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Hommage à la grande Chérifa

Après des années de galère, notre culture longtemps considérée comme un sous-produit pas assez à la hauteur pour faire l’objet d’un travail de recherches et d’études, commence ces derniers temps à sortir de l’auberge et à voir le bout du tunnel grâce à la fougue de la jeune génération déterminée à s’ouvrir à l’universalité à travers la réhabilitation et la mise en valeur de son propre patrimoine.Auparavant, pour qu’une recherche soit bien considérée et que son auteur puisse se vanter d’apporter quelque chose à la culture universelle, il fallait s’attaquer à de grosses pointes de renommée mondiale, mais actuellement il y a un intérêt de plus en plus accru à notre patrimoine traditionnel par le biais de thèses de fin d’études et de recherches académiques. L’institut de musicologie de Kouba a enregistré cette année, dans le cadre des soutenances de fin de cycle, plusieurs travaux de recherches traçant pour objectif la sauvegarde de l’héritage musical algérien de tradition orale, encore inexploré par la musicologie analytique et menacé de déperdition en raison d’absence ou de manque de travaux de transcription et de codification. Un vibrant hommage a été rendu samedi dernier à la grande figure du chant traditionnel kabyle, Ouardia Bouchemlel, plus connue sous le nom de  » Na Chérifa  » qui a fait l’objet d’une recherche élaborée par deux étudiants en musique. Si dans la première partie de ce travail, ils se sont intéressés au parcours artistique de la chanteuse, sa vie d’artiste et les spécificités de ses chants, la seconde partie présentera les différentes structures rythmiques et modales caractérisant les chants de Chérifa par le biais d’une analyse auditive vérifiée en utilisant le système de notation occidentale qui n’arrive pas toujours à prendre en charge tous les phénomènes musicaux spécifiques de ce patrimoine oral. Raison pour laquelle ils proposeront certaines adaptations pour tenter des les représenter le plus fidèlement possible.La chanteuse Chérifa, née le 9 janvier 1926, avait dès son jeune age un faible pour le chant et plus particulièrement aux formes de regroupements  » Urar « . Après l’indépendance, elle restera la chanteuse principale de la chorale féminine, mais interdite à la radio algérienne pour des raisons politiques, et ce n’est qu’à la fin des années quatre-vingt où elle reprend timidement la chanson et réintègre de nouveau la radio chaîne 2 dans l’émission  » Nuba El Xalat  » qu’elle assure jusqu’en 1997. Sur le plan musical, Chérifa a su, grâce à sa puissante voix et ses airs puisés dans l’environnement musical de la région kabyle ainsi qu’à ses chants accompagnés par la percussion traditionnelle  » bendir, tar…et le clappement des mains « , conserver la tradition orale, avec ce cachet particulier qui caractérise sa musique.Les caractéristiques du chant de Na Chérifa, elle les a puisées du milieu dans lequel elle a grandi et qui donne une grande importance au chant ponctuant toutes les manifestations de la vie quotidienne. De cette façon, elle garde la forme d’Urar pratiquée dans les différentes occasions en se faisant accompagner par une troupe formée de femmes jouant des instruments traditionnels et par  » agewaq  » qui n’est pas utilisé dans les Urar puisque c’est un instrument utilisé par les hommes.

H. Hayet

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