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L’homme et la nature

Même l’air que nous respirons devient de plus en plus chargé d’acides, d’anhydrides sulfureux et de gaz toxiques? ce sont là, des facteurs qui, non pris en considération à temps et avec tout le sérieux requis, peuvent léguer pour des générations à venir un lot trop lourd de risques divers. Evidemment le remède à la déstructuration de l’environnement ne résidera pas dans la transformation des complexes industriels en musées ou en lieux de vacances pour naturistes. La consommation actuelle des richesses naturelles des matières premières et des sources d’énergie, ne diminuera pas. Bien au contraire. Des prévisions de spécialistes nous autorisent à penser que les hommes utiliseront de trois à quatre fois plus de matières premières dans les trois dernières décennies de ce siècle, que pour la période qui s’est écoulée entre l’an 1 et 1970. Une telle consommation des ressources naturelles ne fait que rendre plus lourde la responsabilité qui nous incombe vis-à-vis de notre environnement et des générations futures. Il s’agit de conserver à la fois un environnement naturel viable (sinon agréable) et les ressources qu’il recèle et qui constituent la base de vie de l’humanité.

Economie d’énergieCe souci se traduit par une préoccupation qui adopte deux axes : Une économie dans l’utilisation des matières premières et de l’énergie, un système de production et de consommation qui pollue moins. Une réponse à ces deux préoccupations (surtout à la deuxième) a été esquissée avec la mise au point de technologies à déjections faibles ou nulles. En ce qui concerne le problème spécifique de la pollution, selon les spécialistes en la matière, notre pays n’a heureusement pas encore atteint ce seuil d’alarme que connaissent beaucoup de contrées. Les solutions généralement envisagées par les pays profondément atteints prennent deux aspects : Le premier procédé consiste a atténuer la pollution : les déchets industriels sont canalisés vers des bassins spéciaux le long des cours d’eau ou bien sont dispersés dans l’air à assez hautes altitude grâce à des cheminées élevées. Ce procédé n’élimine évidemment pas les substances toxiques, il ne fait que les distribuer de manière moins dangereuse. La deuxième variante, contribue à diminuer la pollution grâce au filtrage des gaz au moyen de chambres de filtrage, de filtres ou de procédés électriques. Ces deux traitements sont les plus pratiqués pour l’étape actuelle de la pollution. La pollution est aujourd’hui une réalité – même timide – dans notre pays aussi : l’état d’oued El Harrach et d’une bonne partie de la côte ouest en est une preuve tangible. Il faut ajouter à cette destruction spatiale d’ordre industriel, un autre mal tout aussi grave : l’avancée du désert. Occupé par les besoins immenses en matière de construction et d’investissements économiques le pays n’a pas eu le loisir (ou n’a pas jugé bon) de se pencher dans les premiers temps sur les problèmes qui en dérivent et que le besoin pressant faisait apparaître comme secondaires.Un processus d’accumulation s’est développé depuis l’indépendance à ce jour et a entraîné certaines formes de consommation, reproduction des ressources naturelles et de disparition des espaces verts qui battent en retraite devant l’invasion du béton et parfois du terrain vague. Les villes (et même les campagnes) voient ainsi leurs poumons verts s’atrophier. L’étouffement devient imminent. La protection de l’environnement devient ainsi de régle. Elle a deux finalités : améliorer les conditions de vie et de travail des hommes et rehausser par une politique d’exploitation, consommations des matières premières notamment, l’économie nationale. Les possibilités scientifiques et techniques servies par une bonne planification, loin de contribuer à la destruction de la nature, commencent au contraire à donner dans certains pays de grands résultats quant à la protection et l’utilisation des ressources naturelles et quant à une harmonie de rapport avec la nature dans l’intérêt de celle-ci, de l’homme, et du bien-être social. Les pays socialistes considèrent pour la plupart le problème de l’environnement en fonction de leur système social, c’est-à-dire qu’ils y voient essentiellement un problème de société. Ils ont ainsi adopté des réglements sur la protection de l’environnement et délimité un certain nombre d’actions primordiales dans les plans nationaux en encourageant les travaux qui s’efforcent de mettre au point des procédés technologiques produisant peu ou pas du tout de déchets.En outre, ces déchets sont examinés systématiquement et scrupuleusement, pour savoir s’ils ne peuvent pas être recyclés ailleurs. On peut citer comme exemples de réutilisation des déchets, un procédé d’agglomération de cendres provenant de centrales pour construire des panneaux légers et isolants et un procédé de chauffage de serre à partir des eaux usées provenant d’installations industrielles. Le recyclage des déchets est aujourd’hui une grande préoccupation dans les pays développés qui arrivent à réutiliser parfois un pourcentage très important de leurs déjections industrielles : les pneu usés sont réintroduits dans la fabrication de produits caoutchoutés, la cendre est réutilisée dans le bâtiment et l’agriculture, les eaux d’industrie sont utilisées en circuit fermé, les métaux précieux, rares et non ferreux sont récupérés dans les eaux et les boues au sortir des usines. Quant aux industries les plus polluantes, elles sont parfois exportées vers les pays du tiers monde, ou en voie de développement.Dans beaucoup de contrées, l’élément le plus exposé au déséquilibre et à la destruction est l’eau. Ainsi, la pollution de l’oued Sebaou, pour ne citer que celui-là, a entraîné ces dernières années l’empoisonnement de sa faune et flore. C’est la première fois que la pollution atteint des proportions aussi alarmantes sur ce cours d’eau, que la population riveraine utilise très largement non seulement en matière d’irrigation et d’abreuvement des troupeaux, mais aussi pour la consommation ménagère. Les autorités concernées, heureusement, ont pris cette année des mesures qui s’imposent pour l’exploitation de cet oued quant à l’extraction de son matériau. Un autre problème qui se pose actuellement, c’est la désagrégation qui résulte des rejets nocifs des usines implantées dans la région et qui ne possèdent pas de stations d’épuration. Ces usines sont celles de l’ENIEM, de fabrication d’Aliment du bétail etc… Pour un pays comme l’Algérie où l’eau est déjà en quantité insuffisante, une attention particulière devrait être accordée à des procédés qui permettent de protéger l’eau potable et d’utiliser pour les autres besoins plusieurs fois une même eau.Les programmes de constructions de nouveau logements ainsi que l’élévation du niveau de vie conduisent aussi à une consommation d’eau plus importante. L’épuration et la réutilisation des eaux usées sont donc des procédés à développer de manière sérieuses grâce à la modernisation des installations de réseaux, comme celles déjà installées pour le déssalement d’eau de mer, ne permettent d’ailleurs pas seulement de pourvoir à certains besoins comme l’approvisionnement des citoyens en eau potable, l’irrigation et l’alimentation des installation industrielles, ils sont aussi le meilleur garant de la propreté et de la protection des cours d’eau qui jouent un très grand rôle tant dans le processus naturel que dans les possibilités de repos et de loisirs des citoyens.

Déchets gazeuxImagine-t-on un peu tous les agréments qu’aurait offert pour les Algériens un oued El Harrach fleurant dans la brise avec ses berges coiffées d’arbres et un voilier de temps à autres sciant le bleu de l’eau… ? Imagine-t-on aussi, le bonheur d’un citoyen qui chaque jour, pour faire le trajet maison/lieu de travail peut traverser à loisir des parcs et des jardins verdoyants ? De telles perspectives sont déjà une réalité là ou les plans généraux des transports et les schémas directeur d’urbanisme ne se font jamais sans une petite pensée pour les espaces verts. Pour en revenir à la pollution, il convient de citer également les déchets gazeux et les émissions de poussières qui modifient de manières très sensible la pureté de l’atmosphère.Un exemple éloquent nous est fourni par les cimenteries de Meftah et de Raïd Hamidou, dont les procédés de filtrage sont défaillants. Il faut donc ici attirer l’attention sur l’urgence de la mise en place d’installations d’épuration plus adéquates. La protection de l’environnement est moins une préoccupation “naturiste” qu’un volet important d’une politique sociale qui prend à cœur les conditions de vie et de travail. Cette politique s’est traduite dans certains pays, par une planification rigoureuse en vue de la récupération de matériaux de valeur, de l’utilisation normalisée des ressources naturelles et de la protection du cadre de vie. Les différentes campagnes d’assainissement et les campagnes de sensibilisation à la protection de la nature, les structures étatiques de notre pays montrent qu’elles sont très loin d’être insensibles aux problèmes de l’environnement. Mais la plus grosse tâche dans la protection et l’embellissement du milieu ambiant incombe à tous les citoyens. Ce n’est qu’en faisant preuve de vigilance et en déployant des initiatives constructives qu’on gagne un cadre de vie digne de ses aspirations.

S. S. K.

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