“L’accueil que nous a réservé le public lors de notre tournée du printemps nous a fait comprendre une chose : le public raffole du théâtre qui lui parle des grands maux de sa société et surtout de ses tracas quotidiens ! ” nous déclare Ali Bouaoune.
N’appartenant à aucune école théâtrale, faisant fi de toutes les règles, mélangeant les genres (commedia dell’arte, théâtre de boulevard, théâtre politique, théâtre humaniste…), l’inénarrable duo, Ali Bouaoune et Samir Miche de la troupe Tiziri montrent déjà des dents longues.
Ne cachant pas leur ambition de participer activement au renouveau du 4ème art en Kabylie, ces jeunes loups s’attaquent à des sujets très sensibles, des sujets “lourds” mais traités avec un humour toujours renouvelé. Après avoir fait des gorges chaudes sur le “suicide” et “El ouhda ath thalitha”, les voilà qui récidivent en théâtralisant un sujet national qui déroute encore spécialistes et responsables : l’immigration suicidaire clandestine, la communément nommée “harraga”.
En traitant ces sujets, ils veulent d’abord participer au débat sur ses questions non pas de manière didactique et dogmatique, qu’ils laissent aux nombreux spécialistes, mais de façon populaire, ils veulent ensuite et surtout faire réfléchir les “candidats” au suicide ou à l’immigration clandestine à reconsidérer leurs projets “désespérés”, leur message, en quelque sorte, est “Rien ne sert de pourrir, il faut être toujours au point !”
Joignant l’utile à l’agréable, Tiziri, fait aussi de la promotion pour des artistes inconnus, ses spectacles sont souvent agrémentées par des mélodies jouées par Saichi Ghilas… et des imitations exécutées par Hassam Nabil. “Nous affinons nos spectacles pour la tournée de cet été auquelle nous accordons une grande importance. Le Théâtre c’est l’art de la paix et du partage, vous ne trouverez pas de gens sur les gradins d’un théâtre se jeter des pierres ou échanger des coups de poings, au contraire dans un théâtre, on se jette des fleurs, on pleure, on rit, on s’embrasse… bref dans un théâtre, on apprend à être humain !” Samir Miche souhaite que toute l’Algérie soit un théâtre, pas d’affrontements fratricides ou autres stupidités du genre, mais un théâtre de blancheur, un théâtre de verdure, d’amour et d’humanité. Grand programme pour une petite troupe qui s’appelle quand même “Tiziri” : clair de lune. On y voit tout de même clair.
Boualem B.