Les deux parties mettent en avant des documents qui leur ont été délivrés par les autorités publiques. Un conflit qui relance, encore une fois, la problématique de la gestion des biens immobiliers de la ville de Tizi-Ouzou. Le conflit qui oppose l’Association des anciens scouts et amis des scouts de la ville de Tizi-Ouzou (ASASVTO) à un élu RND à l’APW au sujet d’un local relevant du domaine public peut paraître anodin si ce n’est le statut flou de ce bien immobilier. Un flou instauré par l’Agence foncière de la même ville qui aurait attribué ce bien au père de l’élu en 1993 alors qu’il appartient à la municipalité.
L’anomalie, si c’en est une, dans l’attribution de ce local par l’Agence foncière est apparue au grand jour après que l’Association des scouts et amis des scouts de la ville de Tizi-Ouzou ait engagé des travaux de réfection pour l’occuper » provisoirement » suite à la délivrance d’une autorisation d’occupation provisoire, en mai dernier, par le maire de la ville. Des travaux qui seront interrompus par l’élu RND, Idir Nekkache, lequel réclame son droit à la propriété faisant valoir l’acte de concession délivré par l’Agence foncière de Tizi-Ouzou à son défunt père en 1993. Sauf que la manière avec laquelle M. Nekkache a procédé a soulevé l’ire des membres de l’ASASVTO qui entameront dès lors une campagne administrative et médiatique à son encontre.
« L’Association des anciens scouts et amis des scouts de la ville de Tizi-Ouzou, attributaire d’un local au lieu dit ‘‘le Château d’eau’’, sis au boulevard Mustapha-Nouri, a entrepris des travaux d’aménagement dont le renforcement de la clôture par une murette et des grilles ornementale (…), le samedi 14 juin 2008, à dix heures, un individu se sentant fort de son mandat d’élu de l’APW, de son appartenance à un parti politique et de l’appui de ses alliances, n’a pas trouvé mieux que de détruire le mur de clôture sous prétexte que la partie concernée (d’environ 50 m2 ) lui a été cédée par l’Agence foncière il y a de cela quinze ans, » est-il écrit dans un communiqué de presse que l’association nous a transmis.
Trois jours plus tard, soit le 17 juin, l’association se fait délivrer une seconde autorisation qui portera cette fois-ci sur la construction du mur de clôture, signée par l’intérimaire au maire, M. Kolli.
Le document portant références 517/DUE/CTO/2008, a toutes les couleurs d’une couverture administrative à l’acte d’ériger un mur dans le local litigieux, ce qui pourrait d’ailleurs constituer un délit à l’encontre de M. Nekkache au cas où il s’opposerait une seconde fois à l’érection du mur. Une manière de procéder pas tout à fait “tranchante” à l’égard d’un litige où le bien public est au centre d’un conflit de paperasse.
L’agence foncière égratignée par le maire
D’ailleurs l’autorisation de M. Kolli, en sa qualité d’autorité municipale, n’a pas du tout réglé le problème, car » durant la nuit du jeudi 19 au vendredi 20 juin 2008, ce même énergumène a érigé sans autorisation, un mur dans l’espace qui nous a été attribué nous coupant l’accès à la partie qui est destinée à retrouver sa vocation initiale, à savoir la réhabilitation de la fontaine ‘‘ Aïn Chabiba’’ « , signalent également les membres de l’ASASVTO, dans le document.
Contacté pour connaître sa version des faits, M. Nekkache qui occupe également le poste de directeur de l’agence BADR de Larbâa Nath Irathen, a reconnu avoir agi contre l’érection du mur dans le local mais nie l’avoir détruit avant de tomber dans la contradiction. « Effectivement, j’étais sur les lieux le jour où ils ont ramené un maçon pour construire le mur, j’ai demandé à l’ouvrier de cesser le travail et de quitter les lieux, » nous a-t-il déclaré hier au téléphone. » Mais les membres de l’association des anciens scouts vous accusent de l’avoir détruit le 14 juin dernier ? « , lui avons-nous signalé. » Je n’ai pas détruit le mur, ça n’était que deux rangées de briques que le maçon avait réalisé.
Et puis, je me demande pourquoi ils focalisent le sujet sur ce mur alors que le problème concerne le local tout entier ! « , nous a-t-il rétorqué. Selon M. Nekkache, l’association est en porte-à-faux avec la loi, car explique-t-il, » la mairie n’aurait pas dû leur attribuer des autorisations étant donné que je possède des documents prouvant ma qualité de propriétaire du bien « . Notre interlocuteur exhibe l’acte de concession délivré à son défunt père, feu Nekkache Mohammed, en 1993, par l’Agence foncière » dans un cadre social » ainsi qu’une facture de paiement » d’un prix symbolique » au profit de cette dernière. Mais à la mairie de Tizi-Ouzou, par la voix de son premier responsable intérimaire, M. Kolli, dénie à l’élu tout droit de propriété car » les documents délivrés par l’Agence foncière de l’époque pourraient être entachés d’irrégularités. » Pis, le maire par intérim ira jusqu’à qualifier l’acte de concession de faux. « Le local n’a jamais appartenu à l’Agence foncière, il est le bien de la municipalité. Son attribution par l’Agence foncière est illégale, donc il y a anguille sous roche&hellip,; » accuse-t-il encore.
Une accusation qui ne peut être prononcée aussi promptement par le premier responsable de la commune à l’encontre de l’Agence foncière de Tizi-Ouzou si celui-ci n’a pas d’autre griefs à lui reprocher que d’aucuns, d’ailleurs, mettent en cause dans plusieurs affaires de détournement et de squats de terrains relevant du domaine public à Tizi-Ouzou, ayant conduit les autorités de wilaya et judiciaires à ouvrir des enquêtes dont certaines ont abouti à mettre plusieurs anciens responsables de cette agence derrière les barreaux.
M.A.T.
