» Il faut doter les élus locaux de plus de prérogatives  »

Partager

La Dépêche de Kabylie : Vous venez de clôturer un cycle de formation destiné aux présidents d’APC et initié par le ministère de tutelle, en avez-vous tiré profit ?

M. Souam : Certainement ! Une formation est toujours bénéfique quelle que soit sa nature. Ce regroupement de cinq semaines des présidents d’APC nous a permis d’étudier, en théorie, quelques thèmes qui rentrent dans le cadre de la gestion de la collectivité, à savoir la communication et le développement du personnel, la planification stratégique, les finances, les ressources humaines, le management opérationnel et surtout les mécanismes de gestion de l’état civil, l’hygiène mais surtout la gestion des instruments des actes d’urbanisme. Nous aurions aimé que cette rencontre intervien durant le précédent mandat afin de permettre aux élus reconduits d’envisager leur second mandat avec une solide base.

Justement vous en êtes à votre 2e mandat, quelle appréciation faites-vous sur l’état de votre commune,

Même si des insuffisances sont toujours constatées et que le travail qui nous reste à faire est colossal, je peux vous affirmer que la gestion des affaires publiques s’est améliorée par rapport aux années précédentes, je vous citerai dans ce sens, quelques points qui semble à mon avis importants. Nous avons avant toute autre chose, amélioré l’accueil du citoyen, dans notre politique de développement nous avons donné la priorité durant notre premier mandat à la réhabilitation des axes routiers qui étaient dans un état lamentable, cette année les pcd sont une occasion de se consacrer aux réseaux d’assainissement. Dans le chapitre de la gestion des ordures ménagères, nous couvrons pratiquement 70 % du territoire de la commune même si d’autres localités ne sont pas encore couvertes cela est dû essentiellement aux moyens rudimentaires dont dispose la municipalité. Nous sommes à vrai dire sur un chantier qui prendra beaucoup de temps, tant le besoin est énorme. Plusieurs infrastructures destinées à l’épanouissement de la jeunesse sont en cours de réalisation à l’image des deux foyers de jeunes de Tassoukit et Ait el Hadj Ali, une aire de jeux à Ait Abdelmoumène et un stade communal au chef-lieu en plus de la salle des sports déjà achevée. Nous avons procédé récemment à la répartition des 3 % du budget destinés aux associations sportives même si la somme n’est guère suffisante en raison des ressources financières limitées de l’APC. Dans ce sens, nous assurons le transport des athlètes à l’occasion de leurs déplacement, ce qui n’est pas du tout évident au vue du manque flagrant qu’accuse le parc roulant de notre commune. Dans un autre registre, le raccordement du chef-lieu au gaz de ville suit son cour, après l’achèvement des travaux, une autre grande opération d’amélioration urbaine qui touchera une partie importante de la ville. L’autre chantier est non des moindres concerne la lutte contre l’habitat précaire, l’opération suit son cour en collaboration avec les parties concernées l’agence foncière de Boghni entre autre. Nous avons tenté durant notre mandat d’améliorer les conditions de scolarisation au niveau des établissement primaires par le renforcement de l’effectif des agents d’entretien ainsi que l’aménagement à l’intérieur des écoles primaire. Nous avons également doté ce secteur de deux cantines scolaires respectivement à l’école d’Ait el Hadj Ali et celle d’Ait Abdelmoumène. Je terminerai par dire que si je compare l’évaluation des objectifs des années précédentes, il est clair que la situation s’est nettement améliorée; cependant, il restera beaucoup à faire pour replacer notre commune parmi les plus nanties de la zone sud de la wilaya de Tizi Ouzou.

Le fait de disposer d’une majorité absolue au sein de votre assemblée est-il pour vous un atout supplémentaire pour une gestion efficace des affaires de la municipalité ?

Après avoir présidé une assemblée populaire communale à majorité relative durant le mandat de 2005, je dois dire que le fait de disposer d’une majorité confortable est quelquefois un atout pour s’assurer une stabilité da l’APC, cela dit, le premier magistrat de la commune doit être avant tout un rassembleur, il doit d’abord être à l’écoute de l’ensemble des élus toute tendances confondues. Le P/APC est censé être proche de la société civile à travers une implication de celle-ci dans la gestion, je crois d’ailleurs dans ce sens que la concrétisation de la démocratie de proximité commence par là car les plans d’actions doivent être initiés par la base, c’est-à-dire les comités de villages avant de les enrichir au niveau des commissions de l’assemblée. Je vous cite, par exemple, le cas de l’élaboration du budget dont l’étude s’est faite en présence des élus qui ont activement participé. La communication joue un rôle primordial pour la réussite d’une bonne et stable gestion en sein de la collectivité.

Parlez-nous des programmes de développement de l’année en cours …

Le montant des pcd 2008 alloué à notre commune s’élève à 23 millions de dinars. La répartition de cette somme s’est faite d’une façon équitable afin de toucher l’ensemble des quartiers et villages en tenant, bien sûr compte des plans d’action présentés par les comites de villages. Nous avons prévilégié, comme je vous l’ai dit, la réhabilitation du réseau d’assainissement, puisque la zone Nord et Sud d’Ait Abdelmoumène a bénéficié d’un projet pour la canalisation des eaux usées et pluviales. Au niveau des autres villages, nous avons priorisé sur demande des comités de villages les aménagements au niveau des axes routiers, à savoir le revêtement de la piste Abassene, aménagement au niveau de la piste d’Ighil Boudhal et celle de la route d’Ighil Imoula et Taghouza Athemane. Quant à l’aire de jeux d’Ait Abdelmoumène implantée sur un terrain à relief accidenté, elle nécessite non seulement des quantités de terrassement importantes mais aussi, il va falloir éviter des glissements et affaissements dus aux eaux pluviales. Toutefois, la cagnotte qui nous a été réservée est vraiment insuffisante relativement aux besoins exprimés par notre population, c’est pour cela que les autorités doivent penser à revaloriser les subventions qu’on nous accorde proportionnellement aux besoins exprimés.

En plus des pcd 2008, y a-t- il d’autres perspectives de développement à moyen et long termes ?

Certainement ! Nous avons présenté dans ce sillage un plan d’action quinquennal, les perspectives de développement ne manquent pas, les moyens doivent justement suivre. C’est le cas de le dire pour plusieurs axes routiers de désenclavement qui restent dans un état piteux surtout durant la saison hivernale et qui doivent être réhabilités, ajouter à cela l’ouverture des pistes agricoles. Le prolongement de certains réseaux d’assainissements, la construction d’une nouvelle agence postale pour le village Ait Abdelmoumène, la réalisation d’une salle de soins, l’une à Tassoukit et l’autre à Ait el Hadj Ali, une aire de jeux à Tassoukit et la réhabilitation des cimetières et monuments qui est d’ailleurs inscrite dans le cadre de l’opération blanche Algérie. Parmi les grands projets que nous voudrions concrétisé il y a la réalisation d’une décharge contrôlée en plus de celui d’un grand stade communale qui sera homologué. Le programme est riche, les moyens sont dérisoires!

Et la lutte contre l’habitat précaire dans tout ça ?

La démolition de la cité bidonville du chef-lieu qui offre un visage triste à notre commune est en voie de concrétisation en concertation d’abord avec les citoyens et les autorités de wilaya mais surtout l’agence foncière de Boghni.

Y a -t-il d’autres contraintes qui handicapent la mise en œuvre de votre programme d’action ?

Vous devez savoir que notre APC ne dispose pas de moyens humains et financiers censés nous servir pour la mise en œuvre de notre programme. L’inexistence d’assiettes foncières libres.

Le minimum d’assiettes mises à notre disposition sont soit étroites ou situées sur un relief accidenté qui demande toujours une réévaluation des coûts de l’opération par des travaux important soit en terrassement et mur de consolidation, ajouter à cela des opposition de citoyens qu’on arrive âprement à débloquer. Le manque de matériaux de construction au niveau de notre wilaya stoppe aussi la progression des politiques de développement; la plupart des projets lancés s’avèrent infructueux soit par manque d’entreprises soit par dépassement de l’enveloppe allouée, la négociation pour des rabais n’est pas dans certains cas porteuse, convaincre les entreprises n’est pas chose évidente avec l’absence de carrières de matériaux de première nécessité dans la région notamment le sable, le gravier le ciment, l’acier …etc.

Nous avons noté que la priorité a été donnée à la réhabilitation des réseaux routiers puis ceux de l’assainissement, pour quelles raisons avez-vous fait ce choix ?

Un pays en voie de développement ne peut progresser avec un réseau routier dégradé, il suffit d’ailleurs de voir les routes d’un pays pour connaître son état de développement.

Donc notre priorité a été durant notre premier mandat, de réhabiliter le réseau routier de notre commune à travers le bitumage parfois en BB des axes principaux afin de faciliter les communications et les déplacements plus rapides dont a vraiment besoin la population, les usagers de la route en particulier. Cette année nous avons intégré dans notre programme d’action la réhabilitation du réseau d’assainissement dégradé et le prolongement de rejets proches des habitations pour éviter bien sûr la propagation de maladies notamment les MTH.

Quelle est la part des jeunes dans votre programme ?

Dans nos différents programmes d’action, nous avons toujours inclus des projets destinés à l’épanouissement de la masse juvénile. Pour cette année nous envisageons de réaliser la première tranche de deux foyers pour jeunes, l’une à Tassoukit l’autre, à Aït El Hadj Ali, en plus de l’achèvement des travaux d’aménagement de l’aire de jeux du village Ait Abdelmoumène sous réserve de l’accord des hautes autorités de la wilaya.

Il y a également l’achèvement de la salle des sports réalisée au chef-lieu communal.

Vous allez bénéficier prochainement d’un nouveau siège d’APC, quel impact aura-t-il sur le fonctionnement de la municipalité ?

L’inauguration imminente du nouveau siège d’APC va permettre aux différents services de souffler et d’évoluer dans des conditions favorables, eux qui ont toujours souffert de l’exiguïté de l’actuel siège qui s’apparente à une boîte d’allumette. Nos concitoyens pourront également disposer des services de l’APC dans des conditions dignes. Ainsi, ce nouveau siège me permettra d’associer la société civile à tous les programmes d’action par le biais des rencontres et séances de travail qui se tiendront dans la salle des réunions qui n’existe pas dans l’actuel siège. En finalité, je dirai que le rendement des différents services de l’APC sera plus efficace et l’accueil de nos concitoyens sera bien meilleur.

Nous vous laissons le soin de conclure ….

Il est temps d’accorder plus de prérogatives aux élus locaux dans la gestion de la collectivité locale; l’élu se trouve aujourd’hui marginalisé dans la prise de certaines décisions qui préoccupent la population à travers une décentralisation du pouvoir.

Entretien réalisé par A. Z.

Partager