L’école des enfants du nouveau monde

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En 2006, Boubekeur Benbouzid, ministre de l’Éducation nationale, avait, devant l’ambassadeur du Japon à Alger, développé l’idée consistant à concevoir des cours de prévention des risques sismiques aux élèves de l’école algérienne. Il est vrai qu’au cours des vingt dernières années, les écoliers, collégiens et lycéens algériens ont eu à vivre, dans différents points du territoire national, des scènes parfois dramatiques succédant à des tremblements de terre de plus ou moins grande intensité. Tipaza, Aïn Temouchent, Beni Maouche, Boumerdès, Tamridjt, sont quelques unes des localités affectées par de violents mouvements telluriques depuis 1990. Les stigmates et conséquences de ces douloureux phénomènes naturels sont encore visibles sur certains édifices et infrastructures, mais surtout au sein de familles qui n’arrivent pas encore à se remettre d’un événement d’une exceptionnelle puissance qui leur a fait perdre leurs biens meubles et immeubles et parfois de chers proches. À travers le monde, l’école a été conçue pour s’insérer dans les réalités sociales de chaque pays et tous les moyens didactiques sont mobilisés pour y parvenir. Dans ce cas de figure, ce n’est pas un hasard que ce soient les Japonais qui sont les mieux informés sur les phénomènes sismiques et qui ont développé les moyens les plus appropriés de sensibilisation de la population et de construction parasismique.

Il se trouve qu’en matière d’innovation par rapport aux programmes de l’éducation traditionnelle, la prévention des risques sismiques est la deuxième expérience que le département de Benbouzid veut introduire dans notre système éducatif après l’enseignement des Droits de l’homme. À propos de cette dernière matière, quelle enseignement peut-on en tirer depuis son introduction dans certains établissements ? Aucun bilan n’a encore été établi par les pédagogues ou par les pouvoirs publics pour connaître l’impact d’une discipline hautement citoyenne qui est censée contribuer à la formation de l’Algérien de demain. De même, l’importance de la connaissance des mécanismes géologiques qui sont à la base des tremblements de terre et les méthodes de prévention tendant à en minimiser les dégâts sur la vie humaine sont des éléments important dans la formation scientifique qui doit faire dépasser à nos écolier l’“âge théologique’’ (selon l’expression d’Auguste Comte) où tous les phénomènes méconnus étaient ramenés à une fumeuse mystique. Cependant, d’autres matières dispensées à nos écoliers- et qui ont une cote surestimée aussi bien chez les décideurs que chez le corps enseignant- font tout le contraire, c’est-à-dire un travail de sape qui tirent l’élève vers le bas. Les cours d’éducation islamique, les leçons d’histoire et même les modules de langue arabe ont fini par avoir raison de…la raison, en ce sens qu’ils développent souvent un discours suranné qui consacre la fatalité-pis que cela, ils culpabilisent la société- face aux phénomènes naturels tels que les inondations, la sécheresse et les séismes, comme ils suintent un dogmatisme médiéval devant le droit à la différence qui est l’un des piliers de l’esprit des Droits de l’homme. L’on ne peut jouer sur les deux registres- un savoir religieux dépouillé de toute dimension scientifique et des préoccupations pédagogiques saines tendant à former un citoyen responsable- sans courir le risque de créer chez nos potaches névrose et schizophrénie. En réalité, la sismologie et les Droits de l’homme ne doivent pas être un luxe pour nos écoliers à condition que l’institution scolaire se débarrasse des scories d’une pédagogie mystique au profit de la raison.

A.N.M

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