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Acquittement pour un réfugié politique ivoirien

Le tribunal criminel près la cour de Béjaïa a examiné dans sa séance du mardi une affaire relative à la contrefaçon de billets de banque et à la distribution de fausse monnaie (coupures de 100 et 200 euros). L’accusé Z., 32 ans, père de famille, est un réfugié politique de nationalité ivoirienne qui vit à Alger depuis quatre ans.

Le représentant du ministère public a requis contre lui une peine de 12 ans de prison. Le verdict prononcé par le président après délibération a été l’acquittement en faveur de l’accusé. Les faits remontent à la journée du quatre novembre 2007, quand l’accusé est venu pour la première fois à El-Kseur “pour tâter le terrain” selon l’expression du président et à celle du huit du même mois lorsqu’il à remis à la victime la somme de 9 100 euros en 89 fausses coupures de 100 euros et une coupure de 200 euros.

A la barre l’accusé déclare qu’il ignore totalement que les billets étaient faux. Il indique que c’est un certain I., de nationalité malienne, qu’il a connu à l’hôpital d’El-Kettar à Alger, qui l’a chargé, contre une promesse de 1 500 euros, de livrer l’enveloppe fermée à Y. F., à El-Kseur qui est en relation d’affaires avec A., du Niger et dont il détient le passeport et une reconnaissance de dette de 50 000 euros. Au cours de l’audience, l’assistance apprendra que c’est A., du Niger qui a chargé I., du Mali de trouver quelqu’un qui remettra l’enveloppe à Y. F., d’El-Kseur et de récupérer auprès de celui-ci son passeport retenu comme garantie. Y. F., affirme que ses doutes sur la validité des billets ont commencé à se former au moment où il a vu l’envoyé Z., sortir l’enveloppe non pas de sa poche mais de sa chaussure.

Quand la fausseté des billets a été confirmée, il s’est alors rendu compte qu’il avait été truandé par celui qu’il croyait être son associé. C’est suite à une annoncée passée dans les journaux par Y. F., qui cherchait un associé pour moderniser sa limonaderie à El-Kseur que A., du Niger s’est présenté à lui faux pour lui miroiter un apport conséquent de capitaux. L’argent se trouverait en Angleterre, chez sa mère qui serait la veuve d’un riche général. Pour mettre le limonadier en confiance totale, il lui donne le numéro de téléphone de sa mère portant bien l’indicatif de l’Angleterre.

La dame répond à l’Algérien que l’argent est disponible, mais pour le faire parvenir en Algérie, étant donné que son fils est réfugié politique, il est nécessaire d’emprunter le canal des Nations unies. Et au siège des Nations unies à Alger, pour retirer l’argent, A du Niger demande à Y. F., d’El-Kseur de verser deux fois la somme 25 000 euros, représentant les frais d’envoi. Y. F., s’exécute mais sans rien voir en retour. le Nigérien, pour le rassurer lui signe alors une reconnaissance de dette de 50 000 euros et lui remet son passeport en guise de garantie. Pour la partie civile et le représentant du ministère public, qui ont développé les mêmes arguments, l’accusé Z., de la Côte d’Ivoire est loin d’être l’innocent qui ignore le contenu réel de l’enveloppe comme il le prétend pour attendrir le tribunal. C’est un véritable professionnel qui fait partie d’un réseau de trafiquants de fausse monnaie et autres pour mettre à genou l’économie algérienne.

Assurée par maître Driss Abdellah, la défense a commencé par exprimer sa fierté et son honneur pour le fait que l’Algérie accueille des réfugiés politiques de toutes les nationalités et notamment des Africains dans la situation de son mandant dont le père et le frère ont été assassinés par la junte militaire et qui grâce à 12 000 DA que lui verse bimensuellement le Haut-Commissariat aux réfugiés et aux petits travaux qu’il effectue ici et là, nourrit à partir d’Alger sa femme et ses enfants réfugiés en Guinée Bissau. Pour elle (la défense), son mandant est la seule victime dans cette affaire, puisque, toujours selon elle Y, F, a une reconnaissance de dette de 50 000 euros signée de son débiteur.

Au cours de son intervention l’avocat de la défense s’est demandé pourquoi les principaux acteurs de l’affaire, c’est-à-dire A, de Niger et I, du Mali n’ont jamais été inquiétés et n’ont même pas été entendus par la justice.

Aux termes de sa brillante plaidoirie, il demandera l’acquittement pur et simple de son mandant.

B. Mouhoub

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