dont l’objectif sous-jacent est de maintenir le statu quo en attendant la mise à mort effective du Samu de Béjaïa.
Il est à signaler en dernier lieu que les missions du Samu portant sur l’intervention en cas d’accidents de la circulation, prise en charge des patients à domicile qui relèvent de l’urgence, catastrophes naturelles et sécuritaires et le transfert de patients.
Dalil S.
