Principaux sujets traités : le riche passé historique du groupe qui a fait sa première apparition publique en 1973, le duo fondateur d’une équipe déjà prometteuse, à savoir Cid Mohand Tahar (alias Karim) et Shamy Chemini. Ce groupe n’a cessé depuis de se multiplier avec de nouveaux musiciens de talent tel le guitariste Yannick Guillo qui a rejoint l’équipe en 1983 sans oublier le grand maître du rythme : Arezki Baroudi.
Karim a tenu aussi à préciser l’aspect essentiellement philosophique du groupe, soulignant que ce dernier est plutôt un concept qu’une formation figée. Cette philosophie consiste, selon le membre fondateur, en une spiritualité libérée des exigences religieuse, politique ou sociale. Leur répertoire n’est pas, affirme-t-il, une denrée périssable, relative à une époque ou un courant donné mais au contraire un produit hors temps, se voulant toujours libre et tout à fait artistique, évitant de se marquer avec une quelconque actualité, idée politique ou courant religieux. C’est sur cela justement que repose la « spiritualité » du groupe (plusieurs fois citée par Karim). Jaloux de son indépendance et sa liberté, le groupe ne fait ni dans l’événementiel ni dans la morale mais il tient à préserver, à protéger et à enrichir l’aspect purement artistique de leur œuvre ; ce qu’on peut appeler aussi et sans hésiter de l’art pour l’art.
Karim Abranis a parlé en outre de quelques chansons du groupe, ayant pour trait de transgresser les frontières géographiques, politiques, sociales et temporelles qui séparent les peuples pour inciter le public à ouvrir les yeux sur le monde, telle la chanson « Walli Kan », ou encore leur interprétation d’un poème de Si M’hand ou M’hand qui est selon notre artiste un poète intemporel, impérissable et toujours d’actualité.
Le groupe revisitera donc dans ce prochain concert son riche répertoire allant du zandali, heddi, berouali au funk, rock, rap et du reggae. Plusieurs chansons cultes du groupe feront le bonheur des spectateurs, telles « Lynda », « Chnagh le Blues » (la chanson fétiche de Karim), « Abehri » ou encore la mythique « Ameksa d yizem ». Les Abranis ont invité pour ce méga-concert d’autres groupes de rock algériens, à savoir « Dzaïr », « Djamaoui Africa » et d’autres. Une noble initiative pour affirmer que le rock, « art revendicatif et révolutionnaire », existe et vit en Algérie.
Karim, à l’approche de la soixantaine, déclare que ce concert pourrait être son dernier. L’artiste veut prendre une retraite bien méritée après 42 ans de dur labeur et de passion déchainée pour l’art, la musique et la scène.
Rappelons que le groupe ne s’est pas produit en Algérie depuis 1986. Karim espère toutefois que les anciens fans ne l’avaient pas oublié et qu’ils seront nombreux avec leurs enfants « à qui il est impératif de transmettre l’amour de la musique et de l’art en général ».
Le directeur de l’Etablissement Arts et Culture, M. Mohammedi, a tenu à remercier le groupe pour avoir accepté son invitation et espère être à la hauteur de cet engagement, surtout en ce qui concerne l’organisation et le travail technique. A ce propos, il a précisé qu’une salle de 5 000 places sera consacrée à ce grand événement.
Le retour des Abranis après 22 ans d’absence de la scène algérienne n’est pas à rater. Après Alger, ce jeudi 12 juin, le groupe fera une tournée dans différentes wilayas du pays, à savoir Boumerdès le 18 juin, Tizi-Ouzou le 19, Bougie le 23, Sétif le 24, Bourdj Bou-arréridj le 25 et Bouira le 26. Un nouvel album est également en préparation et dont la sortie est prévue pour fin 2008 ou début 2009.
Karim Abranis a aimablement conclu la conférence de presse en chantant aux journalistes et artistes présents un refrain d’une de ses célèbres chansons. La voix est toujours pure et puissante, le concert n’en sera que plus flamboyant!
Sarah Haidar