A proximité de l’enceinte hôtelière de Tikjda se situe le centre d’accueil du Parc national du Djurdjura. Infrastructure de fortune pour ce parc de haute montagne créé par décret en 1983.
Chevauchant les wilayas de Tizi-Ouzou au nord et de Bouira, au sud, le parc, d’une superficie de 18 500 hectares, n’est qu’a 120 kilomètres au sud-est de la capitale. De part et d’autre de la chaussée, des familles sont assises sous les cèdres séculaires. Le plaisir de déjeuner sur l’herbe, en pleine montagne, avec les singes magots qui vous reluquent, demeure un moment que les enfants n’oublient pas de sitôt. Des enfants, d’habitude si bruyants et turbulents lorsqu’ils se retrouvent dans des grands espaces, bizarrement hypnotisés par ces animaux qui évoluent en liberté. Dommage toutefois dans ce parc, comme le soulignent de nombreux visiteurs, l’absence d’aires de jeux ; toboggans et balançoires qui se fait ressentir. Aujourd’hui, le Parc national du Djurdjura accompagne, du mieux qu’il le peut, le secteur du tourisme. A travers la sensibilisation du public qui vient découvrir les lieux, et par le biais des agents du parc qui n’hésitent pas à faire des randonnées pédestres avec les estivants. A ce propos M. Kaci, quinquagénaire bon pied bon œil, et néanmoins brigadier chef du PND au Centre d’informations n’est pas avare en renseignements sur tout ce qui constitue la richesse et la biodiversité du parc. Cités entre autres comme espèces protégées, les arbres tels le cèdre de l’Atlas, le pin noir endémique du Djurdjura, l’if, l’érable, le peuplier noir, et l’introduction récemment du sapin de Numidie, espèce qui pousse à l’état endémique dans les massifs des Babors. Le chêne vert aussi est protégé par le parc car, les glands constituent la nourriture principale des singes magots. Pour justifier cette protection, les agents du parc arguent le fait que si les glands sont cueillis par les visiteurs ou les riverains, les singes affamés peuvent alors descendre vers les vergers et ravager tout ce qui s’y trouve. Parmi la faune, notre interlocuteur cite pêle-mêle, le chacal, le renard, la hyène rayée, la mangouste, la genette, l’aigle royal, le gypaète barbu, le vautour fauve, le pigeon ramier, le corbeau, la perdrix grise…. Beaucoup de ces rapaces sont utiles à l’intérieur du parc pour y effectuer le nettoyage. Des sortes de fossoyeurs naturels qui se chargent d’éliminer toutes traces de cadavres. Cette faune et cette flore sont savamment étudiées, examinées et répertoriées par des universitaires de Béjaïa, Alger ou de Tizi-Ouzou qui s’adonnent souvent à des travaux d’analyse en pleine montagne lors d’excursions scientifiques. Ce sont également les plantes telles la pivoine, l’absinthe et l’origan qui font l’objet d’une attention particulière par les agents du parc car il s’agit là d’espèces protégées nous affirme M. Kaci. Un bémol toutefois, et pas des moindre, dans la beauté de ce paysage enchanteur. Les plus de 1000 hectares de pins d’Alep, de cèdres et de broussailles ravagés lors du terrible incendie d’août 2000 sont encore visibles. Aujourd’hui, même si ce n’est plus qu’un mauvais souvenir, les séquelles de cette catastrophe écologique sont là et elles mettront du temps avant de s’effacer. Tikjda a tous les atouts pour attirer investisseurs et touristes. Des atouts octroyés par Dame Nature et qui n’attendent qu’une volonté politique appliquée pour que la région renoue avec le tourisme tel que prévu dans les années 70. Pour rappel, l’hôtel de Tikjda avait ouvert ses portes aux premiers vacanciers en novembre 1976 avant d’être officiellement inauguré en janvier 1977. L’auberge avait été ouverte elle, en 1983, alors que la demande des touristes était de plus en plus pressante. Qu’en est-il aujourd’hui ? Les tours-opérateurs chargés de vendre la destination Tikjda, ne jouent plus le jeu hormis quelques rares agences de voyages du chef-lieu de wilaya qui la proposent encore. Il est temps de redonner ses lettres de noblesse au secteur du tourisme de haute montagne.
Hafidh Bessaoudi
