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Requiem pour un projet de gaz de ville

Si monsieur le ministre de l’Intérieur, lors de l’investiture du wali de Béjaïa, a déclaré que la wilaya de Béjaïa n’a enregistré que le taux dérisoire de 24% en raccordement au gaz de ville – un chiffre se situant très loin de la moyenne nationale (36%) – il n’en demeure pas moins que les populations de cette wilaya vivant en haute montagne où les conditions de vie déjà misérables qu’accentue la nature qui n’est toujours pas clémente, notamment avec les froids hivernaux, ne cessent de réclamer la dotation de leurs foyers en gaz de ville. Pour preuve, l’exemple nous vient du berceau de cheikh Belhaddad. En effet, une année s’est écoulée depuis que les habitants des quatre villages (Seddouk Ouadda, Tibouamouchine, Seddouk Oufella et Ighil n’Djiber), formant une grande communauté très dense en population, environ 5 000 résidants appelée depuis la nuit des temps Amdoune n’Seddouk, ont adressé une pétition à qui de droit pour réclamer l’alimentation de leurs foyers en gaz de ville et lamentablement rien encore ne se profile à l’horizon, leur permettant de garder espoir et que leur pétition ne moisit pas quelque part dans un tiroir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tout semble faire croire que cette revendication légitime est restée lettre morte tant qu’aucune réponse n’est venue de la part des destinataires, notamment l’APC de Seddouk, première concernée, les rassurant que leur revendication légitime aurait abouti. “Il y a plus d’une année que nous avons adressé une pétition signée par des milliers de résidants à l’APC de Seddouk avec copies pour la daïra et la wilaya réclamant la dotation de nos foyers en gaz de ville, à ce jour nous n’avons reçu aucune réponse attestant que nos revendications sont arrivées en bonnes mains”, dira un notable d’un village. Partant du principe que l’Etat est en train de réhabiliter cette région porte-drapeau de l’insurrection de 1871 et qui a donné un lourd tribut durant la guerre de Libération nationale en lui consentant des projets pour le rafistolage du patrimoine en ruines de cheikh Belhaddad et la construction d’un mausolée devant abriter ses ossements et ceux de son fils Aziz, les populations locales ne demandent pas plus que la continuité de ce processus de développement déjà engagé par les pouvoirs publics par l’alimentation en gaz de ville des quatre localités précitées, situées en haute montagne à quelque 1 000 mètres d’altitude dont les habitants vivent dans un total dénuement pour la plupart et reçoivent de plein fouet les frimas hivernaux très rudes qui parfois engendrent l’isolement des populations du reste du monde lorsque les chutes de neige sont très importantes et provoquent l’obstruction des routes. Les prix de la bouteille de gaz à ce moment-là prennent leur envol et les montagnards la payent à un pic atteignant les 250 dinars. Et pourtant, le gaz de ville est en service depuis 2005 dans la commune de Seddouk et a touché une partie des localités : le chef-lieu et les villages de Takaâts et Amalou Sidi Mouffok. Les habitants d’Amdoune n’Seddouk par contre, comme des laissés-pour-compte se sentent frustrés par cet oubli qui ne dit pas son nom. Car pour eux, les solutions existent et ils présument avoir même beaucoup d’atouts plaidant en leur faveur : A commencer par la proximité de leurs bourgades qui ne sont pas loin du tout de la ville de Sedouk, ne dépassant pas un kilomètre à vol d’oiseau et de surcroît possédant plusieurs pistes publiques permettant le passage de la conduite principale dans de bonnes conditions. Ces populations donc jugent que tous les ingrédients sont réunis et toutes les solutions existent, il ne reste, pour bien faire les choses, que la volonté des pouvoirs publics et des autorités locales et pour cela, ils se posent la question suivante : “Quand décideront-ils enfin de faire cesser leur supplice”.

L. Beddar

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